Sous le thème «La Transgression», l'exposition collective internationale «Al-Tibak» au Musée national du Bardo à Alger réunit, pour sa 4e édition, les œuvres d'une dizaine d'artistes contemporains algériens et étrangers. Organisée par le collectif Asswad, cette exposition d'art contemporain propose au public une vingtaine d'œuvres d'art contemporain entre graffitis, photographies, calligraphie, installations, peinture et aussi des vidéos, réalisées par des artistes d'Algérie, du Maroc, d'Italie, d'Allemagne et de Finlande. Les œuvres évoquent différents thèmes tels que l'histoire, la vie, la politique, l'amour, la femme et la solitude. L'artiste algérienne Amel Ben Mohamed explore le drapé, art d'agencement des étoffes et des plis des vêtements, représentés en peinture ou en sculpture, à travers, notamment, trois tableaux en toile. Diplômée de l'Ecole des beaux-arts, la jeune artiste, qui est également photographe, invite au mouvement à travers des prises de vue qui cristallisent des pensées et des sensations. Ses réalisations, explique-t-elle, s'inspirent d'une «expression instinctive qui transmet une vision intime et émotive». L'artiste marocain Mounir Fatmi, lui aussi photographe, s'intéresse et s'interroge sur la singularité et aussi la mort dans «La lumière aveuglante», un tableau en noir et blanc sur lequel sont collées des images prises dans un bloc opératoire. La photographe algérienne Hind Faïza O. a «détourné» des images d'un spectacle du chorégraphe algérien Ahmed Khamis pour en faire un tableau intitulé «Hab echbab» (acné) qui, dit-elle, symbolise la tendresse de la femme et son rapport avec l'homme. Son tableau porte un regard contemporain sur la femme, à travers une approche «esthétique et idéologique». L'artiste italien Claudio Burei évoque, pour sa part, dans «Vivre dans une boîte», le thème de la solitude. Le style de ce peintre autodidacte allie la peinture classique aux nouvelles technologies utilisées pour (re)produire des impressions photographiques retouchées. L'artiste natif de Rome en 1962, se distingue surtout par l'utilisation des images provenant des projections informatiques. Sa compatriote, Elena Bellantoni, participe à cette expo algéroise avec un film intitulé The fox and the wolf : struggle for power (Le renard et le loup : la lutte pour le pouvoir). Ce combat est symbolisé par deux danseurs de tango qui portent des masques d'animaux et qui évoluent (touche politique) dans l'espace où se réunissent habituellement les chefs d'Etat en visite en Italie. Inspiré du recueil The Wolf Man (l'homme-loup) du fondateur de la psychanalyse Sigmund Freud (1856-1939), le film met également en relief le concept du pouvoir et de la «domination» dans la relation du couple à travers la danse tango où l'homme conduit et la femme suit les mouvements. L'expo «Transgression» voit également la participation des artistes Mazia Djab (photographie, peinture murale), Mo' Mohamed Benhadj (live performance), l'Espagnol Albert Coma Bau (peinture, installation), Amine Aïtouche (peinture murale), Giuliana Bellini (installation, Italie), Ulla Karttunen (installation, Finlande) et Valentina Fernandez (vidéo-art, Allemagne/Italie). «Aborder une réflexion sur la transgression reste encore aujourd'hui toujours difficile, car celle-ci est souvent perçue négativement, comme une destruction. Pourtant il serait plus juste de dire qu'enfreindre l'interdit est une déconstruction mais surtout une réappropriation d'un réel qui paraît obsolète pour une reconstruction. Ce désordre, ce chaos épisodique semble être nécessaire par son côté positif mais il convient surtout d'en chercher la signification car la transgression certes permet l'accès à de nouvelles formes, à un nouvel ordre mais sans ‘le souci' de son sens et de son caractère fondateur, on peut craindre une violence incontrôlable», explique Mazia Djab du collectif Asswad. L'exposition «Al-Tibak» restera ouverte (entrée gratuite) jusqu'au 31 octobre au Musée national du Bardo d'Alger.