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ZAIM BENSACI, PRESIDENT DU CNC/PME :
«Il faut créer un observatoire de la petite et moyenne entreprise»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 11 - 2015


Entretien réalisé par Yacine Ould Moussa
La chute du prix des hydrocarbures et ses conséquences sur le fonctionnement de l'économie nationale et la croissance nécessitent de dégager un large consensus et des propositions de nature à dépasser les contraintes d'ordre économique et social que connaît actuellement notre pays. Les pouvoirs publics ont pris des mesures pour tenir compte de la situation et assurer les grands équilibres économiques et sociaux du pays.
Le Soir d'Algérie : Quelles mesures préconisez-vous pour la relance de notre industrie ?
M. Zaïm Bensaci : Vous pensez bien que la situation n'a pas échappé au CNC/PME et à ses membres, et nous avons saisi cette opportunité pour présenter des propositions ciblées que nous considérons comme prioritaires pour mobiliser toutes les potentialités, dépasser cette phase critique de rétrécissement des moyens de paiements extérieurs et remettre l'économie nationale sur le chemin de l'équilibre et de la croissance.
Redonner à la PME et à la TPE la place qui est la sienne dans l'économie nationale a sous-tendu toutes les propositions émises, car c'est par des PME renforcées et performantes qu'on peut prétendre à des niveaux de croissance de plus en plus élevés. Ces propositions visent, en premier lieu, à conforter les PME existantes pour préserver l'outil de production et les emplois et, en second lieu, à identifier les solutions pour élargir notre tissu industriel par des investissements diversifiés, d'autant que notre pays dispose d'atouts certains et de ressources sûres et reconnues à même de le conduire sur la trajectoire des pays émergents.
Avant de nous présenter vos propositions, quelle analyse faites-vous du contexte national et international ?
La réalité nous impose d'être honnête et lucide avec nous-mêmes dans la mesure où la croissance économique et le développement en Algérie ne sauraient être indéfiniment subordonnés au rythme des chocs et contre-chocs des prix des hydrocarbures, qui jusqu'ici ont constitué la principale source de financement de l'accumulation nationale tirée par le niveau de la dépense publique.
C'est pourquoi le principal défi à relever par l'économie nationale consiste à réduire significativement la forte dépendance des recettes d'hydrocarbures et intensifier l'investissement et le renforcement de la production nationale. Ce qui nous permettra de créer des emplois à la hauteur de notre croissance démographique et en rapport étroit avec la demande d'insertion sociale et professionnelle des nouvelles générations. Il s'agit là, je crois, d'enjeux fondamentaux pour l'économie nationale en raison du démantèlement tarifaire prévu par l'accord d'association avec l'Union européenne et de celui lié à notre adhésion prochaine à l'OMC, deux échéances qui militent pour une réorganisation de notre approche économique. Aussi, le ministère des Affaires étrangères n'a pas manqué de demander la révision de l'accord avec l'Union européenne pour sauvegarder les intérêts de nos entreprises.
Par conséquent, il est essentiel, pour le CNC/PME, que la prochaine étape puisse à la fois dégager des mesures urgentes pour permettre la densification de notre tissu industriel et bien préparer l'économie nationale à faire face aux challenges de l'ouverture et de la compétitivité internationales, à travers une vision stratégique à moyen et long terme.
Dans cette perspective, notre souhait le plus vif est de voir toutes les politiques publiques mises ou à mettre en œuvre converger pour impulser une croissance économique et une diversification du tissu productif dont l'un des plus importants vecteurs de concrétisation est, incontestablement, le secteur de l'industrie à travers les PMI dans tous les domaines d'activités.
«Libérer les énergies» doit être le maître-mot pour engranger, au cours des prochaines étapes, une croissance forte et durable tirée par une «prolifération exponentielle» et organisée d'investissements productifs hors hydrocarbures tendant à rentabiliser le gigantesque effort de réalisation d'infrastructures de base engagé depuis plus d'une décennie.
Quelles sont vos propositions en faveur des PME existantes activant actuellement sur le marché ?
Nos propositions sont nombreuses, elles ont trait à plusieurs domaines et préoccupations et je vais vous en citer quelques-unes. Tout d'abord en matière d'appui aux activités productives et au partenariat Université-PME. Tout le monde sait que le tissu actuel des PME présente des lacunes en matière de capacités d'appui et de services aux entreprises susceptibles de les aider à se développer dans de nombreux domaines managériaux, techniques et technologiques.
