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MENSONGES ET CALOMNIES D'UN TORTIONNAIRE DEVENU G�N�RAL DE L'ARM�E FRAN�AISE
V�rit�s sur l�arrestation de Larbi Ben M�hidi (IV)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 11 - 2005

La derni�re partie des bonnes feuilles de l�ouvrage �Mensonges et calomnies d�un tortionnaire devenu g�n�ral de l�arm�e fran�aise� de la plume de notre confr�re d�El Moudjahid, Mouloud Benmohamed, et publi� prochainement par les �ditions Afic est consacr�e au t�moignage de Benyoucef Benkhedda que l�auteur a rencontr� quelques mois avant son d�c�s. L�ex-pr�sident du GPRA avait d�j� r�agi aux rumeurs et aux calomnies en publiant un t�moignage qui restitue les faits. Pour lui, �Ben M�hidi a succomb� � une esp�ce de d�sinvolture d�solante du destin�.
Comment peut-on croire en l�avanc�e de notre pays lorsque sa jeune �lite ne s�int�resse pas � l�histoire. Avez-vous lu mon ouvrage consacr� � Abane Ramdane et Larbi Ben M�hidi ? Savez-vous quand est n�e la Zone autonome d�Alger ? Qui a dit que Messali Hadj n��tait pas un patriote ? Le juge-t-on par rapport � son diff�rend avec le FLN en faisant fi de son pass� ? Je suis d��u de constater que les personnes instruites ne sont pas des intellectuels, ils ne lisent pas � Benyoucef Benkhedda, l�exmembre du premier Conseil de Coordination et d�Ex�cution issu du congr�s de la Soummam, qui nous re�oit chez lui � Hydra, en cette fin d�ann�e 2003, est exc�d� tant par la place r�serv�e � l�histoire dans les manuels scolaires que par l�objet de ma visite. En savoir plus sur l�arrestation de Larbi Ben M�hidi, il a vite compris et r�agit. Nous en sommes encore � la discorde et aux querelles � [NDA : il r�fl�chit longuement avant de poursuivre) c�est une honte que d�accuser un militant, blanc comme neige, d�avoir d�nonc� Ben M�hidi. C�est archifaux. J�en t�moigne devant Allah. Devant les hommes et l�histoire, je l�ai d�j� fait en �crivant mon t�moignage. Brahim Chergui a �t� arr�t� apr�s Ben M�hidi et donc il ne pouvait pas le d�noncer. On s�acharne sur lui par vengeance, car c�est un militant sinc�re qui d�sirait que notre lutte de lib�ration soit propre. A travers une longue d�monstration, le d�funt Benkhedda pr�cisait qu�avant l�installation � Alger, en septembre 1956, quelques semaines apr�s le Congr�s de la Soummam, ses futurs membres r�sidaient � Alger dans des endroits gard�s secrets par chacun. �Aucun de nous ne savait o� r�sidaient les autres�, confie-t-il. Au lendemain de leur d�signation au CCE, les Abane, Dahleb, Benkhedda, se rapproch�rent de leurs connaissances europ�ennes progressistes et lib�rales, qui leur offrirent le g�te dans leurs demeures ainsi que d�autres Alg�riens. Mais ces planques chez les �fr�res� devenaient risqu�es � la suite de la r�pression et des op�rations de recherches men�es � partir de la fin septembre � la suite des explosions de bombes. Les membres du CCE s�appliqueront � trouver des abris dans les quartiers europ�ens. D�ailleurs, c�est en plein c�ur de ces derniers, au boulevard du T�lemly, que le CCE installe son si�ge. L�, il tenait ses r�unions, l�, ses membres se donnaient rendez-vous ou se laissaient des messages ou autres. Au nez et � la barbe des autorit�s coloniale ! L�appartement appartenait � Mohamed Ouamara. Mis � part ce dernier, Hachemi Hammoud et Nassima Hablal, le secr�taire du CCE, aucun collaborateur ou militant ne connaissait cet endroit, souligne notre interlocuteur. Brahim Chergui qui vient de nous rejoindre approuve de la t�te. Quelques jours apr�s, le CCE d�cide d�acqu�rir des logements dans ces quartiers s�rs. Mohamed Ouamara re�ut pour mission de