Depuis le tsunami, la police charg�e de faire appliquer la loi islamique a disparu de la ville indon�sienne de Banda Aceh, plong�e dans un chaos durable. Certaines jeunes femmes en profitent pour "oublier" de se coiffer du foulard obligatoire. "C'est plus libre maintenant. Avant le raz-de-mar�e les gens nous r�p�taient de porter le voile islamique", explique Yanti, 20 ans, une �tudiante en chimie arborant des boucles d'oreille et une abondante chevelure retenue par une queue de cheval. La charia est en vigueur dans la province d'Aceh, un bastion musulman dot� d'un statut diff�rent du reste de l'Indon�sie. Le code vestimentaire est strict, malgr� la temp�rature �quatoriale: les femmes doivent se couvrir la t�te d'un foulard, sans laisser d�passer les cheveux. Les bras et les jambes doivent aussi �tre cach�s. Les pantalons trop moulants sont th�oriquement prohib�s. Cette r�gle �tait rarement transgress�e avant le tsunami. Cela reste vrai et les habitantes "en cheveux" sont toujours ultra minoritaires. Quelque chose a toutefois chang�, selon des avis concordants. "C'est plus facile pour les femmes, il n'y a plus de pression de la police. Mais le fait que davantage d'entre elles sortent sans voile est une mauvaise chose. Si elles sont musulmanes, elles doivent le porter", affirme Syamsul, un technicien en informatique attabl� dans un caf�. Dans les tout premiers jours apr�s la catastrophe, certaines survivantes se sont retrouv�es dans un d�nuement total, ayant perdu tous leurs v�tements dont leurs foulards. Mais depuis, les associations islamiques ont proc�d� � des distributions et les magasins de Banda Aceh �pargn�s ont rouvert leurs portes. "Je ne le porte pas � cause de la phase d'urgence", avance pourtant Santi, 19 ans, une �tudiante en langue indon�sienne qui se prom�ne t�te nue. Elle assure conna�tre des femmes qui au contraire "portent davantage" le voile islamique depuis le tsunami, car leur pi�t� a grossi avec le drame. Banda Aceh conna�t actuellement un nouveau bouleversement : des dizaines d'ONG internationales et d'organisations humanitaires, notamment de l'ONU, s'installent dans les belles maisons du centre-ville, qui n'a pas vu autant d'�trangers depuis longtemps. Sri Maryati Habibah, 23 ans, a �t� recrut�e par l'ONG britannique Oxfam. Elle travaille sans foulard, sauf quand elle re�oit le public indon�sien. "Les adolescentes de 16 � 18 ans sont en ce moment influenc�es par toutes les �trang�res qu'elles voient sans voile", constate-t-elle. La province d'Aceh, d�chir�e par une gu�rilla s�paratiste, �tait restreinte aux internationaux ces derni�res ann�es. Interrog� sur la discr�tion de la "polisi syariah", la police charg�e de faire appliquer la charia (loi islamique), le commissaire principal Galih Sayudo explique que dans "les zones de la province touch�es par le tsunami les r�gles existent toujours mais la police se concentre sur la s�curit� et les op�rations humanitaires". Il affirme ne pas avoir constat� de rel�chement de la morale, m�me s'il est vrai "qu'avant le tsunami les contr�les assur�s par des femmes policiers �taient plus stricts". "Il faudra du temps pour que la police de la charia soit op�rationnelle", ajoute-t-il en rappelant que ses forces ont subi de lourdes pertes.