La création de centres d'appui sur l'ensemble du territoire, ou au moins au sein des grands bassins de PME, permettrait aux entreprises de trouver, dans leur proximité, les services et les outils en réponse à la prise en charge de leurs problèmes d'exploitation, de gestion et de technologie.
Par ailleurs, l'université algérienne, qui recèle de nombreuses compétences dans toutes les spécialités, est à même de contribuer à l'amélioration de la compétitivité de nos PME à condition d'organiser et de promouvoir leurs relations dans le cadre d'une nouvelle impulsion de la recherche-développement au profit mutuel des entreprises et des laboratoires.
Le contexte actuel exige des relations contractualisées entre l'université, ses laboratoires et les entreprises en quête de gain de productivité et de compétitivité pour assurer leur pérennité et leur expansion. Ainsi des aides matérielles et immatérielles, des exonérations fiscales et autres bonifications d'intérêt devraient être consenties à toute entreprise s'engageant dans de tels programmes de recherche-développement. Aussi, pour que l'Université puisse jouer le rôle d'un «centre d'appui», de soutien technologique et de conseil aux PME, l'affectation d'un espace en son sein ou au niveau des zones industrielles me paraît essentielle. Cet espace serait dédié à la mise en relation directe des entreprises avec les compétences universitaires. Cette relation pourrait aussi se concrétiser par le biais du numérique qui constitue, pour l'heure, dans les économies développées, le chemin critique pour rendre les PME compétitives, dans des délais relativement courts.
Vous proposez une mise à niveau du potentiel existant par le numérique ?
C'est exact, je considère que nos entreprises accusent un important retard en matière de numérique, alors qu'il constitue l'un des vecteurs essentiels pour moderniser et développer rapidement notre tissu industriel. Le numérique représente une opportunité certaine pour une approche nouvelle de la mise à niveau et également son appropriation par nos entreprises qui se traduira certainement par des gains de productivité et de rentabilité, une meilleure organisation de travail, et partant, davantage de création de richesses et d'emplois.
En effet, l'intégration du numérique dans le quotidien de nos entreprises leur permettra d'être au fait de l'actualité et des nouveautés pour s'adapter aux mutations profondes dans un monde qui va très vite.
C'est pourquoi, il est proposé la définition et la mise en œuvre d'un programme national de numérisation de l'entreprise, à l'instar des pratiques internationales et notamment celles des pays méditerranéens. Ce programme s'insèrerait parfaitement dans le sillage de la politique économique actuelle du gouvernement qui vise à renforcer et à valoriser notre production nationale pour réduire notre facture des importations et relever le défi de la diversification de nos exportations.
Dans cette perspective, la question de la ressource humaine, vous le savez bien, est centrale ; aussi la problématique de la formation continue au profit de nos PME est déterminante, quelle option envisagez-vous ?
Dans ce domaine, il faut juste avoir à l'esprit que la ressource humaine et le relèvement permanent du niveau de qualification des personnels a été incontestablement la clé du succès de tous les pays émergents qui ont connu ces dernières années des résultats considérables en termes de croissance. Par conséquent, il conviendra, pour notre pays, de renforcer le dispositif de formation en entreprise actuellement en vigueur et d'impliquer davantage les associations professionnelles et organisations patronales pour établir des mécanismes et des conventions avec le système national de formation dans tous ses compartiments.
Il s'agit en fait d'offrir aux entreprises des actions conjointes ou fédérées de formation conformes aux besoins, aux spécificités et aux métiers inhérents à chaque secteur d'activité des PME.
C'est simple à formuler, le challenge qui nous attend tous sera celui de le relever avec efficacité pour donner à nos PME la ressource humaine dont elle a besoin pour reconquérir le marché intérieur et aller vers les marchés extérieurs dans les meilleurs délais possibles.
La croissance dépend du volume et du rythme des investissements, or il se trouve que, au-delà de la question du financement, se pose la contrainte du foncier. Avez-vous pensé à d'autres formules que celles en vigueur aujourd'hui ?
Oui, effectivement, je dois vous le dire, nous avons pensé à une gestion privative des zones industrielles. Nous ne voyons aucune raison pour que la gestion des zones industrielles ne puisse prendre la forme d'une gestion privative, bien entendu sur la base d'un cahier des charges et d'une concession pour que l'Etat assume ses obligations notamment en matière d'utilités jusqu'au périmètre de la zone industrielle, laissant la responsabilité de la gestion, de l'exploitation et de l'entretien de la zone à un concessionnaire choisi par les entreprises résidentes, selon un cahier des charges. Par ailleurs, cette gestion privative des zones industrielles favoriserait l'émergence du métier «d'aménageur industriel» pour compléter l'effort de l'Etat dans la réalisation de zones industrielles modernes et fonctionnelles susceptibles d'abriter de nouvelles PME».
