Plus de 4 600 foyers de feux de forêt ont été enregistrés en 2014, affectant une superficie de plus de 43 000 hectares. Même si la superficie forestière a été moins affectée en 2014 comparée à 2012, le dispositif multisectoriel de lutte et de prévention contre les feux de forêt a été encore renforcé pour la période juin-octobre 2015. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Quatre mille six-cent vingt-neuf foyers de feux de forêt ont été enregistrés entre juin et octobre 2014, parcourant une superficie de 43 126 hectares sur plus de 4 millions d'hectares. C'est ce qui a été indiqué jeudi au siège de la Direction générale des forêts (DGF), lors d'une réunion de la Commission nationale de protection des forêts (CNPF), dont les travaux ont été ouverts par le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR), Fodil Ferroukhi. Ces foyers se sont ainsi déclarés dans 15 658 hectares de forêts, 10 356 hectares de maquis, 13 055 ha de broussailles et 4 056 hectares de formations autres. Les forêts de Sidi-Bel-Abbès et de Béjaïa bien affectées Dix wilayas ont été davantage touchées par les feux, avec une superficie parcourue de 33 938 hectares, soit 79% de la surface, pour un nombre de 2 580 foyers (56%). Il s'agit, dans un ordre décroissant en termes de superficie, de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Jijel, Oran, Sidi-Bel- Abbès, Tissemsilt, Tlemcen, Médéa, Blida et Mascara. Mais la région du pays la plus touchée l'année dernière était l'Ouest, les feux ayant parcouru 22 471 hectares dont 15 647 ha à Sidi-Bel-Abbès, tandis que la région est du pays arrive en seconde position avec 11 248 hectares parcourus dont 4 321 ha à Béjaïa. La région centre du pays a été affectée, quant à elle, sur 9 407 hectares dont 2 862 ha à Tizi-Ouzou. Notons également que le pic des incendies a été enregistré au mois d'août 2014 avec 22 816 hectares parcourus par les feux (1 982 foyers déclarés) contre 2 017 hectares (302 foyers) en juin et 928 hectares (283 foyers) en octobre de la même année. Deux essences ont été particulièrement touchées, le pin d'Alep sur 11 668 hectares et le chêne-liège sur 2 904 hectares. Moins que le pic de 2012 Une situation néanmoins meilleure que celle de 2012, année marquée par d'extrêmes conditions climatiques et durant laquelle 99 061 hectares de forêts, maquis, broussailles et autres formations ont été parcourus par les feux avec 5 110 foyers enclenchés. Notons qu'en 2013, une superficie de 13 000 hectares a été affectée avec 2 400 foyers déclarés. Et une conjoncture également moins préoccupante que celle de l'année 2000, période durant laquelle 55 782 hectares ont été parcourus avec près de 2 000 foyers déclarés. Soit une moyenne de 31 863 hectares dont quelque 7 000 à 8 000 ha de forêts parcourus chaque année et une moyenne de 2 400 foyers déclarés durant la période 2000-2014, indique-t-on. Relevons que la moyenne mondiale est de 350 millions d'hectares parcourus annuellement alors qu'elle est de 600 000 hectares dans la région méditerranéenne avec une moyenne de 50 000 foyers. L'Algérie reste encore exposée aux risques Certes, le patrimoine forestier de l'Algérie n'est pas totalement perdu dans la mesure où des replantations sont assurées annuellement sur une superficie de plus de 50 000 hectares, comme l'indiquera le directeur général des Forêts, Mohamed Seghir Noual. Se référant à une estimation de l'Agence spatiale algérienne (Asal), le DGF fera état d'un taux de reprise végétale de 55 à 60%. Pour autant, l'Algérie est exposée, à l'instar des autres pays du Bassin méditerranéen, à plusieurs risques majeurs naturels, de plus en plus fréquents, exacerbés par un contexte climatique extrêmement changeant et qui provoquent des impacts négatifs sur les milieux et les ressources naturelles. Voire, l'Algérie devrait connaître une tendance générale au prolongement des saisons à risques et à l'augmentation des superficies exposées aux incendies et aux maladies. D'où la nécessité, considérera le secrétaire général du MADR, Fodil Ferroukhi, d'«une plus grande prise de conscience et une mobilisation soutenue du fait de la grande sensibilité des forêts au phénomène des incendies», outre l'impact de l'activité anthropique, sans cesse croissante, des populations riveraines. Une dynamique de lutte et de prévention déjà enclenchée Des efforts, voire des «progrès appréciables » et «des résultats assez satisfaisants » ont été enregistrés durant ces dernières années en matière de prévention et de lutte contre «ce fléau ravageur», concède M. Ferroukhi. La mise en place d'un dispositif national multisectoriel a en effet permis d'atténuer ces effets de manière efficace à bien des égards. Couvrant la période du 1er juin au 30 octobre de chaque année, ce dispositif est basé notamment sur l'alerte rapide et l'intervention immédiate, le déploiement d'une logistique idoine, l'implication des unités de la Protection civile et des collectivités locales mais aussi la mobilisation et la sensibilisation des citoyens. Au-delà de la reforestation, la lutte contre la désertification, l'éducation environnementale et l'impulsion du programme de renouveau rural et agricole quelque 10 000 projets de proximité lancés depuis 2009), une dynamique plus importante est cependant escomptée. Davantage d'actions requises Outre le renforcement en moyens spécifiques de prévention et d'intervention, la modernisation des outils de gestion et la mobilisation citoyenne à travers les 3 567 comités de riverains créés, le représentant du département d'Abdelkader Kadi estimera opportun de «prendre toutes les mesures nécessaires pour engager le maximum d'actions préventives possibles pour la poursuite des opérations d'entretien ». Et c'est dans ce cadre que le dispositif multisectoriel a été relancé et renforcé pour cette année 2015, même s'il n'y a eu jusque-là que peu d'incendies. Le plan de campagne 2015 Il s'agit d'actions de sensibilisation et de proximité, du renforcement de la coordination intercollectivités locales (40 comités opérationnels de wilayas, 452 comités opérationnels de daïras et 1 278 comités de communes) et du développement de la coopération avec plusieurs organismes partenaires algériens (Asal, la Gendarmerie nationale et l'Office national de météorologie...) et étrangers (la FAO...). Outre la réalisation de travaux d'entretien des périmètres forestiers et de leurs environnements, à la charge de la DGF et des autres organismes partenaires, un plan opérationnel de lutte est engagé. Ce plan porte sur l'ouverture de 1 769 chantiers avec 30 522 éléments, l'installation de 416 postes de vigie avec 1 012 éléments et de 2 084 stations-radio, l'utilisation de 44 camions ravitailleurs, l'implantation de 2 758 points d'eau et le déploiement de 474 brigades mobiles avec 2 232 éléments.