Enfin, la wilaya de Boumerdès a eu son premier débat au niveau du centre de décision régional sur le tourisme, débat animé sous l'angle des aspects gestion du foncier, investissements et développement. Sans langue de bois, les intervenants au Conseil de l'exécutif de la wilaya de Boumerdès, qui s'est déroulé mercredi et qui a été consacré exclusivement à ce dossier, ont exposé leurs points de vue et donnent ainsi le top départ vers d'autres joutes oratoires sur un atout économique important pour la région. Cette première rencontre thématique était plutôt une projection globale sur la réalité du terrain notamment en matière de stock du foncier et des difficultés à aplanir pour booster ce secteur. Dans un rapport aussi précis que détaillé Nour Zoulim, directeur du Tourisme et de l'artisanat a mis son auditoire devant la réalité. Note d'optimisme, on saura que le premier et le plus gros investisseur dans le secteur qu'est l'Etat a réalisé toutes les opérations liées directement au tourisme inscrites dans divers programmes ( PSD) particulièrement celles intéressant les études des 11 Zest, les études d' aménagement de 11 sites touristiques , des aménagements d'une quarantaine de plages et la construction de deux grandes maisons de l'artisanat en voie d'achèvement à Boumerdès et Bordj-Menaiel ainsi que la dotation de ce secteur d'un siège. N'oublions pas en outre que l'Etat intervient avec de gros budgets pour ouvrir ou agrandir les grands accès (comme la RN24), acheminer l'énergie et sécuriser les plages et les sites touristiques. Au niveau de l'investissement venant des opérateurs privés, le rapport de Zoulim fait état du lancement de 48 projets dont 42 seront implantés près du rivage et qui enrichiront la wilaya de 4 363 lits dédiés au tourisme balnéaire. Certains seront mis en exploitation cette année. Cette réalité est plutôt encourageante. C'est en effet la première fois que la wilaya a une idée chiffrée sur son potentiel dans ce domaine. A court terme, plus de 931,38 hectares répartis sur 434 lots découlant du PAT ( plan d'aménagement touristique) seront disponibles. Mais le wali veut plus et plus rapidement «Je ne veux pas de chiffres seulement. Je veux du concret. Dites-moi combien nous avons d'hectares constructibles et sans contrainte . Nous irons ensuite solliciter de grands opérateurs qui peuvent ramener un plus à la wilaya et qui peuvent faire de la région un grand pôle touristique», dira-t-il. Vertement, le wali s'en prend aux blocages depuis des années de ce secteur. Il n'a pas raté l'occasion de dénoncer l'Andt. «Au niveau national, on a pris ce dossier avec frilosité.» Il affirme que le même dossier est géré par une pléthore d'instances et des ministres qui n'ont pas la réalité du terrain. Dans le même sillage, il réclame le droit d'agir «Si on veut de moi comme manager économique qu'on me laisse les coudées franches.» A la fin de ce conseil, nous l'avons interrogé sur le sens à donner à son expression : «Si je suis comptable du développement de l'investissement, je dois avoir la latitude pour agir au niveau de la gestion du foncier.» Logique. En fait, Fouatih compte revoir les 95 affectations de terrain non consommées. Pragmatique, il veut commencer par le tourisme balnéaire avec un rendement économique pour le haut de gamme et un rendement social pour le tourisme populaire. Sur ce point, Nour Zoulim propose la création de 6 pôles de tourisme. Corso/Boudouaou El Bahri et Boumerdès pour le tourisme d'affaires. Zemmouri , Dellys et d'autres localités seront versées au tourisme tout court. Mais pour réaliser tous les projets, les autorités locales doivent avoir les moyens de leur politique à commencer par le droit d'utiliser certaines terres agricoles à faible rendement. Immanquablement, ce problème surgira et sera, à moyen terme, un goulot d'étranglement au développement de cette filière. Par ailleurs, l'éradication des chalets devient une urgence. Plus important, l'éducation et la sensibilisation de la population sont une priorité. Fouatih préconise, à ce propos, la révolution des esprits. Autre chose, que l'Etat se départe de son rôle de moralisateur de la société. En effet, un complexe touristique n'est pas une caserne encore moins une zaouïa. La liberté individuelle est le constituant le plus important de la notion de tourisme.