L�omnipotence de l�Etat s�exprime chaque jour inexorablement. Dans son incapacit� historique � se d�mocratiser, il verrouille de plus en plus tous les espaces de libert�. Apr�s le harc�lement de la presse libre, du mouvement associatif, des syndicats autonomes, voil� qu�il passe � un cran sup�rieur dans sa mise au pas des libert�s syndicales, du droit � la gr�ve, en scellant avec l�UGTA un pacte dit national �conomique et social. Cet acte constitue une v�ritable abdication politique de la part de l�UGTA, nous ramenant � la p�riode du parti unique, des organisations de masse et des appareils appendices du pouvoir. Pi�tinant lois et Constitution, le pouvoir veut ainsi interdire l�exercice l�gitime du droit syndical, dont celui de gr�ve. Il affiche un m�pris de plus en plus intol�rable � l�encontre des travailleurs pour lesquels la rue demeure, d�sormais, le seul exutoire. Aucun dialogue, aucun d�bat contradictoire n�est permis ; tout est adopt� ou pl�biscit� � la hussarde, dans la pr�cipitation, la confusion et l�opacit� : concorde civile, charte pour la paix et la r�conciliation, pacte national �conomique et social� et bient�t la nouvelle Constitution. Tout ce qui peut faire ombrage � un pouvoir omnipotent est r�prim�. Apr�s le multipartisme de fa�ade, les farces �lectorales et r�f�rendaires, c�est au tour du monde du travail de subir l�humiliation de la domestication d�finitive d�une UGTA, d�j� bien mal en point en termes de l�gitimit� et de cr�dibilit�. Faisant durer le suspense des mois durant, de bipartite en tripartite report�es, apr�s un simulacre de n�gociations, la montagne accoucha d�une souris. D�cr�ter un SNMG de la honte et de la mis�re, face � un pouvoir d�achat �rod�, une paup�risation galopante, une injustice criante ; c�est accentuer la d�liquescence de la coh�sion sociale, pour ne pas dire sa rupture, avec une citoyennet� � deux vitesses : les dominants avec tous les droits, faisant fi de leurs obligations, et les domin�s, croulant sous tous les �devoirs� et des droits r�duits � une peau de chagrin. Finalement, cela ne fait qu�illustrer la double crise de l�Etat et de la Nation. La hausse des salaires, aussit�t proclam�e, est vid�e de son sens. Un vrai march� de dupes avec l�annonce de l�augmentation des cotisations sociales, du prix des m�dicaments, de l�eau, de l��lectricit� et du gaz. Ce que l�on donne d�une main est effront�ment repris de l�autre. De plus, cette augmentation n�atteint m�me pas le rattrapage de l��cart existant avec d�autres pays maghr�bins, ne disposant pas de la m�me manne p�troli�re. Le peuple continue � s�appauvrir alors que l�Etat s�enrichit, sans aucune perspective pour les g�n�rations futures. Cette escalade suppl�mentaire interpelle de nouveau les forces d�mocratiques du pays pour sortir de leur isolement. Face � un pouvoir qui, non content de consacrer l�alliance avec le courant islamiste conservateur et ses cons�quences n�fastes pour la R�publique et la d�mocratie, continue de verrouiller tout espace de libert�, pour assurer sa survie et sa reproduction, g�rant le pays dans l�opacit�, laissant bureaucratie et corruption prolif�rer de concert, compromettant ainsi toute politique s�rieuse d�investissement et de relance �conomique, les forces d�mocratiques doivent s�unir et se mobiliser Pour sa part, le CCDR a d�j� engag� un processus de concertation dans cette perspective tant souhait�e. A. B. * Secr�taire g�n�ral du CCDR