Hurlements, �vanouissements, d�nonciations de plus d�une centaine de personnes, toutes des proches des 63 jeunes harragas �g�s entre 17 et 40 ans, en prison depuis le 12 novembre 2006 et dont le proc�s a eu lieu hier matin au niveau du tribunal d�A�n-El-Turck. Cette col�re a �clat� apr�s que les familles eurent pris connaissance du verdict prononc� contre leurs enfants. Chacun a �cop� de deux mois de prison ferme et de 5 000 DA d�amende. Amel B. - Oran (Le Soir) - Partis de la mer ces jeunes ont finalement �chou� dans le tribunal d�A�n-El- Turck � quelques m�tres du large pour r�pondre du chef d�inculpation �d�embarquement ill�gal sur un bateau�, se basant en cela sur l�un des article 545) du droit maritime. Durant le proc�s, plusieurs pr�cisions nous ont permis de retracer au mieux le d�roulement exact de la m�saventure de ces jeunes. Au total, ils sont 75 personnes, 63 candidats � l��migration, le conducteur du bateau et son matelot. Ainsi, ces 65 personnes �taient poursuivies pour le m�me chef d�inculpation, quatre autres, sont toujours en instruction et sous mandat de d�p�t avec des chefs d�inculpation �d�association de malfaiteurs et de facilitation d�embarquement illicite�. Cinq autres dont le principal cerveau du r�seau ici � Oran sont toujours en fuite. Nous apprenons �galement � travers le d�roulement du proc�s que parmi les 65 accus�es, figure un Marocain. D�o� la fili�re internationale, puisque ce dernier a pay� sa place au Maroc, plus, pr�cis�ment � Dar-El- Be�da et n�a fait que suivre les instructions pour entrer en contact avec le r�seau des passeurs ici � Oran au niveau d�Es-Seddikia. Le d�roulement de leur �aventure� �tait tel un �voyage organis� : le r�seau �tait organis� en sorte que chacun avait un r�le � tenir. Il y a les rabatteurs charg�s de sillonner les quartiers populaires d�Oran et les caf�s pour �annoncer� aux jeunes qui voulaient se joindre � cette travers�e de r�unir la somme de 15 millions de centimes et pour les retardataires, c�est-�-dire ceux qui furent pr�venus � quelques heures de l�embarquement la somme a grimp� jusqu�� 20 millions de centimes. D�s lors, la somme amass�e par le cerveau du r�seau � Oran, toujours en fuite, s��l�ve � plus d�un milliard de centimes. Un bus et une voiture �taient charg�s de r�cup�rer les jeunes et de les amener jusqu�� la plage de Cap-Falcon. Sur place, les attendaient de petites embarcations pour les amener � bord du sardinier. Ils prirent le d�part le 10 novembre 2006 � minuit, selon les t�moignages de ces jeunes durant l�audience de ce lundi, le sardinier n�a jamais connu de panne. Ils navigu�rent normalement jusqu�� 7 heures du matin, heure � laquelle ils ont �t� arr�t�s par les gardes-c�tes. D�roulement du proc�s tr�s t�t le matin. Devant le portail du tribunal d�A�n-El-Turck, une centaine de personnes toutes des proches et amis des jeunes harragas �taient pr�sentes en attendant le d�but du proc�s, mais surtout guettant l�arriv�e du fourgon cellulaire transportant les accus�s. Au total, ils seront deux fourgons � arriver aux environs de 11 heures, d�s lors les familles prirent place � l�int�rieur de la salle d�audience. Celle-ci ne pouvait contenir tout ce monde, la plupart �taient rest�s debout. Un important dispositif s�curitaire �tait mis en place � l�int�rieur et � l�ext�rieur du tribunal. Une demi-heure apr�s, les 70 accus�s p�n�trent d�un pas lent et h�sitant dans la salle d�audience, entour�s par des policiers. Les familles commenc�rent � crier le nom de leurs proches pour les assurer qu�ils �taient soutenus par leurs familles. Apr�s les formalit�s d�usage d�identification de chacun des accus�s, le juge informa tous ces jeunes qu�ils pouvaient user du droit d�avoir un avocat commis d�office, de m�me qu�il interpella les avocats qui seraient pr�sents qu�ils pouvaient se constituer de suite. Malgr� les recommandations du b�tonnat de d�fendre gracieusement les harragas, seuls dix accus�s avaient constitu� un avocat chacun, deux autres avocats seulement avaient rejoint ces derniers pour d�fendre le reste du groupe. Au total, sept avocats pour soixante-cinq accus�s. En interpellant tout avocat se trouvant dans la salle afin qu�il se constitue, le juge a constat� qu�hormis ces sept il n�y avait pas d�autres avocats dans la salle. Apr�s avoir sermonn� ces jeunes harragas sur les dangers de leur p�riple, il donna la parole au procureur g�n�ral, qui fit un discours des plus moralisateurs et �presque� en faveur de ces jeunes, qu�il consid�re �comme �tant de jeunes d�sempar�s dont les v�ritables grands commanditaires de ce r�seau ont profit� de leur situation et font ainsi du commerce avec leur vie�, tout en s�adressant � ces jeunes : �Sachez que ceux qui r�ussissent leur travers�e vivent tr�s mal l�-bas, pas loin qu�hier le 19 novembre, 80 jeunes harragas furent escort�s par 126 policiers espagnols jusqu�au port d�Oran, car �tant sans papier et sans argent � leur arriv�e, ils ont �t� imm�diatement arr�t�s. Sachez aussi que les grands commanditaires seront s�v�rement punis puisqu�il s�agit d�un d�lit criminel.� Il requit six mois de prison ferme contre tous les accus�s. D�s lors, les cris fusent de partout, les familles ayant cru qu�il s�agissait du verdict. Puis le service d�ordre a vite ma�tris� la situation. Les avocats de la d�fense diront tous qu�il faudra punir les vrais coupables dans cette affaire, le passeur et tous les membres de son r�seau. Tout en sollicitant le juge � prendre en consid�ration la situation mis�rable et d�sesp�r�e dans laquelle vivent tous ces jeunes. D�s lors, l�on annonce que le verdict sera prononc� dans pas moins d�une heure et demie et les familles furent dirig�es vers la sortie du tribunal. En r�alit�, en vue d��viter tout d�bordement et r�action de col�re, cette disposition fut prise, puisqu�au bout d�une quinzaine de minutes le juge rend son verdict : 2 mois de prison ferme et 5 000 DA d�amende. Voulant sortir du tribunal, l�on nous intima l�ordre de patienter, les familles �tant dehors en attente du verdict. Une fois que les deux fourgons cellulaires ont quitt� les lieux avec les jeunes harragas, l�information du verdict fut donn�e et ce fut l��clatement de la col�re. �Alors que des terroristes sont pay�s, nos enfants font de la prison�, �injustice, rendez-nous nos enfants !� �M. Bouteflika regardez comment l�on traite vos jeunes Alg�riens !� �mon fils est un athl�te de haut niveau, champion du monde (kick boxing) il a m�me une invitation pour Budapest ces 8 et 9 d�cembre et il se retrouve derri�re les barreaux !� Autant de cris de douleur et de col�re, qui finirent en larmes, en �vanouissements, en crises... Quant au r�ve de ces jeunes harragas, il prit fin dans cette salle d�audience. A. B.