Les informations faisant état du gel des recrutements dans la Fonction publique et le remplacement du tiers seulement des retraités ne rassurent nullement Louisa Hanoune. La secrétaire générale du Parti des travailleurs qualifie cette décision de «grave». Il s'agit, selon elle, d'une «restructuration structurelle » qui ne dit pas son nom et qui prépare «une explosion sociale». S'il est question de restrictions, elles doivent, dit-elle, ne concerner que la minorité qui a toujours profité des largesses de l'Etat. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas du tout d'accord avec le plan anti-crise du gouvernement. Le gel des recrutements dans la Fonction publique n'augure rien de bon, selon la première responsable du Parti des travailleurs qui y voit une «restructuration structurelle» non assumée publiquement. Les conséquences, dit-elle, seront graves sur la stabilité du pays. Il s'agit, selon Hanoune, d'une «question de sécurité nationale ». Elle met d'ailleurs en garde contre le gel des projets dans les Hauts-Plateaux et dans le Sud. Des décisions qui, déplore-t-elle, sont prises au moment où la gestion des deniers publics est toujours basée sur le siphonnage alors que ni l'APN ne peut effectuer ses missions de contrôle ni la Cour des comptes n'est en mesure de jouer son rôle faute de moyens humains. La justice, quant à elle, continue de «juger des lampistes», une pratique du parti unique. Une situation qui pousse Hanoune à tirer la sonnette d'alarme au moment où le Parti des travailleurs intensifie son activité. Après la réunion, hier, des cadres du sud du pays, c'est au tour de ceux du Centre d'être réunis avant la tenue du comité central le 6 juin prochain. Des rencontres marathon, dues, selon Hanoune, à la nécessaire mobilisation générale au regard de la conjoncture tant interne que conjoncturelle. Les rapports qui parviennent des wilayas du Sud sont inquiétants, dit-elle. Le front social y est sur un volcan au moment où les pays frontaliers continuent de vivre sous la menace du terrorisme qui a induit la fermeture des frontières. Une situation due au manque de vision claire. A In Salah, par exemple, affirme Hanoune, la conjoncture est toujours précaire. Les problèmes politiques qui avaient été posés par la population n'ont pas été réglés et les vraies causes de la colère n'ont pas été prises en charge. La situation à Ghardaïa est, quant à elle, à mettre sur le dos de «provocations orchestrées » par certains partis politiques qui instrumentalisent une situation qui ne peut être gérée par «le tout sécuritaire». La récente décision de créer des wilayas déléguées n'est pas suffisante. Il faut promouvoir, selon Hanoune, ces circonscriptions au rang de wilayas dotées de moyens conséquents. Si l'Algérie déploie, dit-elle, beaucoup d'efforts pour tenter de trouver des solutions aux situations chaotiques dans les pays limitrophes, sa politique étrangère devrait être le reflet d'une politique intérieure basée sur la souveraineté de la décision, notamment sur le plan économique. Hanoune n'a pas manqué de commenter la récente nomination du DG de l'Anep qui pose la problématique de l'indépendance de la presse. Si l'oligarchie se met, dit-elle, à gérer la publicité, l'avenir de la liberté de la presse est menacé avec une mise au pas à craindre.