Ne voyant rien bouger apr�s avoir alert� toutes les autorit�s hi�rarchiques, Louriachi Kaci, le pr�sident de l�Assembl�e populaire de Boudouaou-El-Bahri (wilaya de Boumerd�s), a contact� la presse pour tirer la sonnette d�alarme. En effet, au vu de ce que nous avons constat� et entendu, il existe malheureusement � Boudouaou-El-Bahri, agglom�ration situ�e � moins de 30 km de la capitale de la R�publique alg�rienne, des endroits o� le premier magistrat de la commune n�ose pas se rendre au risque de se faire tabasser. Plus pr�cis�ment des zones de non-droit se mettent � la lumi�re du jour dans cette localit�. Et pour cause, lors de notre tourn�e, samedi dernier, en sa compagnie, arriv�s � environ 500 m d�une construction illicite, na�vement et sans mesurer peut-�tre la gravit� de ses propos, il avait dit : �Arr�tons-nous l�. Plus loin nous risquons d��tre agress�s.� La villa en question est en construction en R+1. L�auteur, d�sign� comme �tant un pilleur de sable notoire (nous y reviendrons) a accapar� environ 1 000 m2 de terrain appartenant, selon Louriachi, au domaine de l�Etat pour �riger cette b�tisse. Apr�s deux arr�t�s de d�molition, deux r�quisitions des forces de s�curit�, documents que nous a montr�s le P/APC, et une lettre au wali, le jour convenu pour la d�molition � suppos�, selon le maire, confidentiel �, les services de l�APC et les gendarmes s��taient pr�sent�s devant le chantier ill�gal pour proc�der � la d�molition, mais ils trouvent devant eux une meute arm�e de gourdins, de pioches et divers autres �munitions�. Les agents de l�Etat ont �t� par cons�quent emp�ch�s d�ex�cuter leur mission. �J�ai �t� insult�, menac� et humili� en tant que repr�sentant du peuple et de l�Etat alg�rien, et ce, en pr�sence des services de s�curit�, nous a d�clar� am�rement le P/APC qui a ajout� : �Il aurait fallu que j�exhibe une menace de d�mission pour que les autorit�s daignent bouger et proc�der � l�arrestation du constructeur qui a pass� seulement deux mois en prison.� A sa sortie, ce dernier qui, rappelons-le, s�est rendu coupable d�incitation � attroupement, d�obstruction � l�ex�cution d�une d�cision de l�Etat, d�insultes et de menaces envers corps constitu�s et d�avoir en outre viol� les lois portant notamment la protection de l�environnement, la protection du rivage celle se rapportant � la construction et l�urbanisme mais �galement les lois 87/19 concernant l�agriculture et celle d�terminant la propri�t� de l�Etat sur des terrains domaniaux, a repris tranquillement sa construction. Voyant que l�Etat a �t� d�fait et que ses agents humili�s et chass�s comme des intrus, les autres citoyens ont suivi l�exemple pour lancer des constructions illicites qui ont augment�, ces derniers mois, de mani�re effarante. �Nous avons �tabli plus de 200 arr�t�s de d�molition�, affirme Louriachi. A cela s�ajoute le blocage au niveau de la wilaya. Le projet de restructuration comprenant 900 lots de terrain est, en effet, en souffrance, selon les responsables communaux, depuis 2003. �Nous avions s�lectionn� 17 sites et r�alis� l��tude en cons�quence qui nous a co�t�, par ailleurs, 5 millions de dinars. Le dossier a �t� ficel� et les documents techniques et juridiques remis en 2003 � la wilaya. Nous avions comme ambition d��radiquer une grande partie de ces constructions illicites. A ce jour, aucune d�cision n�a �t� prise�, constate le maire. Son premier vice-pr�sident pr�cise : �Comme les citoyens auxquels nous avions promis des solutions n�ont rien vu venir, ils ont mis � ex�cution leur propre solution.� Certains constructeurs ont �rig� des bidonvilles dans la commune uniquement dans la seule perspective de piller le sable. C�est le cas de ceux qui occupent les terres de l�EAC Guigah o� sont install�s environ 80 baraquements par des individus originaires, d�apr�s le maire, de A�n Boucif, M�Sila et des localit�s du sud de M�d�a. Dans les parages r�gnent une salet� et une odeur insoutenables. Les �nes et les mulets sont plus nombreux que les humains. �Ils sont utilis�s pour transporter du sable de la plage vers les endroits accessibles aux camions�, nous renseigne notre guide. Peut-�tre � l�occasion ils passent �galement � l�abattoir pour �tre �coul�s comme viande consommable comme cela s�est d�j� fait. Au niveau de l�EAC Haouchine, le P/APC d�couvre, en m�me temps que nous que quelqu�un a construit durant le week-end un mur d�une trentaine de m�tres sur les terres de l�EAC et des domaines. Dans un proche avenir, le chantier illicite, bien entendu, sera, sans aucun doute, lanc� pour construction d�une villa sur des terres qui appartenaient � l�Etat mais qui sont d�sormais orphelines de leur propri�taire. Le maire d�plore : �D�s que je serai au bureau j�enverrai une mise en demeure qui ne servira probablement � rien.