Un «terrain de jeu équitable pour les athlètes» : la formule employée par la Fédération internationale d'athlétisme à la suite de la confirmation de l'exclusion de l'athlétisme russe est sans doute plus un vœu pieu qu'une réalité tangible dans la perspective des Jeux de Rio. Ce qui est certain, c'est que le Tribunal arbitral du sport a ôté jeudi un énorme caillou des baskets de l'IAAF en confirmant la décision de l'instance «selon laquelle des athlètes dont la fédération nationale est suspendue sont inéligibles pour les compétitions tenues sous l'égide de l'IAAF». Pour autant, l'égalité n'est pas encore de mise et ne le sera certainement pas en vigueur à Rio. D'abord, parce que les Russes qui ont été banni de Rio sont justement ceux qui n'ont jamais été contrôlés positifs, qui n'ont donc jamais, a priori, trahi l'esprit du sport ou entraîné des falsifications de résultats. Leur absence ne change donc rien.Ensuite, parce qu'il serait naïf de croire que seuls les Russes se dopent. «Il ne faut pas nous faire croire n'importe quoi», tempère ainsi immédiatement Renaud Lavillenie. «Quand on voit toutes les news sur le dopage, en particulier en Afrique où c'est impossible de les contrôler alors que nous en Europe on a un contrôle tous les mois voire plus... On ne peut pas dire que c'est un terrain équitable», souligne le recordman du monde de la perche. De fait, de nombreux athlètes déjà condamnés pour dopage seront bien présents à Rio. A commencer par l'une des stars attendues : l'Américain Justin Gatlin, pris deux fois par la patrouille, mis hors piste pendant cinq ans et toujours en course par la grâce des failles de la politique antidopage dans le passé. Nouvelles perspectives On comprend mieux la réaction, par exemple, de la «tsarine» de la perche,Yelena Isinbayeva, dont les rêves de troisième titre olympique se sont envolés jeudi : «Que tous ces sportifs étrangers propres poussent un soupir de soulagement et gagnent en notre absence leurs pseudo-médailles d'or», a-t-elle lancé. Pour autant, l'absence des athlètes russes peut effectivement, à terme,constituer «la meilleure des solutions pour frapper un grand coup», selon les propos de Lavillenie. Une décision contraire aurait en effet constitué un coup sévère pour l'IAAF qui se veut à la pointe de la lutte antidopage face au scandale le plus énorme de son histoire centenaire. Cette suspension ouvre ainsi de nouvelles perspectives: quand l'IAAF, par exemple, menacera d'exclusion des pays comme le Kenya ou l'Ethiopie pour leur manque d'implication dans l'antidopage, elle ne donnera plus le sentiment de parler pour ne rien dire.