La concession des plages est la nouvelle strat�gie touristique qui a du succ�s. Les pouvoirs publics y tiennent en d�pit de l�exploitation anarchique des plages qui reste toujours en vigueur. Neuf sites implant�s dans sept communes, Kef-Fatma (Ben- Azzouz), Guerbez (Djendel- Mohammed-Sa�di), Kerkera (Ben- Zouit), Ben M�hidi (Skikda), Oued- Legsab et Oued-Righa (Filfila), A�n- Zouit (Grande-Plage) A�n-Daoula et Teleza (Collo) ont �t� retenus suite � un appel aux ench�res et ce, pour l�octroi du droit � l�usage et � l�exploitation touristiques des plages, publi� le 14 juin 2005, dans un quotidien r�gional de l�Est. Quinze soumissionnaires ont pr�sent� leurs offres pour les six derni�res plages cit�es. Parmi eux, six ont �t� retenus. En revanche, aucun soumissionnaire n�a d�pos� son dossier pour les trois autres plages. Ces six nouvelles concessions s�ajouteront aux huit attribu�es la saison pr�c�dente et qui sont implant�es � la Marsa, Tamanar, les Platanes (2 dont une d�faillante), Ben M�hidi (2), Collo (2 : h�tels Torche et Teleza). Trois autres concessions ont �t� accord�es, suite � une d�cision du wali. Les b�n�ficiaires sont les g�rants des h�tels class�s qui peuvent r�aliser une extension de leurs activit�s h�teli�res � travers une concession d�une plage. Les h�tels sont Essalem, Bougaroun et Concorde de Sa�di Nadir, le g�rant du Titanic. Elles auront pour objectifs de contribuer � l�essor du tourisme, de s�impliquer, dans un souci environnemental, � la protection du littoral et au nettoyage des plages, de cr�er de l�emploi et de lutter contre l�anarchie et l�ill�galit� s�vissant sur les c�tes. Ceci en th�orie. Une randonn�e p�destre tout au long de la c�te de Larbi-Ben M�hidi est apparemment utile pour lutter contre les effets de la s�dentarit� ! La plus grande c�te de Skikda, qui dispose de pr�s de 10 km de plages pourrait �tre un �barom�tre � pour �valuer la r�ussite de la saison estivale, ou son �chec, lequel sera imput� � l��l�ment humain. Pour preuve, des 4 milliards de centimes allou�s � la saison estivale, plus de 50 % ont �t� destin�s aux communes de Skikda et Filfila, qui englobent la plus grande c�te de la wilaya, des 29 op�rations lanc�es, 10,06 pour la premi�re et 4, pour la deuxi�me, ont cibl� cette c�te. L'APC de Skikda a d�bours� 2 milliards de centimes, touchant aussi Stora, et celle de Filfila aurait d�bours� 481 millions de centimes. La concession �Titanic� : une ambiance branch�e Premi�re escale, la concession Titanic, appartenant � Sa�di Nadir. Elle lui a �t� attribu�e l�an dernier, suite � une d�cision du wali, dans le cadre de l�extension des activit�s h�teli�res de l�h�tel Concorde. Une chanson de Francis Cabrel fait vibrer le sable. L�accueil est chaleureux. Et pas seulement du g�rant, le serveur �Badjingo�, le �chouchou de la plage�, comme on le surnomme, y contribue � sa mani�re. La concession est d�une superficie de 5 000m2, elle est dot�e de deux terrasses, de restauration et de fast-food. Elle dispose de tentes acquises pour 7 millions l�unit�, nous dira le g�rant, �on vise toujours l�innovation, pour chaque saison, on soigne le look. Les prix sont abordables, par rapport � l�h�tel Es Salem, bien s�r les prix varient selon que le client prend son d�jeuner au restaurant ou apporte son propre repas, cela peut passer du simple au double�. On est vite branch� � l�ambiance qui y r�gne. Cette derni�re ressemble, toutes proportions gard�es, � celle des villes de Dunkerque et de Calais, aux dires d�un �migr�, un fid�le client : �C�est mon lieu pr�f�r�, je viens chaque ann�e, la s�curit� est garantie et la cuisine est vari�e. Il y en a pour tous les go�ts�. Sa fille, Sirine de Lille, r�sume en un mot la situation : �Tout est bien.� Une Fran�aise profitant de notre venue abordera la question s�curitaire : �Avant notre venue, on avait des appr�hensions li�es au terrorisme et aux probl�mes s�curitaires en Alg�rie, notamment � Skikda, mais c�est de l�intox. Concernant cette concession, les gens son plus sympas qu�� Saint- Tropez.