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A FONDS PERDUS
�Cette t�te qui �merge� Par Ammar Belhimer [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 11 - 2006

La semaine derni�re Zbigniew Brzezinski avait �nonc� sur Al-Jazeera un verdict sans appel quant � l'avenir imm�diat du monde arabe pris en tenaille �entre des dictatures au pouvoir et des vagues islamistes dans l'opposition�, avant de conclure, am�rement, son propos sur la d�mission des �lites de cette m�me partie du monde. �Il vous reste � cesser de discourir et � passer aux actes�, leur a-t-il prescrit de faire.
Son intervention, lourde de sens, venant d'un grand ma�tre de la prospective, interpelle les intellectuels arabes, accus�s de se confiner dans une rh�torique, au demeurant s�culaire, et de d�laisser l'action. A priori, on est tent� de lier cette condition � une certaine fatalit�. Ne dit-on pas �blaguer� en fran�ais par r�f�rence � �I'lm al-balagha� (la science de la rh�torique) chez nous. Ce qui est une science (du verbe) pour nous n'est ainsi que baliverne, une perte de temps, dans l'acception des autres langues. Dans cet espace civilisationnel qui nous est commun, pour malheureusement ce qu'il y a de pire, certains ont trouv� la parade de la d�mocratie cathodique pour se donner l'impression d'�tre de leur temps. Le verni pluraliste qui couvre le vieil �difice politique arabe renvoie, au mieux, l'image d'une d�mocratie cathodique qui fait illusion et occupe les rel�ves dynastiques sans r�g�n�rescence du pouvoir, toujours marqu� par la persistance ind�crottable d'une ancestrale conception autocratique et patrimoniale, r�pressive et sanguinaire du pouvoir. Or, une autocratie m�me pluraliste, l'histoire l'enseigne, engendre rarement une d�mocratie, plus souvent une th�ocratie, un des �l�ments d'explication du collapsus arabe. La d�mocratie cathodique qui fait la fiert� de certaines principaut�s ne semble �tre qu'une bien �ph�m�re oasis ferm�e aux autochtones ou un mirage dans un vaste d�sert. Ainsi, la Jordanie, l'Egypte, Duba� et le Liban ont-ils inaugur� en l'an 2000 des projets de zones franches (offshore) des m�dias visant � am�nager sur le sol national un p�rim�tre b�n�ficiant de l'extraterritorialit� en vue d'abriter les m�dias dans un �lot de libert�. Ce faisant, ces quatre pays auront trahi l'inavouable p�ch� de d�clarer extraterritoriales les valeurs de libert� d'expression et de pens�e. En Alg�rie, nous avons fait plus et mieux : nous avons instaur� �la foire aux partis� (pas moins de soixante) pour une d�mocratie de fa�ade anim�e par des pantins constitu�s, agr��s et financ�s en moins de temps qu'il ne faut au voisin tunisien pour faire frire un beignet. A bien des �gards, ils constituent les �intellectuels organiques�, les chiens de garde du syst�me. L'exception confirmant la r�gle, on �pargnera deux ou trois partis, associations ou syndicats autonomes qui honorent encore notre pays. Par un concours de circonstances, trois autres (re) lectures �taient sous nos yeux au moment o� le chantre de la prospective US ass�nait ses v�rit�s � notre endroit sans que l'honn�tet� autorise � le contredire. La premi�re est celle du �Journal� de Mouloud Feraoun. Des notes relatant au quotidien une p�riode cruciale de notre histoire contemporaine qu'on ne per�oit pas de la m�me mani�re qu'� vingt ans, port� par les certitudes de lendemains qui chantent sous la protection nucl�aire d'une puissance tut�laire. Le 12 janvier 1957, Mouloud Feraoun notait dans son journal : �J'ai pu lire, d'un bout � l'autre, le num�ro sp�cial du Moudjahid. J'ai �t� navr� d'y trouver pompeusement idiot le style d'un certain hebdomadaire r�gional. Il y a dans ces trente pages beaucoup de d�magogie, de pr�tention, un peu de na�vet� et d'inqui�tude. Si c'est �a la cr�me du FLN, je ne me fais pas d'illusions, ils tireront les marrons du feu pour quelques gros bourgeois, quelques politiciens tapis myst�rieusement dans leur courageux mutisme et qui attendent l'heure de la cur�e. Pauvres montagnards, pauvres �tudiants, pauvres jeunes gens, vos ennemis de demain seront pires que ceux d'hier.