Au chef-lieu de la wilaya en particulier, mais également au niveau du moindre centre urbain, quotidiennement des flopées de gens des deux sexes et de tout âge sillonnent souks, artères commerçantes et grands boulevards, en quête des âmes crédules et charitables. Bureaux de poste, sorties des banques ou des pharmacies, souks des fruits et légumes, gare routière, rues à grande circulation piétonne, tous les endroits où il y a foule, et où l'action caritative est susceptible d'être titillée, sont littéralement squattés. S'il y a bien un phénomène qui s'est caractérisé par une remarquable explosion à travers la wilaya de Mostaganem, c'est, à ne point en douter, celui de la profession de la main tendue. Le véritable fléau bat son plein partout, là où il y a foule. Le vendredi, au niveau de tous les accès des mosquées, difficile d'échapper au harcèlement inévitable. Idem aux alentours des hôpitaux, des commerces d'alimentation générale et des organismes financiers. Parfois, la pratique s'exerce au porte-à-porte. Aussi bizarre qu'incompréhensible, certains hommes sont apparemment valides et en bonne santé. Il semble qu'ils y trouvent leurs bénéfices, beaucoup plus que dans toute autre activité manuelle. La corporation semble bien organisée ; chacun ayant délimité son propre territoire d'intervention. Les Subsahariens, qui viennent chaque matin d'Oran, opèrent à la cité Zaghloul, en allant vers celle du 5-Juillet, et ciblent les voitures s'arrêtant aux feux rouges régulant la circulation. Les Syriens, majoritairement des femmes, sont accompagnés parfois d'enfants pour susciter davantage la générosité des passants. Concentrant toutes les sortes de fléaux, le chef-lieu de la wilaya fourmille d'individus, bien famés et mal famés, dont la place n'est certainement pas dans la rue : des clochards, des vagabonds, des aliénés mentaux, parfois les trois en un ! Un métier «libéral», sans impôts ni horaires fixes et particulièrement lucratif.