Des experts demandent de redoubler de vigilance face au virus Zika. Selon eux, le problème ne relève pas uniquement du ministère de la Santé, mais il faut installer une cellule de prévention interministérielle, en mesure de riposter si nécessaire. Contrairement aux déclarations du ministère de la Santé, ces experts affirment que le moustique Aedes, principal vecteur du virus Zika, existe en Algérie. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Sans vouloir être alarmiste, le professeur Mustafa Khiati, président de la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche), estime que les mesures de prévention existantes contre le virus Zika sont insuffisantes. «Nous sommes face à un défi sanitaire d'une dimension d'un problème de sécurité, et la réponse à ce risque ne peut pas être technique mais il faut des réponses adéquates et générales» a indiqué Mustafa Khiati, qui s'exprimait hier au forum du quotidien El Moudjahid. Selon lui, il faudra installer une cellule interministérielle au niveau du Premier ministère pour prendre des mesures si nécessaire. Selon le virologue Yahia Mekki, pour éviter la catastrophe il faudra commencer par éviter la propagation des moustiques vecteurs de ce virus. D'ailleurs, affirme-t-il, ce moustique, Aedes, existe bel et bien en Algérie. Ces moustiques, dit-il, on les trouve dans les eaux usées, les eaux stagnantes et les déchets jetés au niveau des marchés des fruits et légumes. C'est pourquoi, dit-il, il faut élever la barre de précautions. D'autant que, poursuit-il, ce moustique se multiplie pendant les mois de mars et avril. Pourtant, dans son communiqué, le ministère de la Santé, qui se réfère au laboratoire national de référence des arboviroses et le réseau de surveillance entomologique de l'Institut Pasteur d'Algérie, a indiqué que le principal vecteur du virus Zika, le moustique Aedes aegypti, n'a pas été rencontré dans notre pays. Selon ce virulogue, 70% des cas contaminés vont guérir. Cependant, ils constituent un réservoir de contamination puisqu'ils gardent le virus pendant une dizaine de jours dans leur corps. La contraction de Zika est vectorielle, dans la majorité des cas, mais le virus peut aussi être transmis par le sperme ou par le sang. L'intervenant a expliqué que le virus Zika, apparu pour la première fois en 1947 en Ouganda, est de la même famille que le virus de la dengue et du chikungunya. En 2013, il a atterri en Polynésie française et en octobre 2015, le virus Zika a contaminé 1,5 million de personnes au Brésil. Face à la rapidité de sa propagation au niveau mondial, l'OMS a lancé une alerte le 1er février dernier. Les experts estiment que près de 4 millions de personnes seront affectées sur le continent américain. La Guadeloupe et la Martinique sont déjà entrées en phase épidémique et les premiers cas sur le territoire européen viennent d'être détectés. Le virus Zika est soupçonné de provoquer des troubles neurologiques notamment le syndrome de Guillain-Barré et des paralysies respiratoires ainsi que des malformations chez les nouveau-nés. L'infection au virus ne provoque pas de symptômes à part une fièvre ou des courbatures. La contraction est immunisante, ce qui signifie qu'on ne peut contracter le virus qu'une seule fois. Le collège des experts réuni la semaine dernière au ministère de la Santé a écarté le risque du virus en Algérie.