prendre attache avec un militant, agent immobilier � l�agence Zanetaci, elle-m�me implant�e dans le quartier europ�en exactement � l�ex-boulevard Saint-Sa�ns. En quelques jours, cet agent mit � la disposition de Ouamara quatre appartements sans savoir � qui ils �taient destin�s. Plus m�me, confie Benkhedda, ni ce courtier ni Ouamara lui-m�me ne savaient que les membres du CCE en seraient les b�n�ficiaires. �Ce n��tait pas une question de confiance, mais de s�curit�, insiste-t-il. Mais ni les mesures de s�curit�, ni l�usage des quartiers europ�ens ne seront utiles face aux cons�quences de la gr�ve des huit jours : arrestations massives, disparitions, tortures, bouclages, et ratissages r�p�t�s, la ZAA chancelait, ses r�seaux �branl�s, ses responsables, activement recherch�s, n�osaient plus se d�placer, les contacts sont quasiment inexistants. L�organisation �touffait. �Dans ce contexte, Belkacem Krim et Larbi Ben-M�hidi me sollicit�rent pour leur trouver des refuges s�rs�, indique l�ex-pr�sident du GPRA. Chez Jean Touilleux, proche du professeur Mandouze, il pr�servera Krim, mais il mettra � l�abri Ben M�hidi dans son propre studio dans le quartier du Sacr�- C�ur. La r�pression s�accentuant chaque jour davantage, Abane Ramdane (selon Benkhedda) sugg�ra, non sans forte insistance de quitter la capitale. Imm�diatement, Benkhedda s�en alla aviser Ben M�hidi. Il frappa � la porte. Aucune r�ponse. Il reviendra une nouvelle fois. Personne dans le studio. Il laisse un mot avant de partir sans se douter de quoi que ce soit. Retour le lendemain � �J�ignorais que Ben M�hidi avait �t� captur�. Je l�ai appris par la presse. Je venais moi-m�me d�y �chapper. Il suffisait aux parachutistes d�attendre ��, affirmet- il avec un sourire ironique qui en dit long sur ce qu�il pense des �intelligents paras�. Une question � Benkhedda : qui connaissait l�existence de ce studio ? - L�agent immobilier, Mohamed Ouamara et moim�me. Personne d�autre. L�agent immobilier ne savait pas qui y habitait. Ouamara ne peut pas �tre concern� par l�arrestation de Ben M�hidi puisqu�il ignorait que Ben M�hidi s�y r�fugiait. D�ailleurs, Ouamara a �t� arr�t� bien apr�s Ben M�hidi, c�est lui qui a conduit Krim � Blida et moim�me aussi le 29 f�vrier 1957. Que reste-t-il ? Il reste moi. Mais je n�ai pas �t� arr�t� ! Mais alors par quel moyen le 3e RPC a-t-il pu arr�ter Ben M�hidi. Benkhedda �voque deux hypoth�ses : �Peut-�tre lors d�un d�placement en ville est-il tomb� dans les rets des paras ? Peut�tre � la suite de l�arrestation du courtier ; dans ce cas, les paras auraient fouill� ses papiers et seraient tomb�s sur la liste des appartements sur laquelle figurait l�adresse de mon studio. Un simple contr�le dans ces appartements a permis la capture de Ben M�hidi, Benkhedda ne croit pas � la th�se de �l�aveu sous les tortures� qui aurait permis de conduire � l�arrestation de Ben M�hidi. Selon lui, les officiers de la 10e DP avaient fait courir cette th�se pour jeter le discr�dit, le doute et la m�fiance entre les membres du CCE. Une bleuite avant terme. �Pourquoi celui qui aurait donn� Ben M�hidi � la suite de tortures�, nous aurait-il �pargn�s ?� Pertinente interrogation de Benkhedda qui reste l�un des rares � avoir cogit� cette capture. Il s�est forg� une conviction tr�s forte : Chergui n��tait concern�, ni de pr�s ni de loin, par l�arrestation de Ben M�hidi. Alors pourquoi ces calomnies ? [�]

Le t�moignage de Benkhedda
