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LES CHOSES DE LA VIE
Le dey et les charlatans du XXIe siècle
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 02 - 2016


Par Maâmar FARAH
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Le 17 février 1716, un terrible tremblement de terre détruisit Alger et provoqua la mort d'une grande partie de sa population. La secousse a été tellement violente qu'elle fut ressentie en haute mer par des bateaux étrangers dont les marins rapportèrent l'affolante vibration qui secoua leurs embarcations, provoquant une grande terreur parmi les équipages. Cette année-là et les années qui suivirent furent particulièrement tragiques pour la population algéroise qui affronta plusieurs autres tremblements de terre particulièrement violents, notamment ceux de 1719 et 1722.
Suite à ces catastrophes naturelles qui plongèrent la contrée dans la désolation et le deuil, le pouvoir politique de l'époque personnifié par le dey décida une série de mesures pour faire face à d'éventuels autres séismes de la même puissance. C'est ainsi que sur les ruines de l'ancienne cité fut construite La Casbah, telle que nous la connaissons aujourd'hui, avec une technique nouvelle, révolutionnaire pour l'époque : la construction parasismique, c'est-à-dire un système de bâti particulier qui pourra résister aux tremblements de terre et éviter que les murs et les pierres ne tuent les gens.
En vous promenant dans les ruelles de La Casbah, vous remarquerez sans doute ces poutrelles en bois qui débordent de chaque habitation et que vous mettez certainement sur le compte d'une touche esthétique ayant inspiré les architectes de l'époque. Détrompez-vous, ce système de poutrelles est une création typiquement algéroise destinée à protéger les maisons en cas de séismes et d'éviter leur effondrement, en les rendant solidaires les unes des autres. Le génie national n'a pas attendu l'émergence de l'Amérique ou du Japon pour inventer ses propres techniques de protection contre les tremblements de terre, à une époque où le monde souffrait encore des affres de l'ignorance et de l'arriération, émergeant à peine des ténèbres du Moyen-Âge. Sous l'impulsion du dey, architectes et bâtisseurs édifièrent cette Casbah qui fait notre fierté et dont on ne parle pas beaucoup ces jours-ci, oubliant qu'elle a héroïquement résisté à des dizaines de séismes, les uns plus ravageurs que les autres. Et au moment où certaines constructions de l'Algérie nouvelle s'effondrent comme des châteaux de sable, il faudrait peut-être s'interroger sur les raisons qui font que cette citadelle s'en sort à chaque fois à bon compte. Ses maisons ne meurent que de mort naturelle, de vieillesse, alourdies par le poids des ans et la négligence coupable.
Nous n'avons pas à rougir de notre passé, car cette terre de liberté et carrefour des civilisations a enfanté des hommes de science qui ont beaucoup contribué au savoir universel. Par contre, nous rougirons jusqu'à devenir des tomates de notre présent, si pitoyable et si désolant. Aux performances scientifiques du passé, à cette inlassable quête du savoir dans un milieu marqué par la tolérance et l'ouverture, au rayonnement culturel, à la richesse et à la diversité du patrimoine national, succède une ère de sécheresse intellectuelle et de disette scientifique !
A chaque séisme qui réveille la peur et les interrogations chez les Algériens, nous assistons au même cirque des charlatans, émergeant des ténèbres de la nuit, pareils à des vampires assoiffés de sang, qui rôdent autour des cimetières pour installer la terreur et le doute parmi les vivants ou exploiter leur insurmontable détresse à des fins politiques. Les uns, poussés par leur féroce appétit de pouvoir, font de la surenchère pour gagner de nouveaux partisans ; les autres, se cachant derrière des connaissances scientifiques douteuses, mélangent religion et voyance à quelques rudiments de géologie pour briller sur des écrans populistes qui font du n'importe quoi !
Les premiers, revenant à leur style habituel, culpabilisent l'une des populations les plus pieuses de la planète pour ses «écarts» vis-à-vis de la religion, oublient que si punition il devait y avoir, elle serait en principe dirigée contre les «mécréants» : qu'ils nous expliquent alors pourquoi certains séismes très forts font zéro mort dans cette vaste planète ! Se peut-il, en restant dans cette logique imbécile, que cette punition touche une zone qui compte le plus de mosquées au kilomètre carré au monde ! Se peut-il que des villes où il n'existe pas le moindre hidjab ni la moindre barbe soient épargnées tout le temps par les catastrophes naturelles ! Non et non, ce n'est pas cela l'esprit de l'islam et ceux qui se cachent derrière ce discours de l'intolérance font le jeu des entrepreneurs véreux et de ceux qui les protègent !
Les seconds sont quelques illuminés qui, au milieu de ces rôdeurs nocturnes, tiennent des propos incohérents, pareils à ces troubadours de souks qui attirent les foules endimanchées. Trouvant des relais irresponsables pour semer leur poison dans les esprits incrédules et propager leur mauvaise parole aux quatre vents, ils prédisent le cataclysme, oubliant que la prédiction des tremblements de terre est une science inexacte et qui est encore au point zéro ! Et d'ailleurs, si ces zélés avaient la moindre compétence en la matière, ils auraient été mieux inspirés de nous avertir avant les séismes meurtriers de la dernière décennie, au lieu de verser tant d'insanités sur un sujet hautement sérieux !
Seuls les Chinois ont pu, une seule fois, en 1976, prévoir un grand tremblement terre et évacuer à temps les populations menacées et sauver ainsi des dizaines de milliers de vies humaines. A la base, d'abord et avant tout, des connaissances scientifiques éprouvées sur le terrain de l'expérimentation, à travers une série de tests physiques connus dans le monde de la géodésique, ensuite des travaux de recherche qui s'inspirent de l'histoire géologique de la région concernée, c'est-à-dire, une étude approfondie des précédents séismes, de leur magnitude (approximative pour celles datant d'avant Richter), de leurs foyers, du déplacement de leurs épicentres, etc. Cette quête scientifique est enrichie par des mesures effectuées en plusieurs endroits, tout au long de la faille étudiée. Des appareils sont ainsi distribués aux responsables locaux pour suivre les déclivités du sol et l'orientation géographique de ces inclinaisons. En même temps, un vaste réseau de surveillance, animé par les paysans, est mis en place afin de signaler le moindre changement de couleurs des rivières, des sources et des puits. Ce même réseau veille sur le comportement des animaux : avant le séisme de 1976, les agriculteurs avaient remarqué que les serpents sortaient en masse de leurs cachettes, que les poules ne voulaient pas rentrer dans les basses-cours et un tas d'autres anomalies dans le monde animal...
C'est en conjuguant la science et ce riche réseau de renseignements que les Chinois ont pu prévoir ce grand séisme. Mais ils furent incapables de prévoir tous les autres. Idem pour les Japonais et les Américains. Ces derniers, très bien équipés, surveillent de près la faille de San Andréas qui menace la Californie et principalement la ville de San Francisco. Ils attendent l'un des plus grands tremblements de terre, qu'ils désignent par «Big One» et dont ils disent qu'il sera apocalyptique. Oui, mais quand ? Ils ne le savent pas...
Par conséquent, ceux qui savent chez nous les dates exactes des prochains séismes sont soit des génies qui vont être sollicités par les puissances mondiales, soit des imbéciles. Mais le plus grave n'est pas là, car les plus grands débiles sont ceux qui les croient !


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