� Dans cette commune d�environ 12 000 habitants, plus de 500 constructions illicites ont �t� recens�es. Devant l�absence de l�Etat, des citoyens n�h�sitent plus � s�emparer des terres domaniales, communales ou agricoles. On se croirait au temps de la conqu�te de l�Ouest am�ricain. Le premier responsable communal nous d�signe un cas pour lequel le concern� avait b�n�fici� d�un F3 dans le cadre du logement social. �Il l�a vendu avant de se lancer dans la construction illicite et il n�est pas le seul�, dit-il. L�homme a �rig� sur les terres de l�EAC Gourari une cl�ture en parpaing de 15x15 m et sans aucun souci il construira son habitation. Les automobilistes qui passent par la RN24 verront immanquablement des �difices hideux � hauteur des chalets des sinistr�s. �Sur les 15 commer�ants qui avaient b�n�fici�, en 2003, sur instruction du wali, d�autorisation apr�s le s�isme pour s�installer provisoirement � proximit� des chalets, 14 d�entre eux avaient accept� notre proposition pour le transfert de ces baraques vers un lieu am�nag� en march� convenable. Le 15e avait refus�. Voyant que cette situation de blocage persistait, les autres sont revenus pour b�tir ce que vous constatez�, s�indigne le P/APC. Le cas des 16 coop�ratives avait fait couler beaucoup d�encre, 16 b�timents se construisent, en effet, pas loin du chef-lieu communal de Boudouaou-El-Bahri sur le terrain propri�t� de la municipalit� sans permis de construire et sans que les 96 b�n�ficiaires paient un radis pour son achat. �Nous ne sommes pas contre ces b�n�ficiaires ni contre ce genre d�initiatives, seulement la r�partition avait �t� effectu�e ill�galement par l�ancien P/APC bien apr�s les s�lections de 2002 et le trafic concernant les d�cisions a �t� prouv�. Il n�y a nulle trace de la majorit� des attributaires dans nos registres administratifs. Nous avons introduit une action en justice qui nous a d�sign� un premier expert dont l�adresse n�existe m�me pas, idem pour le second expert, quant au troisi�me il avait effectu� une visite sur les lieux mais depuis nous l�avons plus revu. J�ai la conviction que l�on veut � tout prix �touffer cette affaire�. Ce que ne dit pas le maire, c�est qu�il y a effectivement des responsables de l�administration qui avaient b�n�fici� des largesses de l�ancien P/APC et qui avaient c�d� leurs droits moyennant des sommes importantes. Ceux qui poursuivent ill�galement la construction ont achet� en deuxi�me et en troisi�me main. A notre question sur le scandaleux pillage du sable ayant pour cons�quence la destruction irr�m�diable du potentiel agricole touristique et hydraulique de la localit�, la premi�re r�action du maire a fus� avec col�re : �Boudouaou- El-Bahri a �t� vendu !� Cela r�sume ce qui se d�roule quotidiennement et ce qu�il constate impuissant dans sa commune. Pour prouver ses dires, le maire nous accompagne � la plage situ�e � quelques centaines de m�tres � l�est du centre-ville de cette petite agglom�ration. �Vous voyez la hauteur de ce talus, c�est la cons�quence du pr�l�vement.� Le d�nivel� est d�environ 3 m. Sur 500 m toujours vers l�est de la plage, des traces de pneus de camions et de fosses, laiss�es par le pr�l�vement du mat�riau, sont nettement visibles. �Quand il (allusion au constructeur de la villa) travaille en plein jour, il le fait sans �tre inqui�t�. On a l�impression que c�est l�gal, c�est � croire qu�avec ses sept camions, il poss�de une entreprise r�glementaire. Il pr�l�ve dans la transparence�, explique am�rement le maire. Le vice-pr�sident intervient : �Comment se fait-il que dans la commune voisine R�gha�a (wilaya d�Alger) en l�occurrence, les routes aboutissent jusqu�au sable et pas un grain n�est pr�lev� ?� La question est pertinente. Les deux responsables nous ont fait part de l�existence, � proximit� de la station-service sur la RN24, d�une v�ritable Bourse du sable. Elle fonctionne, d�apr�s eux, tous les apr�s-midi. Aux gros pilleurs qui disposent de gros moyens s�ajoutent des dizaines de pilleurs qui utilisent les �nes et les mulets pour extraire et transporter le sable jusqu�aux voies carrossables. Au train o� cette destruction va, la zone d�expansion touristique (ZET), les centaines d�hectares de terres cultivables et le projet de construction d�un petit port de p�che ne seront qu�un souvenir pour cette commune. Par ailleurs, l�urbanisation sauvage et le pillage de sable charrient dans leur sillage la d�linquance et l�ins�curit�. En la mati�re, la situation de Boudouaou-El-Bahri se d�t�riore, selon nos informations, quotidiennement. Comme un malheur n�arrive jamais seul, la commune ne dispose pas de brigade de gendarmerie. C�est la brigade de Corso qui se charge de Boudouaou-El-Bahri. Or, celle-ci a fort � faire sur son propre territoire o� elle est en alerte permanente � cause d�un dangereux groupe arm� du GSPC qui r�de dans les parages et qui a � son actif plusieurs attentats meurtriers. De plus, elle s�occupe de nombreuses infrastructures, de trois immenses sites de chalets et des villages de la commune de Corso. A la fin de l�entretien avec les deux �lus et leur pr�sident, l�un d'eux s�est approch� de nous et amicalement il nous conseille de faire tr�s attention au sujet du pillage du sable. Apr�s tout ce que nous avions relev� de visu et les t�moignages recueillis aupr�s du maire et des �lus de cette APC, force est de convenir que l'inqui�tude de ces repr�sentants du peuple est fond�e. D�s lors, le commun des mortels ne peut que s�interroger. L�Etat arrivera-t-il � mettre fin � la destruction de son patrimoine et de cette collectivit� ? Fera-t-il bon usage de la loi pour prot�ger les citoyens, les biens et les institutions locales contre des individus sans scrupules ? En tout �tat de cause, les responsables, � tous les niveaux, sont vivement interpell�s.