Un commentaire déplacé sur la «petite mentalité» des Islandais, des occasions vendangées par excès d'individualisme et un rendement qui interroge: la performance du Portugais Cristiano Ronaldo sera scrutée à la loupe ce soir (20h) au Parc des Princes face à l'Autriche. Allemagne, Espagne, France, Italie... Des grandes nations européennes du football, seule l'Angleterre a aussi mal débuté l'Euro que le Portugal, tenu en échec à la surprise générale par la sélection d'un pays de 330 000 habitants, l'Islande (1-1). Les Anglais se sont rattrapés depuis en s'imposant jeudi face au pays de Galles (2-1), et la pression doit commencer à peser sur les épaules de Portugais qui assurent à longueur de conférences de presse vouloir aller au bout de la compétition, et vont défier à Paris des Autrichiens au pied du mur après leur défaite inaugurale face à la Hongrie (2-0). Parmi les hommes de Fernando Santos, l'un concentre logiquement toutes les attentions. Cristiano Ronaldo et son ego savent qu'à 31 ans, les occasions de remporter un tournoi international se raréfient, et qu'une telle béance dans un palmarès pourtant gargantuesque (trois Ligues des champions, trois Ballons d'or, un Championnat d'Espagne, trois Championnats d'Angleterre...) serait indigne de son statut de superstar. Or, le Madrilène n'a pas très bien géré son entrée dans la compétition, gâchant, en voulant faire la différence seul, des occasions franches de sa sélection, et en pourrissant l'après-match de déclarations déplacées sur le jeu des Islandais, qui n'ont fait «que défendre, défendre, défendre». «Selon mon opinion, c'est petite mentalité. C'est pourquoi ils ne feront rien» dans la compétition, a réagi le capitaine portugais, au plus grand déplaisir d'Islandais qui participaient à leur premier tournoi majeur et se battent avec les armes qu'ils ont. «Bien sûr, nous n'allions pas nous créer autant d'occasions qu'une équipe fantastique comme le Portugal, mais ses commentaires expliquent pourquoi (son rival) Messi sera toujours un cran au-dessus de lui», a rétorqué le défenseur islandais Kari Arnason. Et toc. Hystérie Mesut Ozil n'a pourtant pas dit grand-chose de différent jeudi soir après le match nul (0-0) de son équipe d'Allemagne contre la Pologne, qui jouait «à vingt devant le but». Mais la superstar portugaise hystérise tout débat, d'autant plus que son match face à l'Islande a été, sportivement, bien loin de ce que le Portugal devait sans doute en attendre. Un problème Ronaldo ? Invariablement interrogés sur l'état de forme de leur capitaine, les joueurs de la Seleção répondent, tout aussi invariablement, qu'il est «le meilleur du monde», qu'il va très bien merci pour lui, qu'il est «très heureux» et «très motivé». Mais sa tendance à dézoner pour aller chercher des ballons loin du but adverse, à refuser le jeu en équipe lors du premier match, interroge sur son envie de se plier aux règles du collectif. Lors des sessions d'entraînement ouvertes à la presse, les Portugais se livrent souvent à des séances de «toro», un jeu d'entraînement inspiré de la tauromachie où les joueurs forment un cercle au milieu duquel deux d'entre eux tentent de gratter le ballon aux autres. Impossible d'y voir Ronaldo s'y démener pour récupérer la balle. Reste que c'est son nom qui orne les épaules des fans portugais venus à Marcoussis pour tenter d'apercevoir un des joueurs de la sélection, et son visage que de petites supportrices ont découpé et collé sur des dessins à sa gloire et également aperçus au camp de base de la Seleção. Et que, malgré toutes les interrogations planant autour de son niveau de forme, il reste ce joueur capable de faire la différence sur une action de classe mondiale. Mais il serait bien inspiré de vite le rappeler, dès aujourd'hui à Paris contre l'Autriche.