Avec 32 toboggans, des jardins à thèmes et plusieurs restaurants, l'aquaparc des Jardins des Zibans est considéré comme le plus grand d'Afrique et de la Méditerranée. Une infrastructure qui transformera la région de Biskra en pôle touristique de premier ordre. Biskra ... C'est un projet fou qu'Ali Serraoui s'attelle à réaliser depuis une dizaine d'années : construire à Biskra, sa région natale, un complexe touristique moderne composé de plusieurs infrastructures. Son rêve, Ali Seraoui le partage avec son neveu, Hakim, et Kamel Louafi, un architecte-paysagiste de talent originaire de cette même région et installé depuis plusieurs années en Allemagne. Berlin, Hanovre, Brême, Abu Dhabi... Kamel Louafi a réalisé de magnifiques jardins à travers le monde. «Cette aventure a débuté en 2007 lorsque j'ai acquis une ferme à Feliache, à la sortie Est de Biskra. Mon intention première était de développer cette exploitation agricole. Mais j'ai très vite compris qu'il était possible de se lancer dans le tourisme et les loisirs avec un projet à la hauteur des ambitions de notre magnifique région», explique Ali Serraoui. Les Jardins des Zibans voient ainsi le jour. Les Zibans étant l'appellation donnée à la série d'oasis et de villages implantés depuis des siècles dans la région de Biskra. Mégaparc Réalisé sur une superficie de plus de 52 hectares, le projet touristique s'articule autour de plusieurs infrastructures. L'aquaparc fait figure de pièce maîtresse. «L'idée de réaliser ce parc aquatique est basée sur une étude qui démontre qu'une grande partie des touristes algériens vont en Tunisie pour profiter des jeux aquatiques dans les hôtels. Nous avons donc décidé de créer cet aquaparc qui pourra ouvrir quasiment toute l'année du fait du climat de la région de Biskra. Notre objectif est d'accueillir 1,5 million de visiteurs par an dans un cadre de détente et de sécurité absolues», assure Ali Serraoui. Doté de 32 toboggans et de piscines, de 7 jardins à thèmes, de 3 restaurants, de magasins et d'un parking de 1 000 places, l'aquaparc est traversé par une rivière de 650 mètres. Le chantier est une véritable fourmilière, des dizaines de techniciens et d'ouvriers turcs, chinois, tunisiens et algériens s'activent afin d'être prêts, pour le samedi 19 mars, date du lancement technique. «Nous procéderons à une mise en service partielle de l'aquaparc afin de former les équipes et roder les équipements. L'ouverture au grand public est prévue pour le mois de mai prochain», indique pour sa part Hakim Serraoui, chef de projet du complexe touristique. En matière de gestion de l'aquaparc, la société, propriété des Serraoui, devrait signer un contrat de management avec un partenaire étranger. Actuellement, des négociations sont en cours avec trois opérateurs : Turcs, Tunisiens et Espagnols sont intéressés par ce partenariat. «La société de gestion sera créée selon la règle du 51/49 et la sélection du partenaire étranger se fera sur la base d'un avis d'appel d'offres. Il y a un réel engouement pour ce projet car les potentialités sont très importantes», assure Hakim. Bâtons dans les roues... Ce 19 mars marque une étape importante dans la concrétisation de ce projet. Il faut dire que le chemin a été semé d'embûches, essentiellement d'ordre bureaucratique. Lancé en 2012, les travaux de l'aquaparc des Jardins des Zibans auraient dû être inaugurés en 2014. Mais l'ancien wali de Biskra en a décidé autrement. «Nous avons perdu deux années à lutter contre des tracasseries bureaucratiques. Pourtant, notre dossier avait reçu l'approbation du Conseil national de l'investissement (CNI) du gouvernement qui a confirmé le caractère prioritaire de ce projet. Les facilitations accordées par la loi dans le cadre d'opérations d'investissement n'ont, à aucun moment, été respectées par l'ancien wali. Fort de sa puissance, il n'a même pas respecté les directives formulées par le Premier ministre lors de sa visite du chantier. Il a privé la région d'un site créateur de richesses et d'emplois», regrette Ali Serraoui. Pour lui, cette période difficile fait partie du passé. L'arrivée, en août 2015, de