(...) Car, qu�en est-il r�ellement de cette arrestation ? A qui, � quoi l�attribuer ? Comment d�m�ler, � son propos, le vrai du faux, et � quelle grille d�intelligibilit� soumettre son approche ? Je me suis donn� le temps de r�fl�chir au probl�me. Ayant r�uni et v�rifi� un certain nombre de donn�es d�terminantes, les ayant retourn�es sous tous les angles et dans tous les sens, j�avoue que plus je m�obstine � comprendre, et davantage s�enracine en moi, avec la force de l��vidence, la conclusion que voici : l�unique explication de l�affaire se situe au confluent de deux �l�ments d�appr�ciation, l�un rationnel, l�autre pas, le premier se r�f�re � la mani�re dont le CCE avait organis� ses refuges ; le second � la brutale irruption d�un coup du sort, qui fut fatal � Ben M�hidi. Aussi soigneusement que je me penche sur l�encha�nement des circonstances qui ont proc�d� et suivi la gr�ve des huit jours, un constat revient sans cesse, massif, obs�dant qui, chaque fois, balaye mes derni�res h�sitations en m'ass�nant sa certitude. A savoir que la d�couverte de la cache de Si Larbi se ram�ne � qu'on le veuille ou pas � a une question de refuges sur laquelle est venue se greffer m�lencontreusement une histoire de malchance. Je crois, en effet, qu'il serait vain et pr�somptueux de r�pugner � associer la v�rit� sur ce d�sastre � l�intervention consternante du destin au moment pr�cis o� s'effondrait le syst�me des planques r�serv�es aux membres du CCE. Il y a l� une corr�lation impossible � �luder. On aura beau faire, la part des contingences impr�visibles qui ont inopin�ment contrari� le cours des choses pr�vaudra toujours dans toute interpr�tation fiable de la neutralisation de Ben M'hidi par les Fran�ais. Nul processus de clarification, � ce propos, ne saurait parvenir � ses fins, s�il ne s'appuie sur une double d�monstration : r�v�l�s d'abord, comment �fonctionnaient� les refuges du CCE ; �tablir, ensuite, comment la d�couverte de la liste de leurs adresses combin�e aux caprices du hasard � ou de la fatalit� � se solda par la capture, puis la mort de Si Larbi. 1) Pour ce qui est des refuges du CCE, deux p�riodes pr�cises sont � distinguer : - Avant m�me la constitution du CCE, ses futurs membres travaillaient d�j� dans la capitale. Trois y vivaient en permanence � Abane, Dahleb, Benkhedda � Krim s�y rendait souvent quant � Ben M�hidi, il les y rejoindra au printemps 1956. Chacun d'entre eux assurait son h�bergement � sa fa�on, et disposait d�endroits o� il pouvait se retirer, r�diger sa correspondance, rencontrer les cadres et militants gravitant autour de sa sph�re de responsabilit�. Il n'y avait pas � proprement parler d'organisation particuli�re des refuges. Cependant, nous avions toujours marqu� une diff�rence tr�s nette entre, d�une part, les �endroits de contact�, o� nous exercions nos activit�s courantes, o� nous recevions ou �tions re�us, et d'autre part, les abris o� nous logions. Il va de soi que ces derniers �taient les plus pr�serv�s ; chacune gardait le secret sur le sien. M�me entre coll�gues du CCE, on pr�f�rait ignorer o�, la nuit, les autres iraient dormir. Constamment sur le qui-vive, nous devrions d�m�nager � la moindre alerte. D�o� la n�cessit� pour chacun de nous d�avoir � sa disposition plusieurs �adresses de s�curit� pr�tes � I'accueillir � tout moment, et qu'il r�servait � son usage personnel. Lorsque le CCE fut d�sign� et s�installa � Alger (1), notre syst�me de planques continua de fonctionner sur le mode pragmatique : on s'arrangeait pour se procurer un g�te convenable aupr�s de ses propres connaissances. C'�tait la r�gle. Caches et refuges �taient am�nag�s dans des villas, appartements et locaux appartenant � des membres ou des �l�ments proches du FLN. Il s'agissait, en g�n�ral, de gens s'apparentant � I'une des quatre �familles� de soutien logistique gr�ce auxquelles I'organisation de la capitale a pu solidement s'implanter et prosp�rer : notabilit�s musulmanes du monde des affaires, du n�goce et des professions lib�rales :
