Optimiste à l'infini, Dr Mustapha Doballah n'admet plus le «défaitisme» de certains. Ceux notamment qui estiment que l'Algérie doit concourir, lors de cette CAN-2016 de handball, juste pour une place qualificative au Mondial-2017 en France. Le Soir d'Algérie : La CAN- 2016 va enclencher la phase cruciale aujourd'hui avec le déroulement de la 4e journée. Peut-on d'abord avoir vos impressions à propos des trois premières étapes du tour préliminaire ? Dr Mustapha Doballah : Globalement, je dirais que le déroulement de cette compétition n'apporte que des réponses attendues. Les meilleurs sont toujours là. L'Egypte, la Tunisie et l'Algérie font respecter cette logique qui doit nous mener à un podium classique au finish. Que pensez-vous du parcours de notre équipe, battue par l'Egypte, qui s'est un petit peu reprise par la suite ? Je dirais que l'équipe a débuté timidement la compétition. Je pense qu'elle n'a pas cru en son potentiel, en ses moyens. On a joué sans vraiment croire en nos chances de vaincre les Egyptiens qui me semblent sincèrement prenables. Vous estimez qu'il y avait sérieusement de la place pour remporter le match contre l'Egypte ? Tout à fait. Durant ce match, notre équipe a démontré de bonnes choses et d'autres qui l'étaient moins. Défensivement, elle a tenu le coup. Malheureusement, sur le plan offensif, on n'a compté que sur les exploits personnels. Sincèrement, je crois que nous avons de grandes individualités mais le rendement collectif n'est pas à la hauteur de cette qualité individuelle. Je ne connais pas la valeur exacte des joueurs égyptiens à l'heure actuelle, mais j'estime qu'il y avait de la place pour les battre. Je ne sais pas, peut être que les Egyptiens cachent leur jeu... Face au Gabon et au Maroc, l'Algérie s'est imposée sans vraiment convaincre... L'essentiel était la victoire. Il fallait gérer ses ressources. Sur le terrain, on a vu des choses agréables même s'il faut souligner quelques imperfections. L'équipe a cafouillé contre le Maroc surtout en fin de match. A la 26' de jeu, elle ne menait que par deux buts d'écart. Heureusement que les exploits individuels de notre arrière ont fait la différence. Ce parcours en pointillés est dû à quoi à votre avis ? A la préparation et au manque de planification. Nous avons des éléments de grande qualité. Leur niveau n'a rien à envier aux meilleurs. Le manque de préparation, de matchs amicaux surtout, fait que la régularité fait défaut au rendement d'ensemble de notre sélection. Il y a aussi ce déséquilibre au sein de l'effectif. Des postes, comme celui de pivot, ne sont pas assez fournis... Peut-être bien. Moi, en tout cas, je ne connais pas de pivots meilleurs que Mokrani. C'est un élément qui travaille beaucoup et aide énormément les arrières. Il ne peut malheureusement pas réaliser une meilleure prestation en attaque. Même au sein de son club, on ne le fait pas jouer devant, où son taux de réussite n'est pas fameux. Je dois juste vous préciser qu'au niveau mondial, le rôle d'un pivot est très important. Les meilleures équipes gagnent grâce à l'apport considérable de ce type de joueurs qui ne courent pas les rues en Algérie.» L'EN a, d'autre part, un vrai problème dans le poste de gardien. La retraite de Slahdji semble difficile à pallier. On apprend aussi que Benmenni, touché au genou lors du match face au Maroc, est lui aussi forfait pour la fin du tournoi... C'est dommage. Nous avons un gardien de niveau mondial. Je parle de Slahdji dont je ne comprends pas la retraite internationale. Je pense qu'une incompréhension est à l'origine de sa décision de ne pas retourner en sélection. Il fallait mettre de côté les susceptibilités et se dire que l'intérêt de l'Algérie passe avant tout. On avait et on a besoin de lui, il peut servir encore le handball algérien pendant cinq autres années. Avec lui, en tout cas, on aurait battu l'Egypte. Croyez-moi. Comment voyez-vous, par conséquent, la suite du parcours des Verts ? Je reste convaincu que l'Algérie a toujours son mot à dire. Physiquement, nos joueurs me semblent affûtés. Malgré quelques passages à vide, notamment contre l'Egypte ou le Maroc, ils m'ont impressionné. Je ne sais quels sont les moyens de récupération dont dispose l'équipe lors de cette compétition, mais je reste persuadé que nous avons un ensemble capable de réussir non pas la qualification au Mondial-2017 mais carrément viser le billet pour des JO de Rio de Janeiro.» Qu'est-ce qui autorise cet optimisme alors que l'entraîneur national, Salah Bouchekriou, annonçait que l'objectif est de se qualifier pour la Coupe du monde prévue en France ? Moi, je trouve que c'est hram (un péché) de cibler une place sur le podium. Je ne suis pas d'accord avec tous ceux qui avancent ce pronostic. Je crois que c'est amplement faisable de viser les JO. Nous avons une bonne équipe. Une défense qui assure et une relance bien meilleure que celle que nous avions par le passé. C'est vrai que nous avons des manques, mais croyez-moi, la Tunisie et l'Egypte ne sont pas, non plus, mieux nanties. Contrairement aux Egyptiens dont vous dites qu'ils étaient prenables, les Tunisiens affichent leurs ambitions en écrasant tout sur leur passage... Détrompez-vous. J'ai eu l'occasion de voir le match des Tunisiens contre le Gabon, en amical, et sincèrement, cette équipe est, comme l'Egypte, prenable. Il suffit juste d'y croire en misant sur notre bonne défense et sur la relance qui peut causer des dégâts si nos attaquants retrouvent leur efficacité.
