Après les blessures à répétition, la tournée d'adieu : pour la troisième saison consécutive, les Lakers en sont réduits au rôle de faire-valoir et l'un des responsables est, une fois encore, le futur retraité Kobe Bryant. Tout continue de tourner autour de Bryant pour les Lakers : qu'il joue ou qu'il ne joue pas... Laissé au repos contre Oklahoma City samedi pour ménager une épaule douloureuse, il a suivi du banc, en costume, ses jeunes coéquipiers se faire humilier 118 à 78 par Kevin Durant et Russell Westbrook. Et quand «Kobe» tient sa place, l'ambiance frise l'hystérie et peut se révéler intimidante pour le reste de l'équipe. Depuis le 29 novembre, jour où Bryant (37 ans) a annoncé son prochain départ à la retraite, le même cérémonial se répète à chaque match des Lakers à l'extérieur. Dès l'échauffement, l'emblématique N.24 de Los Angeles est applaudi, comme jamais auparavant, par les supporters adverses, puis il a le droit à un hommage vidéo et/ou une courte cérémonie, avant d'être happé par les journalistes à l'issue du match. Dans l'intervalle, les Lakers ont dans la très grande majorité des cas été surclassés — 23 défaites en 27 matchs — et Bryant qui tourne à 17,6 points par match avec une réussite famélique (33,9%) et qui monopolise le ballon, comme l'attention, a donné un très bref aperçu du phénomène NBA qu'il fut. «Tout le monde veut approcher Kobe» «C'est incroyable de voir tous ces gens me soutenir comme cela, c'est une marque énorme de respect», se félicite le quintuple champion NBA et troisième meilleur marqueur de l'histoire qui n'a plus disputé une saison entière depuis 2012 à cause d'une succession de blessures graves. «Tout le monde veut approcher Kobe une dernière fois», résume son entraîneur Byron Scott pour expliquer cette ferveur. «Nous avons tellement de jeunes joueurs dans cette équipe, je ne suis pas sûr qu'ils s'attendaient à vivre cela et je ne sais pas comment ils vivent tout cela», reconnaît-il. Scott, lui, s'est déjà retrouvé dans une situation similaire : il était joueur des Lakers en 1988-1989 quand le légendaire Kareem Abdul-Jabbar a fait ses adieux. Mais pendant qu'Abdul-Jabbar était fêté, les Lakers continuaient de gagner et se sont hissés cette saison-là en finale (défaite 4-0 contre Détroit). Au printemps prochain, à moins d'un incroyable et improbable retournement de situation, la célèbre franchise californienne va finir dans les profondeurs du classement et manquer les play-offs pour la troisième saison consécutive, du jamais-vu. Plus grave encore, il faudra sans doute attendre encore longtemps pour revoir les Lakers dominer la NBA. «Juste profiter» La deuxième franchise la plus titrée de l'histoire a certes dans son effectif des jeunes prometteurs comme Julius Randle, D'Angelo Russell et Jordan Clarkson, mais ils n'ont encore aucune expérience des play-offs. «Je leur dis de juste profiter de ce qu'ils vivent cette saison, parce qu'ils ne sont pas prêts de rejouer aux côtés d'un joueur de ce calibre», admet Scott qui ne se fait guère d'illusions. Une fois l'héritage Bryant soldé, après une dernière représentation a priori le 13 avril au Staples Center de Los Angeles contre Utah, les dirigeants des Lakers vont pouvoir s'attaquer à la reconstruction de leur équipe. Grâce aux 25 millions de dollars économisés sur le salaire annuel de Bryant, l'un des plus élevés de NBA, ils vont pouvoir frapper fort. Kevin Durant, le meilleur joueur de la saison 2013-2014, sera libre de tout contrat en juin, mais les Lakers ne seront pas seuls sur le marché pour le recruter. Et ne partent pas favoris après avoir dilapidé ces dernières saisons leur énorme crédit. Mais les Lakers ont un atout de poids : l'inévitable Bryant, idole de jeunesse de Durant, qui lui a sans doute fait, lors d'un dîner en tête à tête vendredi à Oklahoma City, l'article de son équipe de toujours.