«Dhikr pictural» est le titre de l'exposition inaugurée vendredi à Dar Abdeltif qui se poursuivra jusqu'au 15 avril et s'articule autour d'une vingtaine de peintures en techniques mixtes, célébrant le pouvoir transcendantal du texte coranique ainsi que son langage mathématique. L'artiste, Anissa Berkane, part d'un postulat qu'elle assoit d'emblée comme une vérité indiscutable : les miraculeux codages mathématiques dans le Coran et la parfaite harmonie numérique «prouvée» par une série d'additions et de divisions des différents nombres contenus dans le texte. Fort heureusement, ce n'est là que l'aspect théorique de l'exposition qui propose par ailleurs une approche à la fois ésotérique et épurée qui exalte l'esthétisme du Texte Sacré et épouse, parfois en les illustrant, quelques versets choisis par l'artiste. Les tableaux, dont la plupart dépassent un mètre de hauteur, sont généralement gorgés de couleurs chaudes et tentent de restituer par la forme symbolique la force littéraire et le rythme singulier du texte. C'est le cas de «L'arbre de vie» qui représente la lignée des prophètes à travers un enchevêtrement de branches en arabesques et de cercles noirs rehaussés d'or en guise de feuilles tandis qu'à la base du tronc se suivent neuf fleurs dorées symbolisant les planètes du système solaire. La toile a communiqué avec le verset 30 de sourate «El Baqara» qui raconte la genèse de la création à travers le dialogue entre Dieu et ses anges lorsqu'il leur livra sa décision de créer Adam. «Et Nous avons construit le ciel et, assurément, Nous continuerons à l'étendre» (Sourate 21, verset 47) et Anissa Berkane voit cette ode à la puissance divine comme une spirale bleutée sur fond doré tandis que l'une des lettres les plus emblématiques du Coran, le «Qaf», est au centre d'une autre peinture ornée de motifs floraux et où dégouline une coulée de bleu formant peu à peu comme des barreaux qui protégeraient la lettre sacrée. Plus loin, l'astrolabe est à l'honneur avec un tableau où trône cet appareil de mesure astronomique sur un fond vert bleuté et aux extrémités duquel figurent quatre cercles dorés symbolisant les points cardinaux. La Kaâba, le lieu le plus sacré de l'Islam, est représentée quant à elle par un truchement de formes carrées formant un patchwork richement coloré sur lequel sont imprimés différents motifs allant du régulier à l'ondulant mais aussi des symboles berbères symbolisant la fusion entre la culture autochtone algérienne et la culture musulmane. L'exposition «Dhikr pictural» tire principalement son intérêt du concept sur lequel elle se base mais du côté proprement plastique, elle n'offre que rarement des propositions esthétiques intéressantes si l'on excepte une indéniable maîtrise technique, un certain succès dans la restitution de la splendeur littéraire du Coran par le langage des couleurs et des formes.