Le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia est venu, en compagnie de M. Ould Abbas, ministre de la Solidarit� nationale, et de l'Emploi r�parer les grosses erreurs du pouvoir et notamment celles commises par le super-puissant ministre de l'Int�rieur, Noureddine Zerhouni, par qui la trag�die est arriv�e le 18 avril 2001 en d�clarant que Massinissa Guermah, qui venait d'�tre mortellement bless� � l'int�rieur de la brigade de la Gendarmerie de B�ni-Douala, �tait un voyou �g� de 27 ans. Quatre ans apr�s la premi�re victime de la trag�die de Kabylie, deux membres du gouvernement viennent d�poser une gerbe de fleurs sur la tombe du premier des 126 martyrs du Printemps noir, c'est s�rement un peu tard mais est-ce trop tard ? Apparemment non, si l'on juge par l'accueil r�serv� par les d�l�gu�s pr�sents � Agouni Arrous, le p�re de la victime en t�te, se bousculant pour faire la bise au chef du gouvernement qui venait de fouler le sol du village. Beaucoup de temps s'est �coul� depuis que l'�tincelle qui alluma le brasier de 126 martyrs est sortie d'un klash d'un gendarme. Depuis, le pouvoir et les arouch ont fait leur mue chacun de son c�t�, d'ennemis irr�ductibles, ils sont devenus des partenaires, c'est m�me le grand amour dont l'accouchement se fait attendre depuis pr�s de quatre mois. Apr�s les bousboussades, Ahmed Ouyahia aura eu droit � quelques slogans "pouvoir assassin" lanc�s par ceux qui n'appr�cient pas la tournure des �v�nements, le temps que l'h�te de B. Abrika et de ses amis s'engouffre, dans une grande cohue, dans la maison familiale de Guermah o� il fera une d�claration � quelques confr�res tri�s sur le volet, pour raison d'exigu�t� des lieux, para�t-il. Un autre affront sera inflig� � la d�l�gation officielle par la coordination locale qui, au moment du recueillement sur la tombe de Massinissa, fit retentir l'hymne national, version Matoub Loun�s, expurg� de l'introduction, visant directement l'actuel chef du gouvernement en personne, et ce, quelques couplets interrompus par l'intervention de Guermah en personne d'apr�s des t�moins occulaires. Devant cette humiliation inattendue y compris par B. Abrika visiblement g�n�, la c�r�monie a �t� �court�e, la d�l�gation se retira sans aucune prise de parole contrairement aux pr�visions. Parvenu pr�s des v�hicules du cort�ge officiel, le chef du gouvernement, que tr�s peu de confr�res ont pu approcher consentira � faire une autre d�claration dont voici quelques extraits traduits par nos soins "l'Etat fait en sorte de panser les blessures physiques et morales subies par nos familles et notre pays, nous voulons que la crise qui a �clat� en 2001 ait une fin d�finitive en empruntant les voies multiples, il y a un travail qui se fait avec la d�l�gation des arouch publiquement et dans la transparence visant la mise en œuvre de la plateforme d'El-Kseur dans le cadre de la constitution et des lois de la R�publique. Cela concerne nos responsabilit�s ainsi que le programme politique, �conomique et social pour la r�gion, m�me si cela ne remplace, pour les familles endeuill�es malheureusement, les pertes en vie humaines tr�s ch�res, elles doivent nous aider � construire le pays... Pour B. Abrika, la pr�sence du chef du gouvernement en ce lieu et en cette circonstance "est un signe fort de reconnaissance de la responsabilit� de l'Etat dans la trag�die de Kabylie, une disponibilit� et un engagement � prendre en charge les revendications de la population � travers le processus de mise en œuvre de la plateforme d'El-Kseur, nous consid�rons cela comme un nouveau d�part � partir du moment que l'Etat exprime un geste fort vis-�-vis de la r�gion qui a souffert le martyre pendant des d�cennies et particuli�rement durant ces quatre derni�res ann�es. La population attache beaucoup d'importance � ce geste qui suscite l'espoir partout o� le mouvement et les citoyens souffrent et expriment des revendications justes et d�mocratiques..." Il convient de signaler que cette 4e comm�moration de l'assassinat de Massinissa n'a pas attir� grand monde, du moins jusqu'� l'heure pr�vue pour le d�p�t de gerbes de fleurs et du recueillement, m�me les d�l�gu�s participant au dialogue avec le chef du gouvernement n'�taient pas tous pr�sents aux c�r�monies. Outre la coordination de A�t Mahmoud qui, comme on l'a vu a r�serv� une surprise � la d�l�gation officielle et ses amis de la CADC, la coordination de B�ni-Douala, qui s'est retir�e de la CADC et gel� ses activit�s, a rendu publique une d�claration qui, en d�non�ant l'accentuation de la crise multidimentionnelle, rejette la forme actuelle du dialogue risquant � ses yeux, de "porter atteinte � l'esprit de la plate-forme qui s'inscrit dans le prolongement du combat lib�rateur". Elle estime que "la derni�re sortie publique du chef de l'Etat est une r�gression totale du discours officiel laissant pr�sager un plan machiav�lique visant � d�naturer notre combat et spolier la citoyennet� de sa victoire contre les usurpateurs du pouvoir et les n�gateurs de l'Alg�rie... Elle appelle le potentiel militant de combat pour l'identit� et la langue amazighes, � s'opposer � cette soudaine r�jouissance collective et fictive et � demeurer fid�les � l'esprit du 20 avril comme journ�e historique de la libert� d'expression et de contestation jusqu'� la cons�cration de tamazight en tant que langue nationale et officielle. Les auteurs de la d�claration traitent leurs anciens coll�gues d'activistes saisonniers sans rep�re politique ni id�ologique et en d�phasage avec la r�alit� et l'esprit de la plate-forme d'El-Kseur.