Les années se suivent et se ressemblent au sein du club doyen. Sauvée de la relégation la saison dernière, l'équipe première du MCA a présenté, à la fin de cet exercice 2015-2016, la même copie. A savoir un parcours calamiteux en championnat et un autre plus heureux dans l'épreuve populaire, compétition qui a permis aux Vert et Rouge de sauver une année 2016 pour le moins tumultueuse. Qu'est-ce qui a changé entre le Mouloudia de 2014-2015 et celui qui a conclu la saison 2015-2016 avec un trophée national mais dans une posture de relégable jusqu'à l'avant-dernière levée du championnat Mobilis ? Rien ou presque. Sinon les sempiternelles guéguerres entre les factions au pouvoir et celles qui leur sont opposées qui activent en sourdine, sur les plateaux de télévision, notamment. Au plan technique, l'instabilité sur le banc des entraîneurs et l'insuffisance des résultats auront fini par exaspérer un «peuple» du Mouloudia si exigeant que le retour de l'impétueux Omar Ghrib n'en constituait point cette infraction à la morale du club historique qu'est le Mouloudia. Le fantasque «dirigeant» qui a piétiné la République un certain 1er mai 2013 a été ré-intronisé par le truchement d'un mécanisme propre aux putschistes. Entre le 13 août 2015 (début de la saison face au CRB à Bologhine) et le 16 avril 2016 (Journée du Savoir et demi-finale de coupe devant l'US Tébessa), le Doyen a vécu au rythme des croque-morts. Présidents (Abdelkrim Raïssi et Achour Betrouni), entraîneurs (Artur Jorge, Valdo, Ighil, Biskri et Amrouche) et joueurs étrangers (Roberson, Saladin et Ngoula), tous ont fini dans la «poubelle», au cimetière de l'oubli. Le tout en obligeant la Sonatrach à payer le prix fort. Mai 2015-mai 2016 : deux dates, même bilan... La trésorerie de la compagnie pétrolière fonctionne à perte. Malgré la crise, le football n'a jamais été aussi gargantuesque. La section du MCA a été particulièrement servie par la rente et ce n'est pas demain que les milliards de la Sonatrach finiront ailleurs que dans les poches des responsables de l'équipe ou les caisses du club. Pour quel bilan ? En mai 2015, l'équipe drivée alors par le Portugais Jorge avait terminé devant le trio des relégués (USMBA, ASO et MCEE) ex-æquo avec la JSK et la JSS (39 points). L'équipe qui avait bouclé la phase aller avec 11 points a sauvé les meubles grâce à une deuxième partie de la saison miraculeuse. Un an plus tard, et un match en moins, le Mouloudia d'Alger ne semble pas avoir appris la leçon. Après une première phase du championnat sur le podium (3e avec 24 points), derrière le CRB et loin de l'USMA, qui avait, elle aussi, failli chuter en Ligue 2 en mai 2015, les Mouloudéens vont péricliter dangereusement. Avant le rendez-vous de la 30e journée face à l'ESS, vendredi prochain à Bologhine, le MCA est certes sauvé mais ne compte que 37 unités. Soit deux de plus que l'un des deux relégables (RCR) et moins deux points comparativement au total de l'exercice écoulé. Si le championnat ne prenait en compte que le classement de la phase retour, le Mouloudia serait le troisième relégué (14e avec 13 points) devant le RCA (11) et l'ASMO (5) et derrière l'USMB et le CRB (16). Ses «acolytes» lors de la saison dernière, la JSK et la JSS en l'occurrence, disputent, à titre de comparaison, une deuxième place synonyme de participation à la LDC africaine et ce, après avoir capitalisé durant les 14 matchs de la seconde moitié de saison 26 points. Si bien que le 8e trophée remporté au forceps devant le NAHD ne peut, à lui seul, constituer que l'arbre qui cache la misère institutionnalisée au sein d'un club plein d'histoires, au propre comme au figuré. Ghrib et le retour des «enfants du club» Point d'honneur, par conséquent, pour un ensemble qui ne justifie ni l'investissement de ses parrains encore moins la confiance de son «peuple». La Coupe d'Algérie acquise suite à un parcours sans grand encombre, le Mouloudia de Ghrib se tourne déjà vers l'avenir. Et cette perspective semble mobiliser les «enfants du club» que le fantasque dirigeant a rappelés pour la bonne cause, celle de voir le MCA «vivre sur la sueur de son labeur et les bras (et pieds) de ses enfants». Aussi, après le rappel de Djamel Menad, l'autre revendication du «peuple du Mouloudia», Ghrib a contracté avec Ali Bencheikh (DTS jeunes), Nacer Bouiche (manager général) et se dirige vers le recrutement de Rafik Saïfi comme coordinateur de la section. Ce trio (Bencheikh-Bouiche-Saïfi) devrait rejoindre quelques anciens joueurs du club, à l'instar de Kamel Kadri et Mustapha Amelal. Quid de Lotfi Amrouche ? L'ex-DTS jeunes, appelé en pompier au lendemain du limogeage de Meziane Ighil et le refus de Biskri de prendre la relève, ne connaît toujours pas son sort au sein du Mouloudia d'Alger. Celui qui refuse de revenir à son poste initial (DTS) désormais confié à son maître Ali Bencheikh, dit qu'il préfère poursuivre sa «démonstration» à la barre technique d'une équipe première, peu importent son nom et son rang. C'est une séparation douloureuse qu'il s'apprête à vivre ce vendredi à Bologhine, étant donné que son successeur, le revenant Djamel Menad, a déjà remis la liste de son staff élargi à Ghrib où son nom ne figure pas. Cela ne semble pas émouvoir le «dirigeant» mouloudéen, plutôt affairé à conclure son opération recrutement. Vraiment une relance ? De tels réaménagements inspirent-ils pour autant la confiance chez les millions de fans mouloudéens dans l'attente d'une vraie relance, une renaissance, de leur club fétiche ? S'il est vrai que l'encadrement a fière allure, la réalité du terrain est tout sauf un plateau de télévision où l'on critique et on propose sans vraiment disposer d'une réelle et efficiente politique de rechange. Le fait de faire signer à Bencheikh un contrat de deux ans au moment où Ghrib annonce que le Mouloudia d'Alger aura une équipe composée à 100% de joueurs formés au sein du centre de formation du club dans quatre années semble être de la poudre aux yeux. Ledit centre de formation n'existe même pas sur le papier, il est fort à parier que la coqueluche du public mouloudéen abandonne ses fonctions au bout de quelques semaines. Et cette issue devrait être suivie par le reste des troupes pour qui le statut d'enfants de club n'est pas une garantie, plutôt une caution pour un Omar Ghrib qui, comme la plupart des présidents de nos clubs et les autres instances de gestion du football, n'aime pas vivre à l'ombre de ses employés aussi vertueux soient-ils.