Le journaliste et �crivain Sadek A�ssat, d�c�d� jeudi � Paris d'un arr�t cardiaque, a �t� inhum� hier au cimeti�re de Regha�a, dans la banlieue est d'Alger. Avant de l'accompagner rejoindre sa demeure �ternelle, ses amis, nombreux, journalistes, intellectuels, militants politiques…, lui ont rendu un ultime hommage � la Maison de la presse Tahar-Djaout o�, la matin�e, sa d�pouille a �t� expos�e. Ils ont pleur� l'ami � jamais parti, l'artiste stopp� brutalement dans son �lan cr�ateur. Mais l'adieu � l'homme n'a pas �t� que pleurs. Il y eut aussi des mots pour dire l'hommage. Les mots de cet ami, Mustapha Boukhari. Ceux de Akila, sa femme, qui, pour la circonstance, emprunta au po�te Farid Bennour sa rime. Un po�me. Une �motion. Sadek est parti comme partent les enfants du peuple. Sans fards officiels ni c�r�monie grandiloquente. Ils n'y �taient pas d'ailleurs les officiels. Sadek aimait la fr�quentation du peuple. A choisi de fr�quenter le peuple, d�s sa prime enfance � El-Harrach. Modeste, il est demeur� jusqu'� l'ultime instant de sa vie. Se pouvait-il �tre autrement de quelqu'un qui a perc� les qassidate d'El Anka jusque dans le profond de leur mysticisme ? Forc� � l'exil en 1991, Sadek n'en a pas pour autant rompu le cordon qui le rattachait solidement � son pays. Dans l'effort de sa cr�ation litt�raire, l'Alg�rie �tait omnipr�sente. Il avait, lui, les mots pour la dire, cette patrie meurtrie. Il savait les aligner admirablement pour donner forme � une belle litt�rature. L'ann�e des chiens, La cit� du pr�cipice et Je fais comme le nageur dans la mer, ses trois livres parus, en sont l'illustration. D'autres cr�ations aussi. Peut-�tre mieux vaut, pour l'hommage � te rendre, te laisser faire comme fait le nageur dans la mer. S. A. I. Je n'aurai plus le temps de te dire Sadek ma blessure � la l�vre du temps Sadek m'a quitt�e. Alger, ton amoureuse aux yeux bleus, s'est par�e de ses plus beaux atours pour te faire sa derni�re r�v�rence. Ses yeux bleus, elle les a dilat�s au maximum pour fixer � jamais au fond de son ciel, ton visage, ton doux sourire et ton beau regard nostalgique. Ton peuple, le peuple d'Alger que tu aimais, �tait l�, toute la tribu des petits fr�res comme tu aimais qualifier les tiens. Nous ne p�n�trerons plus Alger ensemble, nous ne nous extasierons plus ensemble sur sa beaut�, la luminosit� de son ciel et la merveille de sa baie. Ne�la ne te dira plus jamais : "Papa dis welah hadim j'ai bu de l'eau", et Nadia n'aura plus personne � qui dire, parce que ce salut t'�tait exclusivement destin�, "salut mon ptit viou". Le plus beau des pays, l'Alg�rie, nous n'en avons pas assez profit�. Le plus beau des enfants est n� de tes deux gazelles comme tu te plaisais � nommer nos deux princesses, et moi ce que j'ai � te dire de plus beau, je n'aurai jamais plus le temps de te le dire. Comment dire le n�ant, la b�ance de l'absence et la d�tresse de la solitude. Moi qui, pourtant, connais le go�t des travers�es … Sans toi, seule l'errance m'est promise. A toi, � jamais et pour toujours. Amour