L'arr�t dit Bosman, rendu il y a dix ans, le 15 d�cembre 1995 � Luxembourg par la Cour europ�enne de justice (CEJ), a marqu� le d�but d'une nouvelle �re pour le monde du football et du sport professionnel en lib�ralisant le syst�me des transferts de joueurs. Aujourd'hui encore, Lars- Christer Olsson, actuel secr�taire g�n�ral de l'Union europ�enne de football (UEFA), qualifie de "choc" cet arr�t cons�cutif � la plainte d'un joueur belge, Jean-Marc Bosman, r�volt� en 1990 de ne pouvoir quitter librement et sans frais son club, le FC Li�geois, alors que son contrat �tait arriv� � son terme. Apr�s cinq longues ann�es de proc�dure contre les pontes du football, Bosman obtiendra gain de cause. Au nom de la libre circulation des travailleurs de l'Union europ�enne (UE), la CEJ mettra fin au syst�me des transferts payants des joueurs en fin de contrat, mais aussi aux quotas de nationalit� qui limitaient le nombre de joueurs �trangers par club. L'UEFA et la FIFA (F�d�ration internationale de football), qui avaient toujours fonctionn� comme si elles b�n�ficiaient d'une exception sportive leur permettant d'�chapper aux contraintes des l�gislations nationales et europ�ennes, sont brutalement rappel�es � l'ordre. "Le sport professionnel, en qualit� d'activit� �conomique, n'est pas au-dessus des lois", leur dira la CEJ. Officiellement, tant l'UEFA que la FIFA continuent de regretter la d�cision qui "�te les garde-fous pr�servant les sp�cificit�s du jeu". En coulisses, le lobbying se poursuit pour, qu'un jour, l'exception sportive soit pleinement reconnue par un Trait� europ�en. "Apr�s Bosman, l'�cart s'est creus� entre les clubs riches et les plus pauvres. L'int�r�t des comp�titions souffre de cette diff�rence", note M. Olsson. "Les transferts se sont multipli�s et beaucoup de clubs ont perdu leur identit� r�gionale", d�plore encore le dirigeant de l'UEFA. L'effet de l'arr�t Bosman a encore �t� amplifi� par d'autres d�cisions faisant jurisprudence, comme l'arr�t Malaja, en 2002, qui �tendra la libert� de circulation des joueurs � tous les pays (plus de 80) ayant sign� des accords de coop�ration avec l'UE. Exemple spectaculaire: en Belgique, l'�quipe de Beveren (1re division) aligne parfois un "onze" compos� � 100% de joueurs ivoiriens. Les d�fenseurs de Jean- Marc Bosman, � qui les dirigeants de la FIFA et de l'UEFA avaient reproch� de conduire le football vers l'effondrement �conomique, en raison de la soudaine gratuit� des transferts, constatent aujourd'hui "qu'il n'y a pas eu de catastrophe". "Le football ne se porte pas si mal, les �sponsors� affluent et les droits de t�l�vision explosent", constate le Belge Jean-Louis Dupont, l'un des avocats de l'ancien joueur. "O� est la catastrophe ?", demande-t-il, en reconnaissant toutefois que "les clubs des petits pays souffrent car ils �voluent sur un march� �conomico-sportif national trop �troit" et donc peu rentable, "alors que le march� de l'emploi est d�sormais europ�en", explique l'avocat. Les observateurs qui craignaient que l'instauration des transferts libres nuit � la formation des jeunes ont eux aussi �t� partiellement rassur�s, constatent les pro- Bosman. Avec l'accord de la Commission europ�enne, la FIFA a mis en place un syst�me d'indemnisation des clubs formateurs. La Commission a �galement accord� � la FIFA de pouvoir limiter les transferts � deux p�riodes dans l'ann�e (en fin de saison et � la mi-saison) afin de garantir l'int�grit� des comp�titions. Le dialogue entre autorit�s politiques et sportives se poursuit: la FIFA et l'UEFA militent actuellement pour pouvoir imposer aux clubs d'aligner un minimum de six joueurs nationaux au d�but de chaque match. L'arr�t Bosman n'a pas fini de faire d�bat.