Kamel Daoud qui fait actuellement l'objet d'une «fatwa» islamiste, est le nouveau lauréat du prix Goncourt du Premier roman. Le jury, présidé par Bernard Pivot, a annoncé hier, mardi 5 mai, chez Drouant, que l'auteur et journaliste algérien est le lauréat de ce prestigieux prix pour son roman «Meursault contre-enquête», publié chez Actes Sud, en France. «Je ne suis pas l'homme d'un seul livre contrairement à ce qu'on croit parce que je pense que cela mène à deux maladies soit la vanité, soit une guerre de religion», a déclaré Kamel Daoud à Paris lors de la réception de son prix. Le jury de l'Académie Goncourt a désigné à l'unanimité le roman de Kamel Daoud pour ce Prix qui a été remis à l'auteur algérien par l'écrivain et philosophe français Régis Debray, a précisé M. Sofiane Hadjadj, son éditeur algérien (Barzakh), présent à la cérémonie à Paris. Dans ce premier roman, il est question du frère de «l'Arabe» tué par un certain «Meursault», dans le célèbre roman d'Albert Camus «L'Etranger», paru en 1942. En novembre dernier, Kamel Daoud, 44 ans, avait raté de peu le prix Goncourt dont il était le favori. C'est finalement Lydie Salvayre qui avait été sacrée pour son roman «Pas pleurer», sur la guerre d'Espagne. Le Goncourt du premier roman, réputé couronner un auteur prometteur, consacre donc le grand perdant de novembre. Etaient également en lice, au Goncourt du premier roman, Miguel Bonnefoy pour Le Voyage d'Octavio (Payot-Rivages), Kiko Herrero pour Sauve qui peut Madrid! (P.O.) et Jean-Noël Orengo pour La Fleur du Capital(Grasset). Kamel Daoud succède à l'écrivain Frédéric Verger qui avait reçu, en 2014, le Goncourt du premier roman, pour Arden (Gallimard). «Meursault contre-enquête», paru d'abord en Algérie en 2013 chez Barzakh, avait valu à Kamel Daoud le Prix François Mauriac de l'Académie française et le Prix des cinq continents, décerné par l'Organisation internationale de la francophonie, en plus du Prix "Escale littéraire" d'Alger, décerné par des écrivains et journalistes algériens et français. Il a également reçu le Prix "Liste Goncourt- le choix de l'Orient", lors du 21e Salon du livre francophone de Beyrouth au Liban. La traduction en langue anglaise de ce roman va paraître au mois juin prochain aux Etats-Unis, chez l'éditeur new-yorkais Other Press. Kamel Daoud est l'auteur de plusieurs récits réunis dans le recueil "Le Minotaure 504" (Sabine Wespieser éditeur, 2011), initialement paru à Alger sous le titre "La Préface du nègre" (Barzakh, 2008). Il est le deuxième auteur algérien à remporter le Prix Goncourt du premier roman, après Salim Bachi, primé en 2001 pour "Le chien d'Ulysse" (Gallimard).