Nombre de pays développés ont utilisé et utilisent encore les marchés publics comme instrument structurant et de développement du tissu des PME. Chez nous, des mesures de facilitation de l'accès des PME aux marchés publics ont été prises. Que préconisez-vous dans ce domaine de la gestion de la commande publique ?
Il est vrai qu'à l'instar de nombreux pays, les marchés publics, par leur volume et leur diffusion spatiale, constituent un instrument exceptionnel de structuration de l'économie. Cependant, je me dois de préciser que la réglementation actuelle n'intègre pas suffisamment les PME et que les opportunités offertes par les marchés publics concernent plus les grands groupes nationaux et étrangers.
Aussi, il convient d'affiner et de renforcer le mécanisme actuel pour faciliter davantage l'accès des PME aux marchés publics afin de «booster» le développement local et régional dans le sens d'une meilleure intégration et permettre à cette catégorie d'entreprises de se développer de façon durable. Au-delà du quota qui leur serait réservé, il convient également de tenir compte de leurs capacités de financement et leur faciliter davantage les possibilités de se regrouper dans des conditions plus attractives pour la réalisation de marchés publics. Il conviendra cependant de développer d'autres sources d'activités économiques pour offrir des opportunités de croissance aux PME productives de biens et de services.
Vous avez énoncé des propositions pour les PME qui existent sur le marché, mais quelles sont celles pour l'extension du tissu de PME moteur de croissance et pourvoyeuses d'emplois et d'intégration économique ?
A ce sujet, nous avons fait de nombreuses suggestions : le développement de l'entrepreneuriat et de l'esprit entrepreneurial qui est un vecteur important de la création de nouvelles PME ou de start-up, phénomène qui prend de l'ampleur dans la plupart des économies, y compris celles des pays développés, mais qui ne connaît pas encore dans notre pays une promotion à la mesure de ses retombées positives sur l'emploi des jeunes.
Lors des rencontres organisées par le CNC/PME autour de la création d'entreprises, on a constaté un engouement certain des jeunes porteurs de projets pour cette formule ainsi que la qualité des idées de projets proposées par ces derniers. C'est là un réservoir de créateurs de richesses qu'il convient de prendre en charge et d'accompagner, et l'objectif est de fournir les moyens nécessaires à l'entrepreneuriat.
L'entrepreneuriat est matérialisé au niveau local, ce qui implique une participation très active des autorités locales et institutions en charge de la chaîne de l'investissement.
Les wilayas constituent, dans cette perspective, des partenaires privilégiés pour le développement de l'entrepreneuriat qui contribuera, d'une manière essentielle, à la création d'emplois, à un meilleur cadre de vie et à la cohésion sociale.
Certaines activités telles que la récupération et la transformation des déchets sous toutes leurs formes, la réhabilitation du bâti, l'aménagement et la gestion des espaces verts sont autant de gisements d'activités pour nos jeunes auxquels il faut faire confiance. Cela ne saurait se réaliser sans l'adaptation du système éducatif et de la formation professionnelle ainsi que par le développement de l'information économique à l'endroit des jeunes, en leur réservant des espaces au niveau des centres culturels et des cybercafés, le renforcement du dialogue entre wilayas et institutions financières pour soutenir les jeunes qui proposent des projets qui ont un impact social au niveau de la région et, enfin, la généralisation de la création de structures dédiées à l'entrepreneuriat qui seraient à l'écoute des jeunes investisseurs et qui leur prodigueraient des conseils et de l'accompagnement.
Certes, il faut intensifier l'entrepreneuriat, mais faut-il encore améliorer la chaîne de l'investissement. Comment, selon vous, atteindre cet objectif ?
L'amélioration des conditions de l'investissement passe nécessairement par le renforcement des structures en charge de l'acte d'investir. Le délai de traitement des dossiers reste relativement long et l'organisme chargé de l'investissement a été confiné à la délivrance de documents administratifs, réduisant ainsi son rôle de facilitateur, d'accompagnateur et de suivi.
