La Cinémathèque d'Alger abrite, depuis mercredi passé, et ce, jusqu'au 31 du mois en cours, la semaine du film tunisien, organisée conjointement avec l'ambassade de Tunisie à Alger. La manifestation, marquée par la projection d'une dizaine de films, dont Les 1 001 voix de M. Benmahmoud, Le chant de Noria de Ben Ammar, La danse du vent de Louhichi, est également ponctuée par des projections de courts métrages, une discipline cinématographique très développée chez nos voisins, notamment avec le festival du cinéma amateur de Kelibia, organisé pour la première fois en 1964. La journée d'inauguration du cycle de films tunisiens a été, également, une occasion pour les organisateurs de mettre la lumière sur la réalité du cinéma tunisien par le biais de rencontres-débats, animées par le producteur-critique tunisien, Nadjib Ayad, spécialiste du cinéma tunisien, et le réalisateur Ibrahim Etaeif. Lors de cette rencontre, qui a regroupé un large parterre de journalistes avec, malheureusement, une absence remarquée des cinéastes algériens, les intervenants ont souligné les similitudes entre la situation du cinéma tunisien, en particulier, et celle des pays maghrébins, en général. “Le cinéma tunisien a connu pratiquement la même évolution que celle du cinéma algérien, dans la mesure où les salles noires dans les deux pays sont un héritage de la colonisation”, dira Ibrahim Etaeif, qui notera le recul de la fréquentation dans ces salles à cause du développement du tissu urbain. “La plupart des salles de cinéma se trouvent dans l'ancienne ville, qui, pour sa part, s'est transformée en centre d'affaires. La population occupe aujourd'hui la périphérie, ce qui rend le déplacement au centre un peu difficile. D'où l'importance, aujourd'hui, de créer des multiplexes dans la périphérie.” Le jeune réalisateur soulignera, dans le même contexte, l'état des salles, pas très appropriées pour accueillir le public. Est-il possible de rentabiliser un film dans les pays du Maghreb ? Certainement pas, expliqueront les intervenants, à l'exception du Maroc, où le taux des entrées est assez important, entre 300 et 600 000 entrées. Concertant le financement des films en Tunisie, Nadjib Ayad expliquera que le cinéma dans son pays est financé essentiellement par l'Etat. “Le ministère de la Culture accorde aux réalisateurs des subventions de l'ordre de 350 000 euros, ainsi que 100 000 euros de la part de la télévision. Ainsi, L'apport des producteurs ne dépasse pas les 20%.” Les deux professionnels tunisiens mettront également l'accent sur les difficultés de distribution des films, un marché très réduit dans l'ensemble des pays du Maghreb, et le problème de la production conjoncturelle. “Il faut pallier le problème du manque des comédiens. Lors du dernier festival de Milan, Belkacem Hadjadj a proposé de créer une base de données maghrébine des comédiens en activité dans nos pays. Espérant que son projet aboutisse afin que les réalisateurs puissent puiser dans ce registre.” Et dans le cadre des échanges dans le domaine de l'audiovisuel entre l'Algérie et la Tunisie, la télévision algérienne avait diffusé, il y a quelques mois, un feuilleton tunisien Ô deux fleurs dans mon imagination, réalisé par Abdelkader Djarbi et produit par Nadjib Ayad, producteur du film policier Odyssée, réalisé par Brahim Babaye au programme de la semaine du film tunisien. La télévision tunisienne a diffusé, quant à elle, le sitcom algérien Nass mleh city. En attendant d'autres projets d'échange. Wahiba L.