Il y a quelques ann�es, Allal Gormane, alors coach du CRB, s��croulait sur le terrain, victime d�un accident cardiaque. Depuis, il a subi une longue p�riode de soins et de convalescence, et les m�decins lui ont conseill� d��viter des situations stressantes. Aujourd�hui, il a d�cid� de revenir s�occuper des jeunes au Chabab qui ont ainsi la chance de b�n�ficier de l�exp�rience et du savoir-faire d�un entra�neur courageux � la p�dagogie tr�s appr�ci�e. Quel est votre r�le exact au CRB ? Je suis un genre de coordinateur sportif. Je suis charg� de l�application des programmes d�entra�nement au niveau des jeunes avec M. Boudjenoun qui est DTS. Moi, c�est le c�t� p�dagogique. Est-ce que le fait d�avoir dirig� des �seniors� puis de revenir chez les jeunes cat�gories est int�ressant ? Oui, c�est une bonne chose et cela devrait se g�n�raliser surtout quand un entra�neur a atteint un certain �ge. Il devient plus p�dagogue et les jeunes ont toujours tendance � mieux respecter une personne �g�e. Apr�s votre accident cardiaque il y a quelques ann�es, vous ne pouviez plus diriger des �quipes de foot ? Oui, c��tait en 1997 je crois. On venait de perdre en coupe d�Alg�rie contre une modeste �quipe de Saoula et juste apr�s on avait accueilli le WA Tlemcen. Pratiquement, tous mes joueurs titulaires �taient sous les drapeaux et ils �taient consign�s dans les casernes. Ce jour-l�, je m��tais �croul� sur le terrain et je suis rest� longtemps inactif. Ensuite, les m�decins m�ont autoris� � reprendre le chemin des bancs de touche mais � condition que ce soit dans un milieu o� il n�y a pas de stress. Evidemment, chez les jeunes c�est moins stressant que chez les �seniors�. Est-ce que pendant votre convalescence, les dirigeants du CRB vous ont soutenu ? D�j�, le jour o� je me suis trouv� mal, c�est un supporter qui m�avait accompagn� chez moi dans sa voiture alors que les dirigeants b�louizdadis de l��poque n�avaient pas bronch�. C��tait sous la pr�sidence de qui ? A l��poque c��tait Djillali Selmi qui �tait le pr�sident du CRB et ce qui m�avait fait le plus mal, c�est que le Chabab avait remport� le titre plus tard, et on n�a jamais pens� � m�inviter aux diff�rentes r�ceptions qui avaient suivi. Comme quoi, les gens sont souvent ingrats. Est-ce que les journalistes sportifs vous ont t�moign� la m�me ingratitude ? Non, au contraire, et je tiens � rendre hommage aux journalistes qui m�ont souvent appel� chez moi pour me t�moigner leur sympathie de m�me que la plupart des entra�neurs. D�ailleurs, je n�ai pas gagn� beaucoup d�argent comme entra�neur mais j�ai appr�ci� le fait que des supporters de tout le pays s�inqui�tent de mon sort et cela c�est le plus beau capital. Est-ce vrai qu�au niveau des jeunes, le r�sultat prime ? Oui et c�est malheureux de le constater. Ce qui est plus grave c�est que m�me chez les juniors la combine existe. Je ne veux pas citer, les noms des clubs mais cela me fait mal au c�ur. Personnellement, ma satisfaction serait de voir ces jeunes parvenir � s�imposer chez les seniors, mais je ne comprends pas ces entra�neurs qui veulent s�adjuger un titre en trichant. Vous lancez un cri d�alarme ? Oui , tout � fait pour que les responsables concern�s s�int�ressent � ce qui se passe chez les jeunes. La combine est un fl�au qu�il est temps de le combattre s�rieusement. Mais quand les jeunes du CRB disputent un match, vous leur dites de gagner ou de se faire plaisir ? Sinc�rement, moi je leur dis de bien jouer tout simplement. Certes, j�ai d�j� entra�n� les �seniors� et l� le r�sultat compte, mais chez les jeunes, quand vous remportez un titre, personne n�en parle et l�important c�est de pr�parer la rel�ve. Mais ce qui me d�sole, c�est que lorsque des jeunes ne gagnent pas, certains responsables ne sont pas contents. A propos de responsables, vous avez la particularit� d�avoir travaill� au CRB pendant une longue p�riode et vous avez connu quatre pr�sidents ? Oui, j�ai travaill� avec le regrett� A�t Igrine, Lefkir, Selmi et aujourd�hui Ali Farah. Quelle est la