Cinq mois après son incarcération à la prison d'El-Harrach, le général Benhadid a été finalement entendu hier par le juge d'instruction du tribunal d'Alger. Cette démarche constitue l'une des principales revendications du général qui a ainsi pu s'exprimer sur les propos qui ont conduit à sa détention. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Selon Me Mecheri, l'un des avocats du collectif de défense «s'est expliqué dans le calme et le respect» sur le contenu de l'entretien livré à Maghreb Emergence et dans lequel il s'en prenait de manière sévère aux principaux responsables du pays qu'il accusait notamment de vouloir mener le pays à la faillite. Les avocats avaient auparavant introduit une demande pour que soit également entendu le directeur de la radio à laquelle avait été livrée l'interview mais la démarche est restée sans réponse. Le témoin n'a pas été convoqué comme l'espérait le collectif alors qu'il constitue «un élément important» de l'affaire. Toutefois, le passage de Benhadid devant le juge d'instruction est un pas important dans la gestion du dossier du moment qu'il constitue l'une des revendications principales du prévenu. Pour faire valoir ses droits, ce dernier avait même été contrait de procéder à une grève de la faim qu'il a dû suspendre au bout de quinze jours sur insistance de ses avocats qui évoquaient alors une sérieuse dégradation de la santé du prévenu. Âgé de 73 ans, le général Benhadid est atteint de plusieurs maladies qui n'ont fait que s'aggraver durant son incarcération. A l'évidence, on assiste aujourd'hui à une accélération dans le traitement de cette affaire. Son passage hier matin devant le juge d'instruction intervient en effet quelques jours seulement après un transfert d'une demi-journée à l'hôpital Mustapha où le prévenu a subi de nombreux examens approfondis destinés à dresser un bilan complet de son état de santé. Son passage à l'hôpital faisait suite à la visite d'un professeur en médecine à El-Harrach, chargé lui aussi d'établir un rapport sur l'état général du prévenu. Tous ces faits interviennent après un long silence qui aura duré cinq mois. Même durant sa grève de la faim, les autorités étaient restées silencieuses sur le dossier. Aucun contact, même informel, n'a été entrepris avec le général. Ses avocats enregistrent cependant avec satisfaction l'évolution de l'affaire dans le sens du droit et gardent l'espoir d'assister à une possible libération provisoire de leur client dont le seul tort est d'avoir livré son opinion sur la situation dans le pays.