Le général Benhadid a annoncé à ses avocats sa décision d'entamer incessamment une grève de la faim et cesser son traitement médical pour protester contre la lenteur de l'appareil judiciaire dans le traitement de son affaire. Incarcéré à la prison d'El-Harrach depuis la fin du mois de septembre dernier pour avoir tenu des propos crus à l'encontre des dirigeants actuels, il mettra à exécution sa décision avant la fin de la semaine en cours, a-t-on appris de source sûre. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ses avocats, en déplacement, étaient injoignables hier, mais la décision de leur client semble par contre irrévocable et pourrait être mise en application dès ce jeudi. En fait, avons-nous appris, le général Benhadid avait déjà informé son entourage de son intention depuis un certain temps déjà. La grève devait être décrétée au début du mois de janvier dernier mais sur insistance de sa défense, soucieuse d'éviter de faire pression sur la justice, il accepte de reporter sa grève d'une dizaine de jours et la fixe à la fin du même mois. Ses avocats interviennent cependant une seconde fois pour lui faire changer d'avis et l'informent que la chambre d'accusation chargée de statuer sur la demande de liberté provisoire avait fixé une audience au 3 février en cours. La demande est rejetée. Pour la seconde fois depuis l'incarcération de leur client, Mes Bourayou et Mecheri voient leur tentative d'obtenir une liberté provisoire échouer. La première demande avait été déposée au début du mois d'octobre dernier soit quelques jours après la mise en détention du général Benhadid. Déçu par le rejet de la chambre d'accusation, il décide donc de mettre en application sa décision. Une fois encore, ses avocats tentent de tempérer cette décision mettant la nécessité d'attendre l'adoption de la nouvelle Constitution et d'éviter toute «agitation» pouvant gêner l'évènement. Le texte est passé, la nouvelle Constitution adoptée. Le général Benhadid affirme ne plus vouloir attendre. Il fait part à nouveau de sa volonté d'entamer une grève de la faim et de suspendre le traitement médical de son hernie discale. Ses avocats ont à maintes reprise annoncé que le mal dont il souffre s'est accentué durant son incarcération en raison du fort taux d'humidité existant dans les prisons. Il y a plus de trois semaines, une conférence de presse avait été organisée par la défense afin d'informer l'opinion du retard terrible qu'enregistre la justice dans le traitement du dossier en question. Mes Mecheri et Bourayou avaient notamment dénoncé le fait que le général Benhadid n'avait pas été entendu sur le fond de l'affaire qui l'a mené en prison comme l'exige la procédure. Ils avaient également dénoncé le fait que la justice n'ait pas répondu à la demande de faire appel à un témoin capital dans le dossier, à savoir le directeur de la radio Maghreb emergence où s'était exprimé le général Benhadid. «Il est nécessaire que notre client explique à la justice les raisons qui l'ont amené à tenir les propos qui lui sont reprochés, mais cette procédure n'a pas encore eu lieu, ce qui est tout à fait anormal». Les deux avocats avaient déclaré enfin qu'ils fondaient beaucoup d'espoir de voir s'appliquer le plus rapidement possible les nouvelles dispositions de justice contenues dans la Constitution qui vient d'être adoptée. Déçu, éprouvé par des mois d'incarcération sans suite judiciaire, le général Benhadid a affirmé à ses avocats n'avoir plus d'autres choix que d'entamer une grève de la faim. Seule une décision de dernière minute en faveur du prévenu pourrait l'amener à revenir sur son intention. Une conférence de presse animée par ses avocats est prévue pour les prochains jours.