Europ�ens progressistes et chr�tiens lib�raux tels les Chaulet, Gautron, Gallice, Touilleux, et certains pr�tres commer�ants mozabites en particulier ceux de la partie europ�enne du centre-ville : enfin, responsables ou militants qui, occupant des logis relativement spacieux, parvenaient � d�gager une pi�ce � notre intention. Tous ces lieux de refuge �taient diss�min�s � travers le Grand-Alger. Mais. tr�s vite, ceux qui �taient dans des secteurs � forte concentration musulmane, devinrent pour nous une source d'inconv�nients. Au fur et � mesure que se d�veloppait la �strat�gie de la bombe� inaugur�e fin septembre 1956 � l�instigation du CCE, ils allaient, en effet se r�v�ler d'un usage pr�caire, les op�rations de bouclage et de ratissage se focalisant en priorit� sur les quartiers o� ils se situaient. Seul l�h�bergement chez nos amis fran�ais continuait d'offrir des garanties de s�curit� � peu pr�s intactes. Il importait, par cons�quent, de multiplier le nombre de nos abris en zone europ�enne, l� o� la pr�sence polici�re avait tendance � rel�cher sa vigilance. * D�s qu�il mit pied � Alger, le CCE, fra�chement constitu�, s'empressa d'�tablir son PC et son appareil logistique au c�ur m�me du quartier europ�en. Il lui fallait aussi penser � une organisation plus s�re de ses refuges. Deux d�cisions tr�s importantes furent alors prises : � Primo : nous nous dot�mes, au mois de septembre 1956, d�une permanence officielle. Sise au 133, boulevard du T�l�mly (aujourd�hui Krim Belkacem), elle sera jusqu�au d�part du CCE d�Alger, � la fois son si�ge et son point de ralliement : c'�tait l� qu�il tenait ses r�unions en tant qu�instance ex�cutive du FLN entre deux CNRA (1), et l� o� chacun de ses membres pouvait fixer rendezvous ou laisser consigne � ses coll�gues. A part Nacima Hablal, Hachemi Hammoud et Mohammed Ouamara, lequel en �tait propri�taire, aucun autre collaborateur du CCE n��tait au courant de l�existence de ce local. � Secondo : le CCE avait appris qu�il existait des possibilit�s de se procurer des logements dans des quartiers encore s�rs, et cela par l�entremise d�un �l�ment du FLN, courtier de son �tat dans l�agence immobili�re Zannettacci du boulevard Saint- Sa�ns (Mohammed V). Mohammed Ouamara a re�u instruction de se mettre en rapport avec ce courtier afin de r�aliser pour le compte du CCE l�acquisition en bonne et due forme de �pied-�-terre�, pourvu seulement qu�ils fussent concentr�s dans le voisinage imm�diat des rues Hoche (Ahmed-Zabana) et Michelet (Mourad-Didouche), et des boulevards St-Sa�ns (Mohamed V) et du T�lemly (Salah-Bouakouir). Car c��tait dans ce p�rim�tre que nous avions convenu de fixer notre centre de gravit�, � bonne distance du secteur �chaud�, qui, du carrefour des Facult�s et de la Grande-Poste jusqu�au square Bresson (Port-Sa�d) et � la Place du Gouvernement (Place des Martyrs), vivait au rythme infernal des attentats alternant avec les descentes de police, les rafles et la chasse � l�Arabe. Notre agent immobilier nous d�gagea rapidement quatre appartements ou studios, dont, bien entendu, il ignorait tout quant � leur destination v�ritable. Des militants non recherch�s avaient sign� les actes d�achat devant notaire ; investis de la qualit� de propri�taires, eux non plus ne savaient absolument rien de l�affectation future des lieux dont ils venaient de se porter acqu�reurs. En fait, ni le courtier ni les pr�te-noms que lui d�signa Ouamara, ni Ouamara lui-m�me, ne se doutaient que l�objet des