Film La Tunisie s?invite à Alger. Durant une semaine (jusqu?au 28 mai). A cette occasion, Najib Ayad (producteur) et Ibrahim Etaïf (réalisateur) ont animé, mercredi, à la Cinémathèque algérienne, une conférence au cours de laquelle ils ont présenté la réalité du cinéma tunisien. «Le cinéma tunisien n?est plus celui des décennies passées», explique Nadjib Ayad. «Il y a un net recul des fréquentations des salles obscures par le public», ajoute-t-il. «La raison de ce recul est que les salles de cinéma en Tunisie sont anciennes et se trouvent au centre-ville. La population, qui habitait ces quartiers, oa été déplacée vers les banlieues qui, elles, constituent des villes. Dans ces nouveaux centres urbains, il n?y a pas de salles de cinéma. Toutefois, nous pensons à y créer des multiplex pour permettre au public non pas d?aller voir un seul film, mais plusieurs.» Nadjib Ayad aborde ensuite la réalité du cinéma tunisien. «Les films que nous produisons ne sont pas rentabilisés, en raison de l?inexistence d?un marché», constate-t-il, avant d?ajouter : «Le marché du cinéma est trop exigu, et que le coût de la production est trop élevé». «Aucun producteur n?est en mesure de produire seul un film, tous les producteurs financent à hauteur de 20 à 30%, le reste est pris en charge par le soutien de l?Etat.» Nadjib Ayad propose une systématisation de la coproduction. «Il est nécessaire, aujourd?hui, de réfléchir à une formule d?un cinéma maghrébin», propose-t-il. Ibrahim Etaïef abonde dans le même sens : «Pour les autres, aussi bien européens qu?américains, il est bel et bien question d?un cinéma maghrébin qu?il soit tunisien, algérien ou marocain, mais pour nous, (Tunisiens, Algériens et Marocains), nous sommes toujours dans cette logique qui distingue une cinématographie de l?autre.» «Il faut qu?il y ait une parabole maghrébine», souligne-t-il. Nadjib Ayad milite pour une meilleure circulation des productions lourdes, à savoir films et feuilletons, «pour qu?il y ait d?abord véhicule et promotion du cinéma puis compréhension du parler de chaque pays et connaissance de la culture du pays en question.» « Il faut créer une vraie communauté maghrébine, un vrai marché maghrébin du cinéma.» «La proximité existe, la réalité des uns est assimilable à celle des autres, il suffit seulement de faire tomber les barrières, effacer les frontières.» «La question de la proximité doit être une priorité par les pouvoirs publics», notamment les politiques (décideurs). Nadjib Ayad explique, par ailleurs, que, dans les années 1970, il y avait une grande circulation, un échange entre les trois sphères (marocaine, algérienne et tunisienne) : le dialogue existait. «Mais à partir des années 1980, les choses commençaient à stagner», déplore-t-il. A souligner que cette semaine culturelle consacrée au cinéma tunisien est organisée par la Cinémathèque algérienne avec le soutien du ministère de la Culture.