� Le 3 mars 1957, il t�moignait : �Les responsables des villages suscitent la crainte et l'admiration. Ils sont bien habill�s, gros et gras. Ils sont d�sormais ind�pendants. Mais restent tous les autres qui cr�vent de faim, de terreur et de haine rentr�e. Un jour, �a ira mal pour les ind�pendants. � Il y a l� mati�re � un bel exercice du genre : comment projeter, � partir des pr�monitions de Feraoun, les ph�nom�nes de substitution des fili�res de la rente aux r�seaux coloniaux et comment �tablir leur liens de parent�. La seconde lecture fort �difiante sur les modalit�s de st�rilisation des �lites par le pouvoir est donn�e par notre ami Mohamed Benchicou lors d'une r�cente tribune offerte par le MDS. "Le pouvoir, pour les m�mes objectifs, op�re un "soft containment", � travers le rapprochement, l'amnistie du 3 juillet et le brainstorming. La nouvelle strat�gie globale consiste � contenir tous les contre-pouvoirs sans avoir � les affronter, en les st�rilisant de l'int�rieur", rel�ve Benchicou qui a raison de ramener la probl�matique � la situation que vit la presse depuis trois ans. "Cette guerre de trois ans, soit depuis 2003, notamment, livr�e � la presse est sans pr�c�dent. Elle n'a connu de similaire qu'en 1956, celle que Massu a men�e contre Alger R�publicain (�) 23 journalistes ont fait l'objet de poursuites judiciaires, 7 journalistes r�ellement emprisonn�s entre 2003 et 2006, plus de 320 proc�s intent�s contre des journalistes, 7 journaux suspendus et 1 journal liquid�." Deux objectifs sont attach�s � cette guerre. Il s'agit, primo, d'�radiquer le peu qui reste de l'h�ritage des grandes luttes du Mouvement des journalistes alg�riens qui ont fortement am�lior� les conditions socioprofessionnelles de la corporation et permis aux collectifs ind�pendants de journalistes issus du secteur public de lancer les premiers titres de presse priv�s. Les titres cr��s par des journalistes issus du Mouvement sont, pour l'essentiel, sous diff�rentes formes et moyennant diverses concessions, au demeurant de plus en plus fortes, rest�s fid�les � leur esprit originel, celui d'accompagner les mouvements sociaux pour le changement. Ils sont aujourd'hui la cible des nouveaux �radicateurs. Benchicou assigne un second objectif � cette guerre : en finir avec les acquis d'Octobre 1988 que la nouvelle configuration du m�me pouvoir consid�re comme autant de morceaux de l'Etatpouvoir �vol�s et donn�s � un peuple immature�. Il en veut pour preuve le discours du pr�sident de la R�publique les 6 ou 7 juin 2005 � Gen�ve, devant le Bureau international du travail. Dans ce discours, le pr�sident a estim� que les �v�nements d'Octobre 1988 ont �t� manipul�s, que le peuple n'a rien demand� mais qu'on a plut�t d�cid� pour lui. Ce faisant, le pr�sident donnait sa caution � deux lectures pr�n�es par des acteurs, par ailleurs inconciliables, de ces m�mes �v�nements : l'ancien ministre de la D�fense, Khaled Nezzar, qui les a r�duits � un vulgaire "coup d'Etat" et l'ancien patron des services de s�curit�, Mohamed Betchine, qui les associe � des plans �labor�s en laboratoire (plans Rosier et Etna). Aussi douloureux soient-ils, ces �v�nements ont priv� la soci�t� civile, la presse ind�pendante et d'autres sph�res de la l�gitimit� dont elles se sont r�clam�es pendant une d�cennie enti�re. Que le "processus de d�l�gitimation des acquis d'Octobre 1988" accentue le retour � l'Etat h�g�monique et la caporalisation de la soci�t� ne constitue pas un tournant majeur dans notre �volution. Cela rel�ve d'un cran seulement le degr� de r�pression, sans toucher � sa nature. Comme par filiation, on retrouve le pessimisme de Feraoun dans les propos d'un autre intellectuel : Yasmina Khadra qui, dans une r�cente �dition du Quotidien d'Oran, associait l'�crivain � �un rossignol dans un pays de sourds�, livr� � des �d�cideurs mal lun�s�. �Dans mon pays, quand une t�te �merge, il faut la d�capiter �. �Une vieille tradition �, pr�cise-t-il. Yasmina Khadra reste n�anmoins confiant que �un jour ou l'autre, notre pays comprendra o� est son bonheur et qui sont ses vrais enfants, et alors il fera un effort sur lui pour s'effacer devant son �lite. En attendant, la pr�dation et l'�changisme font la f�te puisque toutes les autres liesses sont confisqu�es par le s�rail et les courtisans�.

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