Abdallah Mohia est dramaturge, conteur, parolier et poète prolifique, mais paradoxalement peu connu du grand public. Aussi Abderrahmane Lounès dans son essai bibliographique paru en 2012 aux éditions El-Dar El-Othmania (Alger) considère (titre de l'ouvrage) que Mohia est «le plus célèbre des inconnus». La Direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou a annoncé dernièrement le lancement de la 4e édition du prix Mohia d'or de la meilleure dramaturgie en tamazight, à l'occasion de l'organisation des 9es Journées théâtrales en hommage au dramaturge Mohia prévues les 6 et 7 décembre 2017. L'objectif de ce prix est, notamment, la promotion de la pratique théâtrale et l'encouragement des jeunes à la création artistique et à l'écriture dramatique. Les textes doivent être déposés avant le 20 novembre 2017, au niveau de la Direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou ou du Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou. La cérémonie de remise des prix est prévue le 7 décembre 2017. Les trois textes recevront, respectivement, le prix Mohia d'une valeur de 150 000 DA, le Mohia d'argent (100 000 DA) e le Mohia de bronze (50 000 DA). Le concours annuel du meilleur texte dramatique «Mohia» est ouvert à tous les auteurs dramatiques en langue amazighe au niveau national. Une commission de lecture siègera pour la sélection des textes qui répondent aux conditions techniques et graphiques du texte ainsi que la certification de la paternité de l'œuvre originale. Le texte sera ensuite soumis à un jury artistique et littéraire, constitué de dramaturges, de metteurs en scène, scénographes et universitaires spécialisés dans la littérature, la linguistique et le théâtre amazigh. Les auteurs des trois œuvres primées s'engagent, par ailleurs, à céder l'exclusivité de leurs textes pour une durée de trois années pour d'éventuelles exploitations théâtrales. Abdallah Mohia, plus connu sous le pseudonyme de Muhend U Yehya, est né le 1er novembre 1950 à Azazga (Tizi-Ouzou). Il est mort le 7 décembre 2004 à Paris en France. Il est dramaturge, conteur, parolier et poète prolifique, mais paradoxalement peu connu du grand public. Aussi Abderrahmane Lounès dans son essai bibliographique paru en 2012 aux éditions El-Dar El-Othmania (Alger) considère (titre de l'ouvrage) que Mohia est «le plus célèbre des inconnus». Considéré comme un des fondateurs du théâtre d'expression kabyle, il a consacré plusieurs années de sa vie à traduire et à adapter des poèmes, des chansons et surtout des œuvres théâtrales universelles telles que En attendant Godot (Am win yettrajun Rebbi) de Samuel Beckett, La Décision (Aneggaru a d-yerr tawwurt) et L'exception et la règle (Llem-ik, Ddu d udar-ik) de Bertolt Brecht, La Jarre (Tacbaylit) de Luigi Pirandello ou Le Médecin malgré lui (Si Lehlu) et Tartuffe (Si Pertuf) de Molière. Mohia a passé une partie de son enfance dans la région d'Azazga avant que sa famille ne déménage à Tizi-Ouzou. Au lycée Amirouche de Tizi Ouzou, il était un brillant élève. Il décrocha son baccalauréat en 1968. Il rejoint l'Université d'Alger où il poursuit des études en mathématiques. Il obtient une licence en 1972. Après avoir réussi un concours, il s'inscrit à l'Ecole d'ingénieur en hydraulique en France. En 1973, Mohia part en France, à Strasbourg, pour poursuivre ses études, mais au cours de la même année, il rejoint Paris pour intégrer le Groupe d'études amazighes créé à l'Université Paris VIII (Vincennes). Il sera un des animateurs les plus prolifiques des revues publiées par ce groupe, à savoir le Bulletin d'études amazighes (BEA) puis Tisuraf. A partir de 1983, Mohia va animer la troupe Asalu, autour de laquelle un atelier de traduction-adaptation sera constitué. Il a également enseigné le tamazight à l'Association de culture berbère. A un jeune venu lui dire qu'il était prêt à mourir pour tamazight, Mohia avait répondu : «Tu seras un homme quand tu sauras vivre pour tamazight.» Là pourraient être résumés le combat et la philosophie de Mohia.