Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, s'est refusé, ce jeudi, en marge d'une séance à l'Assemblée populaire nationale, à laquelle il prenait part, de livrer le moindre commentaire au sujet de l'affaire du général Hassan. «L'affaire est entre les mains de la justice militaire qui fait son travail», dira seulement Tayeb Louh. Une affaire qui intrigue, toutefois, tous les observateurs. Tant nationaux qu'internationaux. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Cet ancien officier supérieur, actuellement sous mandat de dépôt, avait pour cause la charge de la très sensible lutte contre le terrorisme et ce, jusqu'à son limogeage, dans le sillage de l'opération de purge qui avait frappé tous les proches du désormais ex-patron du DRS, le général de corps d'armée Mohamed Médiène, dit Toufik. Son arrestation, fin août dernier, a stupéfait l'opinion. C'était d'autant plus paradoxal qu'au même moment pratiquement, un chef terroriste «tréviste», le tristement célèbre «émir» de l'AIS, Madani Mezrag, multipliait les provocations en défiant, et l'Etat, et la décence, en organisant un regroupement à Mostaganem et en annonçant la création d'un parti politique à partir de Jijel ! Deux affaires donc, l'une dans l'autre, avec un «émir» terroriste «politicien» et un général-major, chef de la lutte contre le terrorisme mis en prison, qui donnent lieu à un triste et inquiétant spectacle, tout simplement inimaginable il y a de cela quelques années. Mis à part les responsables du putsch manqué contre Houari Boumediène en 1967, un seul officier supérieur de ce rang, le général Mustapha Beloucif, avait été déféré devant les tribunaux, pour corruption. C'était sous Chadli. Or, qu'est-il exactement reproché au général-major Hassan ? Nul ne le sait ! Serait-il victime d'une sordide affaire de règlement de comptes ? Il faut dire que, depuis l'automne 2013, le clan présidentiel, dans ses composantes civile et militaire, a mené une entreprise de démantèlement et d'affaiblissement des services où tous les coups, ou presque, étaient permis. Y compris les attaques publiques par Ammar Saâdani interposé. Une entreprise qui se confirmera au grand jour lorsqu'elle «aboutira» au résultat que l'on sait, le dimanche 13 septembre dernier, sous la forme d'une «fuite» via un média avant d'être confirmée par un communiqué de la présidence, courant la même journée. Aux dernières nouvelles, l'on confie que le général Hassan serait libéré avant la fête de l'Aïd. Mais quoi qu'il en soit, «cette malheureuse affaire» comme la qualifie l'un des avocats du général, Me Miloud Brahimi, laissera des traces durables. Des traces inévitables dans un pays qui fait face, depuis un quart de siècle, à un terrorisme barbare et qui n'avait été contenu dans son seuil actuel de nuisance que grâce aux performances et au professionnalisme du DRS. De tout ce qui concerne le pouvoir algérien, c'est le seul domaine (la lutte contre le terrorisme) pratiquement que Washington a toujours reconnu comme réellement performant depuis le 11 septembre 2001. Par ailleurs, ou plutôt autre sujet pas très «éloigné» du premier», l'Algérie présentera dans les délais le dossier de la demande d'extradition de l'ex-avocat du FIS, Rachid Mesli, comme demandé par le gouvernement italien. C'est ce qu'a affirmé Tayeb Louh, jeudi également, précisant que ce dossier sera «transmis par voie diplomatique». Pour rappel, cet avocat est demandé par la justice algérienne pour son implication dans des affaires de terrorisme.