La commémoration, hier matin à Agouni Arous dans la commune d'Aït Mahmoud, du quatrième anniversaire de la mort du jeune Massinissa Guermah, tombé sous les balles de la Gendarmerie nationale le 18 avril 2001 à l'intérieur de la brigade de Beni Douala, s'est faite en présence du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et du ministre de la Solidarité nationale, Djamal Ould Abbas. C'est en présence des représentants du RND de Tizi Ouzou, de quelques membres des archs et de dizaines de citoyens que les deux officiels, accompagnés du wali de Tizi Ouzou ainsi que de la famille de la première victime du printemps noir, se sont recueillis sur la stèle de Massinissa, sous l'air de l'hymne national revisité par Matoub Lounès Aghourou, dans une sobre cérémonie. A son arrivée, M. Ouyahia et ses accompagnateurs (délégués citoyens et officiels) ont tenu à rendre un hommage à la famille endeuillée. Mais l'accès au domicile de feu Guermah Massinissa s'est fait dans une totale désorganisation et la presse écrite est restée à l'extérieur du domicile. Seuls les journalistes des chaînes de radio et de l'ENTV ont été autorisés à entrer. Pendant les 30 minutes qu'a duré l'entretien d'Ahmed Ouyahia avec ses hôtes, un protocole intransigeant veillait “au bon déroulement de la séance », filtrant l'accès et maintenant les reporters sur le seuil de la maison. Selon des indiscrétions, le chef du gouvernement aurait, en substance, laissé entendre face à la famille du jeune Massinissa que “l'heure était au pansement des blessures pour mettre un terme à la crise qui dure depuis 2001 ». Et pour ce faire, Ouyahia dit avoir emprunté plusieurs voies dont le dialogue initié avec les archs en janvier 2004. Une initiative qui vise “à mettre en œuvre la plate-forme d'El Kseur dans le cadre des lois de la République », aurait-il souligné, non sans rappeler l'urgence d'une relance socioéconomique en Kabylie. Répondant aux sollicitations des journalistes, le père de Massinissa Guermah, après avoir raccompagné vers 11h ses invités de marque, a déclaré ému : “Cette journée était à la fois celle du deuil et de la joie. Car la blessure reste éternelle malgré ce geste d'apaisement (venue du chef du gouvernement). » Pour Guermah Khaled, après ce geste « par lequel le Pouvoir reconnaît ses fautes passées, le souhait est celui de mettre fin à la crise par la satisfaction de la plateforme d'El Kseur ». Tout en soulignant qu'il n'était pas prêt à pardonner aux assassins de son fils, M. Guermah annonce avoir eu l'assurance d'Ouyahia de traduire les auteurs des assassinats des jeunes lors du printemps noir devant des juridictions civiles. Pour sa part, Belaïd Abrika, ne cachant pas sa satisfaction lors de cette cérémonie, a souligné : « Cette commémoration, coïncidant avec la double date anniversaire du printemps berbère 1980 et du printemps noir, est l'occasion d'un nouveau départ. » Le porte-parole des archs dialoguistes met en avant le fait que l'Etat, en la personne du chef du gouvernement, « se soit incliné devant la mémoire des victimes du printemps noir ». Ce délégué s'est dit rassuré une nouvelle fois de la disponibilité des pouvoirs publics à satisfaire les revendications citoyennes formalisées à El Kseur en juin 2001. L'occasion aussi d'annoncer l'application prochaine du protocole d'accord liant les archs à la chefferie du gouvernement, notamment ces dispositions portant sur les « incidences ». Le mouvement citoyen « attend la signature du décret portant dissolution des Assemblées locales », conclut-il.