� Deux estivantes de Constantine, qui passent leur �t� r�guli�rement � Titanic et � Bona- Beach, sont �galement satisfaites de l�accueil et de l�atmosph�re ambiante, �bien que, il faut le pr�ciser, � Bona-Beach, c�est plus anim�. Bleu-Azur, la premi�re plage priv�e d�Alg�rie : le d�senchantement au bout des plantes A quelques centaines de m�tres, la premi�re concession priv�e d�Alg�rie, �Bleu Rivage� appartenant � Belaksir Abderezak, se cache par lassitude, elle est cog�r�e par un handicap� moteur, champion en natation. �Il vaut dix personnes, il se d�m�ne comme un vrai combattant avec six autres employ�s pour garantir la s�curit� et le confort des clients�, dira le responsable. Cette concession est dot�e d�un petit local � la couleur bleue, elle a le sable le plus fin et peut-�tre le plus propre de la c�te, �l�op�ration de nettoiement du site a �t� effectu�e rigoureusement au mois d�avril�, nous dira le g�rant. Et d�encha�ner : �On a �galement r�ussi le pari de faire des plantations sur le sable. On dirait pas la Sicile ici ?� Sept familles alg�roises se d�placent chaque saison pour venir se baigner dans le cercle bien s�curis� du �Bleu Rivage�, a 500 DA la table et quatre chaises, c�est ce que nous affirme Belaksir. �Ces plantes, je vais les emporter avec moi�, dira notre interlocuteur, visiblement tr�s d��u. Il s�explique : �Je suis vraiment d��u, j�ai eu l�honneur, et Skikda avec, d�avoir la premi�re plage priv�e d�Alg�rie attribu�e par l�APC RND de Skikda en 1998. J�avais �labor� un programme consistant � nettoyer les quatre sites que j�ai cibl�s et r�alis� pour chacun d�eux une activit� sp�ciale. Pour les deux premiers, j�envisageais de faire deux plages priv�es avec toilettes et douches, le troisi�me site est un espace id�al pour la p�che, le quatri�me devait abriter le projet d�un centre d��quitation durant les neuf mois de l�ann�e, pendant la saison estivale, les chevaux seront lou�s � la Gendarmerie nationale pour que ces �l�ments se d�ploient confortablement le long des plages. Mais rien ne sera r�alis�. Il rectifie le tir : �Oui � part cette concession, rien n�a abouti, m�me cette derni�re est bloqu�e dans sa mission, vous n�avez qu�� constater la concurrence d�loyale s�vissant le long de la c�te pour se rendre compte du mal qu�on nous fait.� La suite de notre parcours confortera ses dires. En quittant les lieux, nous n�avions cess� de �ruminer� cette sentence lourde de sens : �Lorsque Jeanne d�Arc s�est sacrifi�e pour le Christ, les Chr�tiens lui ont donn� une rose, mais lorsque Larbi Ben M�hidi s�est sacrifi� pour l�Alg�rie, ceux qui ne connaissent pas sa valeur, lui ont rendu un d�potoir.� La plage Aya : troisi�me escale Juste en face de la Caravelle, une concession la Plage Aya attribu�e l�an dernier. �Nous avons commenc� � travailler le 27 Juillet 2005, la saison tirait � sa fin, on a eu juste le temps de s�installer et de nous faire conna�tre�, nous dira le g�rant Bouzera� Fouad. L�endroit est sympathique, 5 employ�s veillent � la s�curit� de leurs clients, l�espace est r�serv�, uniquement aux familles. D�ailleurs, juste apr�s avoir foul� le sable, un agent nous apostrophe : �Etes-vous en famille, khouya ?� �Non�, lui r�pondonsnous, en d�clinant notre profession et en demandant le g�rant. Le jeune enfin soulag� nous prie de quitter les lieux et fait signe furtivement au g�rant de venir. Cette appellation tire son origine de la fille du g�rant, Bouzera� Fouad. Ce dernier d�plorera le probl�me d�eau et� la concurrence d�loyale. Il soulignera aussi, concernant l�id�e des concessions, que �c�est une tr�s bonne id�e, mais elle est un peu tardive, on aurait pens� � la lancer dans les ann�es 1997, 1998 et 1999, car avec le recul on constate que beaucoup de mal a �t� fait � la r�gion de Larbi-Ben M�hidi, � cause du banditisme, de la criminalit� et l�IPM (ivresse publique manifeste ) qui ont caract�ris� les plages en p�riode estivale�. Et d�encha�ner : �Le manque d�hygi�ne serait aussi l�un des facteurs qui aurait fait fuir les estivants, comme en t�moignent les 56 sacs emplis de bouteilles de vin et de boissons alcoolis�es et les trois tracteurs de bois que nous avons compt�s lorsque nous avons nettoy� le site avant notre installation.� Un Constantinois, qui n�est pas �Fumeur de th�, comme il l�annonce lui-m�me, nous d�clare : �Je viens chaque jeudi avec ma famille pour go�ter � la paix, c�est propre et s�curis�, payer 400 DA pour une table et quatre chaises en plus des 50 DA pour le stationnement, est raisonnable, � mon humble avis.