Najib Ayad est producteur tunisien. Il a produit, entre autres, le film L'Odyss�e, un long m�trage r�alis� en 2003 par le d�funt Brahim Babai. Rencontr� en marge de la semaine du film tunisien, qui s'est d�roul�e � Alger du 25 au 31 du mois de mai dernier, Najib Ayed nous parle de ce film, de la situation du cin�ma tunisien ainsi que de la possibilit� de la coop�ration alg�rotunisienne dans le domaine cin�matographique. Le Soir d'Alg�rie :Vous �tes le producteur du film L'Odyss�e qui a �t� projet�, et pour la premi�re fois, � la Cin�math�que alg�rienne. Pouvez-vous nous en parler ? Najib Ayed : C'est un film qui suppose l'�trange d�couverte � Carthage d'une pi�ce arch�ologique tr�s rare : le buste d'Hannibal. Et puis vous savez, personne ne conna�t le visage de ce personnage historique. Le premier portrait qui lui a �t� fait date de deux si�cles apr�s sa mort. Donc Hannibal est tr�s connu quoique personne n'ait jamais pu sculpter ou repr�senter sa physionomie. Dans ce film, nous supposons que le v�ritable buste a �t� retrouv� dans les ruines de Carthage. Cependant, des trafiquants de pi�ces arch�ologiques l'ont vol� et embarqu� sur un bateau en direction d'Europe. Et c'est, le d�but d'une aventure. Donc le film pose le probl�me du saccage des objets d'art, chose qui est malheureusement v�cue au quotidien dans les pays du Grand Maghreb… En effet, et dans ce film c'est � la fois une sonnette d'alarme qui est tir�e et une sorte de cri de col�re et de d�tresse contre le saccage du patrimoine maghr�bin. Le film est sorti alors qu'on saccageait le mus�e de Baghdad. Comment le film a �t� re�u par la critique internationale ? Je dois d'abord souligner que L'Odyss�e est le premier film policier tunisien. Pour ce qui est de la critique, la plus part de ceux qui l'ont vu dans des festivals ne leur a pas plu parce qu'il ne montre pas des sc�nes de mis�re. Il montre par contre une Tunisie moderne, nouvelle avec son lot de probl�mes d'aujourd'hui et �a n'int�resse pas �videmment les critiques �trangers. Et quelle est la situation du cin�ma tunisien actuellement ? Le cin�ma tunisien est en plein questionnement. Nous produisons beaucoup plus qu'avant. En moyenne six films longs m�trages et une quinzaine de courts annuellement. Nous produisons trois fois plus par rapport � il y'a dix ou quinze ans. Avant, la moyenne �tait de deux � trois films par ans et quelques courts m�trages. Actuellement donc nous en produisons beaucoup plus mais �a ne suffit pas. Ce cin�ma-l� a quelques probl�mes, d'abord avec son propre public, ensuite avec le public �tranger. Quelle en est la cause ? Parce que (silence) probablement… nos auteurs sont devenus… beaucoup plus conformistes, un peu moins courageux, un peu moins permissifs. Mais il y a aussi la censure… (silence) ! Nos cin�astes sont peut-�tre dans une logique un peu d'autocensure mat�rielle et probablement morale. Mais la flamme n'est plus vivace. Par contre, je remarque qu'il y a beaucoup de jeunes talents qui se manifestent et qui commencent � accorder un int�r�t grandissant au cin�ma. Cette ann�e et l'ann�e derni�re, ils ont fait des courts m�trages magnifiques. Il y a une certaine mutation. Donc, je peux affirmer que cette jeune rel�ve fera un peu la diff�rence. D'abord, il feront un cin�ma diff�rent de celui de leurs pr�d�cesseurs. Ils pousseront peut-�tre les a�n�s � revenir au cin�ma permissif. Et c�t� p�cule, les cin�astes tunisiens rencontrent- t-ils des probl�mes ? Pas du tout. L'aide � la production n'a jamais �t� plus forte que maintenant. L'Etat subventionne le cin�ma avec quelque chose comme 4 millions de dinars tunisiens par an, c'est-�-dire � peu pr�s trois millions d'euros rien que pour la production. Donc l'Etat intervient vraiment avec des sommes tr�s importantes. Par exemple, les films de long m�trage sont subventionn�s � hauteur de 500 000 DT c'est-�-dire � peu pr�s 350 000 euros. De plus, la t�l�vision intervient avec 100 000 euros. Donc c�t� p�cule, je peux dire que les cin�astes tunisiens ne sont pas vraiment confront�s � des probl�mes. Enfin il y a des films qui co�tent cher mais cela est amorti soit par l'Etat soit par les producteurs nationaux. Le probl�me majeur qui se pose n'est pas celui de l'argent, ce qu'il faut aujourd'hui, c'est r�fl�chir les probl�mes du cin�ma en tant que dossier global, c'est ce que nous sommes en train de faire en Tunisie. On est en train de r�fl�chir non pas � la production de film, ni � son exploitation, et encore moins � sa projection dans des salles, mais nous pr�parons des dossiers afin de proc�der � une v�ritable refonte du paysage cin�matographique tunisien. Et �a va aboutir, je pense, d'ici la fin de cette ann�e. Concernant la coop�ration alg�ro-tunisienne dans le domaine cin�matographique, y a-t-il un projet � l'horizon ? Certes, il y a eu des pr�mices il y'a quelques ann�es mais plus rien maintenant. Je pense qu'avec la cr�ation du Cnca, le cin�ma alg�rien est en train de rena�tre de ses cendres. Toutefois, il faut qu'on essaie, avec nos amis producteurs et cin�astes alg�riens, de trouver le bout du fil. Apr�s on verra ce qu'on pourra faire ensemble. Propos recueillis par Hakim C.