Des milliers de manifestants anti-gaz de schiste ont marché hier, à partir de midi, à In Salah. A 16h, ils étaient aussi nombreux à attendre l'arrivée de la délégation de la CNLTD, devant le siège de la daïra, baptisé place de la Résistance. Pendant ce temps, Soufiane Djilali et d'autres représentants de l'opposition étaient bloqués à 70 km de la ville, au niveau d'un barrage fixe de la Gendarmerie nationale. C'est exactement à Inghar, une localité mitoyenne d'In Salah, que la délégation a été empêchée de poursuivre la route. «Le chef de barrage nous a demandé si nous avions une autorisation pour nous rendre à In Salah. J'ai répondu si j'étais bien en territoire algérien ou non. A ce moment-là, il m'a lancé : ‘‘vous représentez un grand danger pour nous''», témoigne le chef de la délégation Soufiane Djilali, contacté hier par téléphone. C'était déjà la troisième fois que les représentants de l'opposition se faisaient arrêter dans des barrages routiers depuis qu'ils avaient quitté Adrar dans la matinée. «Nous avons été arrêtés à la sortie d'Adrar, à Zaouiat Kounta, puis une seconde fois à Aoulef, à la sortie de la même région. L'opération de contrôle d'identité et de papiers prenait à chaque fois une demi-heure de temps », ajoute le président de Jil Jadid qui affirme que «ce n'est pas une grande surprise pour nous... nous nous y attendions». Pendant ce temps, des sources locales indiquaient que l'atmosphère était bouillonnante à la place de la Résistance et les manifestants s'affairaient à constituer un convoi pour aller récupérer la délégation de la CNLTD, toujours bloquée à 70 km de la ville. «Une centaine de voitures de manifestants à la rescousse de l'opposition» Contacté une seconde fois, à 17h30, Soufiane Djilali a fait savoir que sa délégation venait d'être libérée, après «l'arrivée, non loin du barrage de la gendarmerie, d'une centaine de voitures de manifestants en provenance d'In Salah». Selon toujours la même source, le chef de barrage, qui n'arrêtait pas depuis 16h de passer des coups de fil, aurait reçu l'ordre de sa hiérarchie de leur céder le passage. A 18h15, la délégation de la CNLTD fait son entrée dans la ville. «Nous ne sommes pas très loin de la place de la Résistance. Nous n'arrivons même plus à voir devant nous, tellement le nombre des voitures constituant le cortège s'est multiplié. Nous roulons en première vitesse, la population est surexcitée et beaucoup de gens nous entourent. Notre geste est symbolique mais c'est très important pour eux. Nous avons rompu l'isolement d'In Salah dans son combat contre l'exploration du gaz de schiste. Ils sont heureux, ils sont très contents...», témoigne une dernière fois Soufiane Djilali à l'entrée de la place Somoud. Enfin, il est à signaler qu'à Tamanrasset, Ouargla et Adrar, des manifestations en solidarité avec In Salah ont eu lieu dans la journée.