� Nour-Beach : la m�tamorphose d�un d�potoir en �paradis bleu� La concession de La�la Mohamed, implant�e � la plage de Oued-Gatt relevant de la commune de Filfila, est une merveille, celui qui ne conna�t pas cet ancien lieu de d�bauche, sale et repoussant, ne peut pas constater le changement. Son g�rant, et en m�me temps celui d�une entreprise de nettoiement, a r�ussi le pari : celui de m�tamorphoser, et en un mois de travaux entam�s l�an dernier (ce qui a abouti � l�extraction de l��quivalent de 5 tracteurs de bouteilles de vin, un d�potoir � ciel ouvert) en un espace convivial, accessible il a dress� une rampe, con�ue � l�aide de troncs d�arbre et de sacs de sable. Le site est fractionn� en deux, un pour les familles et un autre pour les particuliers. La concession se distingue par rapport aux trois autres que nous avons visit�s par deux innovations. La premi�re, le nombre d�employ�s est de douze dont trois de la r�gion de Filfila, ce qui repr�sente le double du nombre signal� par les autres concessionnaires. �Le nombre de clients peut parfois atteindre quinze personnes les week-ends�, nous dira La�la. La deuxi�me, c�est la �libert� du client, il n�y a pas �d�exigences�, il est libre de prendre une table, ou un parasol ou une chaise, �on a essay� de toucher toutes les bourses, le plagiste peut louer un parasol � 100 DA, une chaise � 50 DA, ou une table � 100 DA, libre � lui de choisir l�un de ces accessoires, pourvu qu�il loue l�un d�eux, c�est l�essentiel�, nous explique le g�rant. La plage est �quip�e de jeux aquatiques pour enfants et de piscines pour b�b�s, accord�s gracieusement. La s�curit� est garantie �galement gr�ce � des chiens. La�la Mohammed ne cache pas aussi sa d�sapprobation quant au pullulement des concessionnaires �ta�wan� et aux proc�dures administratives qui entravent le bon d�roulement des affaires. Ambitieux, il compte sur la bonne volont� des pouvoirs publics, pour le soutenir dans sa d�marche, celle d�apporter encore des nouveaut�s pour l�essor du tourisme : �J�ai une �tude que je compte concr�tiser, elle est co�teuse ; mais �a vaut le coup�, dira-t-il et d�encha�ner : �Gageons qu�on ne nous bloque pas, le directeur du tourisme nous a beaucoup aid�s, nous esp�rons qu�il continue dans sa d�marche.� Deux concessions implant�es � Oued-Gatt et Oued-Righa attendent la d�cision d�attribution sign�e par le wali. En effet, jusqu�au 5 ao�t, les concessionnaires n�avaient pas encore install� leurs �quipements. L�un d�eux, Sa�dallah Abdelaziz, alias Zizou, ancien �migr�, ne d�sesp�re pas pour autant, �je viens cl�turer le p�rim�tre de mon site et mettre des chaises et des tables pour la client�le, histoire de travailler au moins durant la derni�re quinzaine d�ao�t. Pour l�am�nagement du site affect� au parking, le SG de la commune de Filfila, nous a promis de nous donner un coup de main, � condition, bien s�r, qu�on soit muni d�un agr�ment d�livr� par les instances comp�tentes. On va, esp�rons-le, honorer le tourisme � Skikda�. La concurrence d�loyale : une plaie pour les commer�ants skikdis Au terme de notre petit p�riple, deux faits m�ritent d��tre signal�s. Le premier : tous les concessionnaires l�gaux d�plorent la concurrence d�loyale. En effet, si on compte les espaces non payants et au service moins honorable, mais bien r�mun�r�s pour leurs �propri�taires �, sur le long de la c�te, ils seraient, � coup s�r, plus nombreux, que ceux dont les concessionnaires ont pay� un minimum de 9 millions de centimes la saison. Selon les dires d�un estivant, �ils doivent �tre bien �paul�s ces gars pour se permettre le luxe de louer des espaces comme �a�. A noter aussi que les quatre hommes, en v�ritables sportifs, s��changent �loges et encouragements. Le deuxi�me : �Parasol Khouya ?� Une demande r�currente qui a agress� nos oreilles. En effet, tous les vingt m�tres, des jeunes bien bronz�s, ne d�passant pas les 25 ans, alignent des parasols et des maillots pour les louer aux estivants, vous accostent gentiment, sourires aux l�vres, en pronon�ant cette formule magique. Le s�same pour une jeunesse d�s�uvr�e. Il y a aussi cette vid�o. Notre vue est tortur�e par la pr�sence de la couleur verte. En l�absence des espaces verts en milieu urbain, cette trouvaille en milieu c�tier, n�est gu�re une r�ussite. Selon plusieurs estivants la s�curit� serait le volet le plus r�ussi de cette saison. Nous terminons notre �randonn�e� par un constat plut�t d�cevant, et qui est le d�nominateur commun de toutes les concessions, absence d�infirmerie pour assurer les premiers soins, pourtant inscrite dans les cahiers des charges.