transactions serait pour l�usage exclusif et personnel des membres CCE. Ces derniers avaient d�sormais sous la main des habitations de standing, dont ils conservaient pr�cieusement le secret. Aucune personne de leur entourage ne pouvait deviner que ces logements �taient destin�s � leur assurer le g�te de tous les jours dans les meilleures conditions possibles de s�curit�. Choisis dans les �quartiers chics�, ces logements �taient cens�s les soustraire aux d�sagr�ables surprises des coups de filet et des interpellations � l�improviste. Mais c��tait compter sans les cons�quences tout � fait impr�visibles de la gr�ve que, f�brilement, nous pr�parions alors. La gr�ve des huit jours changea la situation � Alger du tout au tout. Quarante-huit heures � peine apr�s son d�clenchement, nous avions perdu l�initiative dans une capitale mise sens dessus-dessous par les furieux d�bordements de la 10e Division parachutiste de Massu. Nous avions compris que m�me nos abris en plein �sanctuaire� europ�en ne r�sisteraient pas longtemps aux assauts aveugles des r�giments ennemis. Semant terreur et d�solation sur leur passage, les l�gionnaires des Bigeard, Jean Pierre, Godard et consorts avaient cr�� le vide autour de nous. Nos liaisons en souffraient ; nos contacts se terraient, ou, alors, se dispersaient. Notre libert� de mouvement s��tait tellement r�tr�cie que l��ventualit� de notre capture ne se pr�sentait m�me plus comme quelque chose d�impensable. Nous �tions � la merci du moindre al�a pour �tre rep�r�s et coinc�s autant dans la rue que dans nos caches ou notre PC du T�lemly. Pourtant, c��tait dans le sillage de l�infortun� Ben M�hidi que r�dait le spectre de la malchance et du malheur. Nous revoil� invoquant de nouveau ce navrant concours de circonstances qui fit de Si Larbi sa victime fortuite. Une victime que rien � on ne le r�p�tera jamais assez � ne vouait particuli�rement � subir cette part d�impond�rable aveugle que, faute de mieux on nomme le destin. 2) Si Ben M�hidi a �t� le seul membre du CCE � avoir succomb� aux suites n�fastes de la gr�ve, c�est encore une fois, cons�cutivement � une convergence de p�rip�ties et de co�ncidences tout � fait accidentelles. L�exacte reconstitution de la tournure des �v�nements, une semaine avant que nous �vacuions Alger, aide � mieux le comprendre. Nous �tions au d�but de la seconde quinzaine de f�vrier 1957, et nous �prouvions la sensation d�primante d��tre englu�s dans la nasse d�une agglom�ration livr�e sans r�mission � la folie meurtri�re des paras. La r�pression collective farouchement men�e �tait � son paroxysme. Elle exer�ait des ravages irr�parables dans nos effectifs et au sein de la population musulmane. Des coups s�v�res avaient �branl� notre infrastructure, tandis qu�arrestations et enl�vements se poursuivaient par vagues ininterrompues. L�Organisation faisait eau de partout [ ... ] Ou bien Si Larbi a �t� arr�t� n�importe o� dans la rue ; ou bien il l�a bel et bien �t� au num�ro 5, de la rue de Bettignie. Le premier cas de figure est parfaitement envisageable dans la mesure o� notre malheureux compagnon avait abandonn� ses caches de La Casbah pour se replier en quartier europ�en. Or, il avait disparu de ce quartier ; il n�y �tait nulle part, ni dans le r�duit que j�occupais pr�c�demment et que je lui avais laiss�, ni dans les autres g�tes dont nous disposions dans le m�me secteur. Je vois mal, d�ailleurs, comment il s�y serait hasard� sans m�en avertir, ou sans en toucher mot � notre permanence du 133, boulevard du T�lemly. Etant introuvable dans les lieux o� il aurait d� �tre normalement, il est permis de d�duire qu�il a pu tomber dans le