En outre, l'investisseur reste confronté à un véritable parcours du combattant pour l'obtention de multiples documents nécessaires à la constitution de son dossier d'investissement. De surcroît, le rôle des collectivités locales est essentiel pour favoriser l'attractivité de leur territoire et faciliter l'acte d'investir dans les domaines qui relèvent de leurs compétences respectives.
Par ailleurs, la décentralisation des institutions de financement, de soutien technique et d'appui aux PME devra être approfondie et accélérée afin que les porteurs de projets puissent trouver, dans leur proximité, les réponses idoines à leurs questionnements.
Certains observateurs font remarquer, à l'instar de l'organisation de nombreux pays développés, l'absence d'un échelon intermédiaire entre la wilaya et les centres de décision. Dans cet ordre d'idées serait-il possible, d'envisager la création de pôles de développement économiques régionaux ?
Dans le domaine industriel, certaines régions du pays ont développé de façon «spontanée», ces dernières années, une spécialisation sectorielle (agroalimentaire dans la région de Béjaïa, électronique et électroménager dans la région de Bordj Bou-Arréridj et Sidi Bel-Abbès, mécanique à Constantine) qu'il convient désormais d'encadrer et de soutenir.
En effet, le développement de pôles économiques doit être encouragé sur la base des spécificités locales et/ou des activités économiques déjà existantes. Ces pôles de développement devraient être conçus comme un maillon supplémentaire dans la chaîne des acteurs du développement économique, trait d'union entre l'administration centrale et les collectivités locales et qui viendrait renforcer leurs missions.
Ces pôles disposeraient de moyens d'intervention pour la mise en valeur des potentialités locales et régionales et auraient l'avantage de contribuer efficacement aux politiques gouvernementales car plus proches des attentes et réalités du terrain. Une réflexion devrait, de mon point de vue, être engagée sur la configuration de ces espaces économiques régionaux pour définir leur rôle en matière de gestion, d'animation et de contrôle pour leur assurer un management stratégique et opérationnel de qualité.
Vous avez toujours défendu la sous-traitance et le partenariat, mais que faut-il faire encore pour hisser notre industrie vers de nouvelles performances ?
La sous-traitance reste un des meilleurs moyens d'intégration intra et inter-sectorielle et permet, entre autres, la réduction de la facture des importations (intrants, semi-finis et même équipements de production), la création d'emplois et d'activités, le développement de bassins d'activité.
Elle est également l'une des principales clés des économies industrialisées et des pays émergents qui s'imposent aujourd'hui sur les chaînes de valeurs internationales. Par ailleurs, l'apport de la technologie et la volonté de pérennité des entreprises ont poussé les «process» de production à plus de productivité et de compétitivité à travers un recentrage des entreprises sur leur métier de base.
Ce recentrage constituera un gisement de sous-traitance à développer par les grandes entreprises économiques en termes d'externalisation et d'essaimage. Il convient ainsi de favoriser, de manière soutenue, la relation entre grands donneurs d'ordres publics et privés, et les PME . L'élaboration d'un projet de charte de la sous-traitance doit constituer l'ancrage juridique indispensable à la définition des conditions de partenariat et d'organisation de la relation entre donneurs d'ordre et receveurs d'ordre, pour renforcer cet important créneau qui constitue le domaine privilégié des PME.
Pensez-vous que le tissu des PME est suffisamment cerné pour élaborer les solutions les plus appropriées à son extension ?
Nous avons encore des efforts à faire dans ce domaine ; nous devons améliorer notre système d'information dédié à l'entreprise par la réalisation d'une cartographie des PME. Concevoir les stratégies de développement de la PME, appréhender les potentialités locales nécessitent l'établissement d'une situation actualisée de la PME. Le souci est de définir des plans d'action visant le développement durable de la PME tout en prenant en compte les contraintes et les opportunités spécifiques à chaque région. C'est pourquoi la réalisation d'une cartographie de la PME devient indispensable dans ce contexte exigeant une proximité et un suivi régulier de notre tissu industriel.
La création d'un observatoire de la PME, instrument de suivi de la conjoncture de la PME à composante mixte (public/privé), est impérative. Cet instrument aura pour mission d'apprécier l'efficacité des politiques publiques à l'endroit des PME. Le suivi de la conjoncture de la PME, à travers cet observatoire, devient, dans le contexte actuel, une nécessité pour ajuster les politiques économiques à la réalité du terrain. Il constituera, pour les pouvoirs publics, «un tableau de bord» regroupant l'ensemble des indicateurs qui aideraient à la prise de décision au profit des entreprises.