Hamidou Mohamed à la tête de la wilaya de Biskra lui a redonné espoir. «Le wali a très vite compris l'importance de notre projet et en l'espace de quelques semaines, il a levé toutes les contraintes imposées par son prédécesseur. Au début du mois de février, il a même tenu une réunion de l'exécutif sur le chantier de l'aquaparc». A quelques jours des premiers essais techniques, l'engagement de la wilaya est visible à l'extérieur du site : une dizaine d'entreprises s'affairent pour réaliser le système d'éclairage public, l'aménagement de la voie ainsi que le réseau d'assainissement. ... Et rejet inexpliqué Dans le registre des challenges relevés dans la réalisation de ce projet, la question du financement a été une des plus ardues à résoudre. Ce sont plus de 24 milliards de DA- soit 240 millions d'euros- qui seront nécessaires pour la construction de l'ensemble des installations du pôle touristique. A lui seul, l'aquaparc a coûté 9, 5 milliards de DA. Forts de l'appui du CNI, les promoteurs ont présenté un dossier de financement à la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance. Après avoir reçu la demande avec enthousiasme, le staff de l'ancienne direction générale de la Cnep a finalement rendu un avis défavorable. Ali Serraoui se rappelle de ce triste épisode : «Nous n'avions même pas eu droit à une explication, absolument rien ! Finalement, c'est la banque AGB qui a accepté de nous accorder une partie du financement pour la réalisation de l'aquaparc». Le manque d'engagement des banques tranche avec les mesures prises par les pouvoirs publics en matière d'encouragement des investissements dans le secteur du tourisme. A titre indicatif, l'Etat a instauré un fonds spécial pour la bonification des taux d'intérêts applicables aux crédits bancaires alloués à ces projets. Cette bonification est de 2% dans le Nord et jusqu'à 4% dans le Sud. Encore une fois, les mesures officielles perdent toute valeur face à la réalité du terrain... Biskrawood Les Jardins des Zibans ne se limitent pas seulement à l'aquaparc. La prochaine étape consistera à édifier un grand centre commercial. Construit sur 5 hectares, ce mall comprendra plus d'une centaine de magasins, des restaurants, une mosquée et différents autres services. Le site comprendra également 3 hôtels — un 5 étoiles de 140 chambres, un 4 étoiles de 220 chambres ainsi qu'un 2 étoiles de 420 chambres —, des bungalows, des villas avec piscines privatives, un parc d'attractions et un centre de préparation pour les sports d'élite, une école d'hôtellerie et de tourisme. Autres projets inédits d'Ali Serraoui : la construction de studios et d'une école de cinéma. «En plus du tourisme et des loisirs, il est primordial de soutenir l'art et la créativité. Cette école est une contribution au développement du cinéma. Et je peux déjà annoncer que la perspective d'ouverture de studios en Algérie intéresse des opérateurs étrangers», note-t-il. Après Hollywood et Bollywood, l'industrie cinématographique devra bientôt compter avec Biskrawood ! Ecologie Une des spécificités des Jardins des Zibans est le caractère écologique du site. L'architecte-paysagiste Kamel Louafi a fait en sorte d'adapter l'ensemble des infrastructures à l'espace agricole et naturel initial. Un concept visible au niveau de l'aquaparc puisque l'essentiel des palmiers dattiers et des oliviers a été maintenu à sa place. Aucun arbre n'a été abattu, certains ont juste été transplantés. Une opération complexe qui a nécessité des moyens techniques spécifiques, notamment pour les palmiers de plus de 10 mètres de hauteur. Le système d'épuration d'eau est lui aussi totalement écologique et assure contre tout risque de contamination en garantissant une économie du précieux liquide. Idem pour la gestion de l'ensemble des déchets puisque des équipements permettront de trier et de conditionner les plastiques ainsi que les restes des produits alimentaires de l'ensemble des restaurants. Projet ambitieux à plus d'un titre, Les Jardins des Zibans permettront de créer plus de 3 000 emplois et élèveront Biskra au rang de pôle touristique d'envergure internationale.