Abdelaziz Bouteflika présidera, aujourd'hui mercredi, dans l'après-midi, dans ses bureaux de Zeralda, une réunion du Conseil des ministres, la deuxième depuis le dernier remaniement en mai dernier du gouvernement Sellal et certainement le dernier avant les grandes vacances de l'été. C'est ce que nous apprenons de source sûre. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) La dernière réunion du Conseil des ministres en date remonte, en effet, au 24 mai dernier. Et la dernière des réunions que Bouteflika a eu à présider à Zeralda est celle du 8 juillet dernier, sous la forme d'un conseil restreint consacré aux tragiques événements de Ghardaïa et auquel n'ont pris part que le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, le vice-ministre de la défense nationale et chef d'état-major de l'ANP le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, et le patron des services, le général de corps d'armée Mohamed Médiène, dit Toufik. C'est dire que, pour les raisons que tout le monde sait, Bouteflika ne s'adonne qu'au strict nécessaire, à savoir où sa présence est vraiment indispensable. Ce Conseil des ministres en est effectivement un et cela, pour adopter la loi de finances complémentaire pour 2015. Une loi qui, davantage que toutes les précédentes depuis l'accession de Bouteflika au pouvoir, est d'une extrême importance. Elle revêt même un caractère d'urgence même si les officiels mettent le plus grand soin pour éviter l'emploi de termes «crus» comme la situation de crise, la politique d'austérité, des mesures spéciales, bref, tout ce qui sied à l'état réel du pays, frappé de plein fouet par la chute brutale des prix des hydrocarbures. L'on ne peut, raisonnablement, continuer à gérer les affaires publiques de la même manière populiste que du temps où le baril, à 140 dollars, permettait toutes les «folies». En à peine six mois, depuis la fin décembre 2014, le pays voit en effet ses revenus, tirés exclusivement des hydrocarbures, réduits de moitié ! Ahmed Ouyahia en personne n'a pas manqué de tirer la sonnette d'alarme il y a quelques jours de cela en dénonçant le populisme du... gouvernement. «La situation économique du pays n'est pas bonne», disait-il également quelques jours auparavant. En réalité, la loi de finances pour 2015 avait même été abandonnée avant même sa signature officielle le 30 décembre 2014. «C'était une formalité, tout juste pour ne pas bloquer la marche normale du pays», nous explique notre source. Car, en fait, tout a été revu et même considérablement révisé au cours d'un Conseil des ministres restreint réuni par Bouteflika le 23 décembre 2014 et qui était consacré «aux développements enregistrés par le marché pétrolier international et leurs retombées sur la démarche économique et sociale du pays». Depuis, ce sont les décisions de ce conseil restreint et ses orientations que le gouvernement applique, la loi de finances pour 2015 étant un document caduc. D'où la nécessité et l'urgence de l'adoption de la loi de finances complémentaire pour 2015. Cela, pour qu'enfin, la politique d'austérité en cours soit encadrée de manière légale. Une loi de finances pour 2015 que Bouteflika promulguera directement par ordonnance, cela de par l'urgence de la situation mais également pour éviter les spéculations populistes au niveau de l'Assemblée et qui ne manqueraient pas de dénaturer le texte si jamais il était soumis aux parlementaires. Aussi, et comme à chaque fois depuis l'été 2013, les communiqués des Conseils des ministres sont toujours attendus avec un intérêt particulier. Ils sont autrement plus importants que les réunions elles-mêmes en ce qu'ils contiennent toutes les grandes décisions qui concernent le pays. Et celui d'aujourd'hui ne manquera pas d'aborder les tragiques événements qui ont secoué la wilaya de Ghardaïa, l'ignoble attentat terroriste de Aïn-Defla qui a coûté la vie à 9 éléments de l'Armée nationale populaire. Il convient de signaler, enfin, que l'ordre du jour du Conseil des ministres prévoit l'examen et l'adoption d'une multitude d'autres projets de lois et de décrets.