diff�rence entre eux ? Lefkir ne s�occupait que des seniors, s�il avait pu trouver un r�glement lui permettant de ne pas avoir de cat�gories jeunes, il l�aurait appliqu�. Selmi, je dirai de lui que c��tait un philosophe et un connaisseur du football, car il ne faut pas oublier que c�est un ex-joueur du CRB et de l��quipe nationale. C�est un homme pieux et �l�gant qui ne mettait pas la pression sur les entra�neurs. Mais je voudrais rendre hommage � M. A�t-Igrine �Allah y rahmou�, � travers une anecdote. On vous �coute ! D�abord, c�est gr�ce � A�t Igrine que le CRB peut jouir des infrastructures du Caroubier. Ensuite, un an apr�s que je sois tomb� malade, il m�avait convoqu� dans son bureau et m�avait dit : �Allal, je suis pr�t � te prendre en charge dans n�importe quelle maison de repos, ici ou � l��tranger. Une fois que tu seras compl�tement gu�ri, tu seras le bienvenu au CRB et si tu veux devenir pr�sident je te c�derai mon si�ge�. Ce jour-l�, j�ai pleur� comme un gamin devant une telle reconnaissance d�un homme, un vrai ! Et que diriez-vous de Ali Farah, l�actuel �boss� b�louizdadi ? Ah ! Farah c�est le vrai d�mocrate. Il travaille en pleine concertation avec tout le monde et il sait d�l�guer ses pouvoirs � des personnes qu�il responsabilise. Il faut dire qu�il y a des hommes avec lui et croyez-moi depuis que j�exerce dans le football, je n�ai jamais vu une commission de jeunes aussi dynamique dans un club. On a dit souvent qu�� douze ans, le footballeur alg�rien est plus fort que l�Europ�en, mais ensuite c�est l�inverse. Vous avez une explication ? C�est vrai que nous avons une bonne p�te. L�Alg�rien d�s sa naissance est un footballeur. Je vois des gamins de dix ans r�aliser des promesses techniques extraordinaires. Mais ce n�est pas tout parce que nous avons des probl�mes d�infrastructures. Au CRB, les jeunes s�entra�nent au Caroubier, et ne peuvent pas disposer du stade du 20-Ao�t. Ensuite, il y a les horaires scolaires. En Europe, les �coles s�arr�tent � 15 heures pour permettre, aux �coliers de s�adonner � une activit� culturelle ou sportive. En Alg�rie, c�est � 17 heures que les enfants sont lib�r�s ce qui fait que c�est un peu trop tard pour qu�ils puissent venir s�entra�ner. Enfin, il y a aussi un probl�me de mat�riel p�dagogique. C�est-�-dire ? En France, les jeunes peuvent compter sur une machine lance-ballons pour l�entra�nement des gardiens et des exercices de reprises de volley. Chez nous, c�est � peine si on a des ballons en nombre suffisant. Enfin, il ne faut pas oublier que le football �volue et qu�il faut instituer un recyclage permanent des entra�neurs. Est-ce � dire que vous �tes d�accord avec le ministre quand il dit que nous n�avons pas des comp�tences ? Non, des comp�tences il y en a, mais il est normal de r�actualiser leurs connaissances et il faut payer les entra�neurs de jeunes � leur juste valeur parce que c�est eux qui p�trissent la p�te de demain. Personnellement, apr�s tant d�ann�es, presque tous les clubs que j�ai dirig�s me doivent de l�argent. Y compris le C RB ? Oui, y compris le Chabab Et quels sont les autres clubs ? Il y a le MOB, le RC Arb�a ainsi que le club de Birkhadem. Ce sont des pratiques qui ne motivent pas les entra�neurs. Un recruteur du RC Lens nous a r�cemment r�v�l� que les clubs pros prenaient des radiographies du poignet et de la hanche des jeunes pour les s�lectionner et recruter les plus costauds. Qu�en pensez-vous ? Ce n�est pas �tonnant. Il y a des normes et les premiers tests qu�on fait passer aux jeunes en Europe ce sont des tests morphologiques et physiologiques avant de les voir � l��uvre sur le terrain. Le football de demain ne pourra �tre pratiqu� que par des �g�ants� Oui, c�est une tendance qui s�affirme. Le football moderne est beaucoup plus physico-tactique que technique. Quand on voit aujourd�hui des avants-centres qui mesurent pas mois de deux m�tres, on est bien oblig� de trouver des d�fenseurs aussi grands pour les contrer. Dommage pour le spectacle et le technique, mais c�est ainsi.