Vous n'échapperez pas à la question de la relance du financement de l'investissement des PME. Quel constat faites-vous et quelles seraient, selon vous, les innovations à apporter dans ce domaine ?
Pour ce qui est du constat, je dois dire que la relance du financement de l'investissement réside, essentiellement, dans une forte mobilisation des différents acteurs de soutien de la PME pour améliorer la demande de financement. En effet, en l'absence d'autres modes de financement, le crédit bancaire reste la principale source de financement de la PME, ce qui constitue un enjeu macro-économique majeur.
Aussi, il serait souhaitable pour les banques, d'adapter leur politique de gestion des risques envers les PME en intégrant dans la prise de décision l'instrument de garantie à leur disposition et en élargissant la vocation de l'organisme de garantie de la CGCI PME. Ainsi, il serait possible aux pouvoirs publics d'influer d'une manière sélective et différenciée sur les choix d'aide au développement des différents secteurs de l'économie nationale et d'orienter les aides vers les secteurs d'activités économiques en mesure d'assurer la diversification de la production nationale.
La création de fonds de garantie spécialisés (tourisme, environnement, nouvelles technologies, certaines filières industrielles et agroalimentaires, etc.) dont la gestion serait confiée aux organismes de garantie (CGCI...) sur la base d'un cahier des charges, serait d'un apport certain pour booster l'investissement.
De plus, le financement de la PME à travers les fonds d'investissement de wilayas n'a pas eu, jusqu'à présent, les effets escomptés contrairement, par exemple, au crédit leasing qui a enregistré de bons scores. Les acteurs concernés (banques et établissements financiers, ministère des Finances, ministère de l'Industrie...) devraient se pencher sur les raisons de cette situation et permettre éventuellement une réorientation de ces fonds.
Pour soutenir les PME dans leurs actions et leurs activités, vous avez signé, l'été dernier, une convention avec l'ANDPME pour renforcer les capacités immatérielles des associations professionnelles et des organisations patronales, pouvez-vous nous en parler ?
C'est un programme dédié au mouvement associatif professionnel pour le rendre plus performant avec une gestion proche des standards internationaux et pour que ce mouvement puisse, à son tour, fournir des services de qualité à ses adhérents, qui sont des PME. Ce programme, arrêté avec le ministère de l'Industrie et des Mines, démontre, si besoin était, tout l'intérêt qu'accordent les pouvoirs publics aux représentants des PME ; la mise en œuvre de ce programme est confiée au CNC/PME et à l'AND/PME.
Pour ce qui concerne le CNC/PME, tous les engagements pris dans le cadre de la convention de coopération le liant à l'AND/PME ont été concrétisés à l'effet de lancer au plus vite le programme d'appui au mouvement associatif des PME. Toutefois, les associations éligibles au programme sont en attente d'une prise en charge de leurs dossiers par l'AND/PME pour laquelle nous espérons une célérité dans leur traitement de la part de notre partenaire et qui serait à la hauteur des retombées sur la compétitivité de nos PME.
Pensez-vous que les actions du ministère de l'Industrie et des Mines en direction du développement du secteur industriel et de la PME sont de nature à renforcer et à élargir notre appareil de production nationale ?
Monsieur le ministre a pris des décisions importantes qui ne manqueront certainement pas d'impacter positivement notre tissu industriel et de hisser sa compétitivité à des niveaux compatibles avec les besoins d'intégration, de substitution à l'importation et de création indispensables à la poursuite d'une croissance forte et durable. Parmi les actions engagées et pour lesquelles le CNC/PME a apporté son adhésion et son total soutien, il convient de citer quelques mesures structurantes telles que la révision de la loi sur les PME pour l'adapter au nouveau contexte et donner à ce mode organisationnel de l'entreprise les moyens de son expansion, le nouveau code d'investissement en vue d'améliorer l'attractivité et la gestion des investissements productifs à même de prendre en charge les opportunités de croissance, la recherche de partenariats tant nationaux qu'étrangers à l'effet d'intégrer les nouvelles technologies et les modes de management usités dans les économies développées et pour permettre, ainsi, d'accroître la productivité et la compétitivité de nos entreprises.
Enfin, je ne saurais omettre la relance, par Monsieur le ministre, du projet sidérurgique de Bellara qui a été à l'arrêt pendant de longues années et va pouvoir ainsi redonner, sans aucun doute, une nouvelle impulsion à notre industrie.


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