traquenard d�une rafle-surprise ou d�un bouclage inopin�, � l�occasion d�un d�placement en ville. Cette supposition a de quoi tenir valablement : elle pr�sente l�avantage de la vraisemblance et de la logique. Simplement, son aspect in�dit la dessert : � ma connaissance, pas la moindre source, pas la moindre r�f�rence, du c�t� fran�ais comme du c�t� alg�rien, n�a jamais �t� invoqu�e pour en corroborer la port�e. Est-ce suffisant pour l��carter ? Je ne le pense pas. Si tout de m�me on marque quelque r�ticence � l�ent�riner, force alors est de se rabattre sur le second terme de l�alternative. A savoir, l�explication qui a pour pivot la d�couverte du studio du Sacr�-C�ur. Elle jette, certes, une clart� plausible sur la fili�re emprunt�e par les hommes de Bigeard pour remonter jusqu�� l�endroit o� se dissimulait Ben M�hidi. Echafaud�e sur des informations solides et des recoupements convaincants, elle se donne comme point de d�part l�arrestation de notre courtier de l�agence Zannettacci. Une fois ce dernier neutralis�, les paras auraient, conform�ment � la pratique polici�re habituelle, perquisitionn� dans son bureau et � son domicile. C�est en fouillant dans ses papiers qu�ils seraient tomb�s sur la fameuse liste des appartements et studios vendus au CCE sous des pr�te-noms. On devine la suite, visite � chaque adresse mentionn�e, et irruption chez Ben M�hidi, dans le pied-�-terre du 5, rue de Bettignie, lequel �tait compris dans le lot. Ainsi reconstitu�e, cette version exclut toute allusion � une capture de Si Larbi cons�cutivement � des aveux obtenus sous la torture. Mais, encore une fois � et je le crois � nul obstacle n�emp�che d�opter pour l�autre �ventualit� : celle de la capture en pleine rue. Pour ma part, l�essentiel � prendre en consid�ration est que, dans les deux cas :
� primo : il n�y a eu de d�nonciation en provenance de quiconque
� secondo : Ben M�hidi a �t� la victime impr�vue presque anodine, des fantaisies arbitraires du hasard.
Encore une fois, ma conviction intime est que Ben M�hidi a succomb� � une esp�ce de d�sinvolture d�solante du destin. Les d�crets dict�s par ce destin s�av�rent en effet d�terminants quelle que soit l�hypoth�se retenue. Que l�on privil�gie la premi�re, et ces d�crets �taient susceptibles de frapper n�importe quel autre membre du CCE en train de marcher dans une art�re de la capitale. Que l�on s�en tienne � la seconde, et c�est moi-m�me qui aurais d� �tre la cible de la malchance. Car, s�il y avait un semblant de coh�rence, un minimum de rationalit� dans la spirale des �v�nements catastrophiques qui ont atteint la Zone autonome de plein fouet, Ben M�hidi n�aurait jamais �t� pris. Je l�aurais �t� � sa place, en bonne logique, et deux fois plut�t qu�une : d�abord parce que j�aurais pu mettre Si Larbi ailleurs, et continuer � s�journer dans le studio o� il a �t� neutralis�, ensuite parce que je m��tais rendu � ce m�me studio pour le chercher en vue de son �vacuation en wilaya IV, ignorant que les paras m�y avaient pr�c�d�. Si, apr�s l�avoir emmen�, ces derniers avaient �tabli aux alentours un dispositif discret de surveillance, nul doute que je serais tomb� dans leur pi�ge. Les d�s du sort en ont d�cid� autrement. Ils ont jou� � fond contre notre infortun� compagnon et, par leur biais, c�est la volont� de Dieu qui s�est accomplie.
(1) D�sign� en ao�t 1956 par le congr�s de la Soummam, le CCE n�a commenc� � si�ger qu�un mois apr�s � Alger.
(1) CNRA : Conseil national de la r�volution alg�rienne, �lu par le congr�s de la Soummam, charg� de d�signer le CCE et de d�finir la politique du FLN.


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