Le moudjahid Amar Guemache vient de nous quitter à l'âge de 90 ans ce lundi 10 octobre 2016 à Sétif, sa ville natale. L'enfant de «Tangea» - quartier populaire et haut lieu de la résistance qui a marqué la ville lors des massacres de 1945 - était un militant accompli, dévoué à la cause nationale. Humble et discret, il possédait une mémoire infaillible sur la Révolution de 54 et sur les faits et gestes de Ferhat Abbas. Cheikh Amar appartenait, avec le regretté Mahmoud Hakimi, aux premiers cercles les plus proches du regretté président. Avec son bon sens et la raison, il rendit accessible aux montagnards des Babords, aux fellahs et à la jeunesse, le Manifeste et le souffle de Novembre. De par sa stature altière, dessinée dans le burnous et le chèche traditionnel en costume et cravate, sa gestuelle élégante, il incarnait l'authenticité qui fusionne avec la modernité. Pour cheikh Amar, la vie de la nation se confond le plus souvent avec le parcours et le combat de l'homme exceptionnel qu'était Ferhat Abbas. Voici la conviction profonde, la passion qui l'a animé une vie durant. Avec le centenaire Hadj Boussad, que Dieu lui prête encore vie, il constituait le dernier carré de fidèles à Ferhat Abbas. Conscience vivante d'une région entière, il fut dénommé «Sawt el Djebel» par les maquisards et la population de Sétif. A cette évocation du militant, je me dois d'ajouter une touche personnelle. Si Amar a prolongé la vie de Ferhat Abbas, à chaque rencontre je pouvais me rendre compte du respect et de l'affection qui liaient les deux hommes. A mon égard, si Amar était aussi attentif qu'un père. Si Amar nous laisse aussi un capital précieux, il ne s'agit pas de fortune, de terrains ou d'immeubles mais d'une attitude de droiture et d'engagement, de mise en œuvre des principes qu'il avait fait siens. Bien que humble, il a réussi à instruire ses enfants et à leur faire franchir toutes les étapes de l'éducation, voilà sa fierté. Cet héritage moral qu'il nous laisse, le sens civique, le goût pour la chose publique, le dévouement, ce sont là autant de valeurs qui ont permis à l'Algérie de traverser des étapes difficiles, de se maintenir et garder le cap sur le progrès de demain. Allah yarahmak Si Amar. Que Dieu Tout-Puissant t'accueille en Son Vaste Paradis. Repose en paix. Ton ami et fils, Nassim Abbas