Par Malika Boussouf [email protected] Il est des jours comme ça où, à la seule évocation du petit-déjeuner, beaucoup d'entre nous se demandent ce qu'ils vont bien pouvoir avaler, histoire de garder la forme durant les premières heures de la journée, sans faire mal à leur balance. Je ne sais pas vous, mais moi, la question relative au menu du matin bouscule régulièrement ma nonchalance, avant que je ne tranche pour un maigre repas au détriment d'un autre plus tentant, mais moins recommandé. Comme dans une espèce de rituel névrotique, j'hésite quelques instants avant de réprimer toutes ces envies matinales qui me mènent la vie dure, interpellée que je suis par l'évocation de tout ce que je découvre au quotidien et qui m'agace souverainement. Ce que je lis à propos des bonnes et des mauvaises choses à consommer me terrifie. Et me voilà déprimant à l'idée d'avoir, encore une fois, à faire le tour de ce que les experts ès nutrition nous engagent à manger ou pas. Quand je lis, par exemple, que dès la quarantaine entamée, il faut surveiller son alimentation si l'on veut préserver sa santé et continuer à bien vivre, à contrôler son rythme cardiaque, son poids et son bon cholestérol ou encore empêcher les rides d'apparaître ou stimuler cette satanée sexualité qui se met en mode veille, etc., je déprime, un moment, avant de reprendre mes esprits et de me consoler en me disant que mes lectures sont sans aucun doute fondées parce que les écrits en question sont publiés par des gens sensés qui n'oseraient pas s'en prendre à notre précieuse santé. Je retrouve ainsi sourire et confiance, et m'installe confortablement dans une espèce de dictature du bien-fondé que je m'entête à vouloir assumer, même si je trouve épuisantes les innombrables recommandations qui fleurissent tout autour. Celles qui vous autorisent à penser que vous venez d'intégrer une communauté avec laquelle vous allez échanger et qui va vous accompagner dans votre quête du graal. Evitez ce site qui vous recommande de manger dans le noir «pour ressentir le seuil de satiété». Il y en a d'autres qui vous conseillent de ne pas vous laisser dépouiller de votre libre arbitre.