Comme dirait l�autre, leur bilan est �globalement n�gatif �. L�on pourra m�me ajouter � leurs d�pens que, jusque dans le d�tail, leurs actions ne sont gu�re reluisantes. Nos ministres, il est vrai, sont � l�image de notre proph�te du bonheur qui a oubli� en cours de route les promesses fumeuses de 1999. R�tribu�s pour ne rivaliser que dans la flagornerie et la contre-v�rit�, � qu�ils appellent fi�rement l�obligation de r�serve �, ils scrutent en permanence les humeurs du prince au lieu d�assumer en toute dignit� leurs responsabilit�s. Autant dire, � leur sujet, qu�ils se sont depuis longtemps disqualifi�s aux yeux de l�opinion. Et pour cause, ils viennent de traverser une ann�e de plus en racontant ici et l� des sornettes � leurs administr�s sans la moindre pudeur pour la v�rit�. Solidairement, ils constituent un attelage gouvernemental qui ne devrait pas �tre fier de ses prestations. Une fois pour toutes, il faut donc qu�ils sachent que c�est de leurs turpitudes quotidiennes que ce pays tire vers le bas et que la communaut� nationale d�cline moralement. Car enfin, qu�ont-ils fait d�autre que de se r�fugier dans l�exercice bureaucratique de leur sin�cure politique. Des pr�s carr�s o� ils agissent comme des proconsuls tatillons, tout juste capables de commander une profusion de textes souvent contre-productifs et parfois en contradictions avec les vagues sch�mas de la gouvernance. Il est vrai que cette derni�re manque cruellement de capacit� de synergie qui th�oriquement aurait d� la caract�riser. C�est parce qu�il en est r�duit au r�le de greffier d�El- Mouradia que Belkhadem ne s�autorise gu�re de synth�tiser l�action du gouvernement et que les ministres sont tent�s de tirer � hue et � dia. A cela il faudra ajouter le d�ficit d�imagination et de cr�ativit� et nous aurons la photo d�une pi�tre famille aux commandes de la chose publique. Or, quand le management efficace vient � manquer l�on se rabat sur la moins recommandable des pratiques : celle de l�gif�rer en toutes circonstances et sur n�importe quoi. Ultime illusion d�un pouvoir qui lui conf�re une r�alit� fictive. Des lois concoct�es dans des bureaux et endoss�es par un simulacre de Parlement. Une mystique de la loi qui pr�che et fonctionne en dehors de la r�alit� du pays et parfois aggrave le malentendu avec les administr�s. Ainsi en est-il annuellement de la loi de finances et ses approximations jusqu�� faire du recours � une �loi compl�mentaire� une r�gle, alors qu�en bonne gouvernance, elle est une exception. Une loi n�est pas le Coran. C�est l� une �vidence que connaissent particuli�rement les l�gislateurs et les hommes au fait de la chose publique. Elle est d�autant moins un dogme qu�elle sollicite sans cesse des amendements, c�est-�-dire des corrections et un effort d�adaptation pour se rendre efficace. Susceptible d�abrogation, sa p�rennit� est tout � fait al�atoire. Mais une loi est �galement une orthodoxie pour indiquer la fronti�re au-del� de laquelle aucun �ticket n�est valable�, pour �crire prosa�quement. Bref, elle r�gente et r�gule. N��tant ni sacr� dans l�absolu ni incontournable dans l�imm�diat, la loi a pour seule vertu d�imposer sa �justesse� ou sa dictature quand elle est mal faite. S�il est vrai que les lois de finances, annuelles par d�finition, n�ont pas la vie trop longue, elles font n�anmoins beaucoup de d�g�ts lorsqu�elles ne vont pas dans le bon sens. Qu�un argentier, comme Medelci, ne sache exprimer ses convictions que par une arithm�tique solidement chiffr�e cela ne rassure que les banquiers et les capitaines d�industrie, ses vis-�-vis, quand il laisse dans le cirage la m�nag�re au couffin inutile un peu plus chaque jour. Plus soucieux de la courbe de l�inflation que du d�labrement social, les technocrates ne sont pas d�un bon conseil politique. La mystique des �quilibres budg�taires et la lutte contre les d�ficits tarissent l�argent et par voie de cons�quence affaiblissent la consommation et freinent la production des biens. Toutes les �quations des �conomistes, efficaces quelque part, ne rel�vent, en v�rit�, que des options dans des �conomies vigoureuses capables d�amortir et de r�duire par elles-m�mes les effets pervers. Or, nous ne faisons pas partie encore de ce club de nations aux capacit�s structurelles fortement op�rantes pour intervenir sur les poches de mis�res induites par de tels choix. L�Alg�rie, ravag�e socialement par la restructuration, n�a plus les ressorts pour rebondir face aux th�rapies de choc administr�es depuis 10 ans. Un ch�mage chiffr� � 20%, une demande de premier emploi �valu�e � un million de jeunes, un appareil de production ne contribuant pas � la croissance, un d�sengagement de l�Etat dans les secteurs sociaux habituellement d�volus � sa charge : tels sont les voyants rouges. Depuis le temps qu�ils clignotent, ils n�ont pourtant pas convaincu nos dirigeants de changer d�approche dans la redistribution financi�re de nos ressources. Sans varier d�un iota, ils continuent � argumenter par le biais d�une fiscalit� tatillonne destin�e � all�ger les charges patronales. A innover avec des redevances aux fins de cr�er des recettes aux communes. A absoudre le smicard de l�imp�t et d�un autre c�t� � rendre hypoth�tique le droit aux allocations familiales. Et puis, au d�tour d�un article, l�on claironne une mise en route d�une batterie de fonds de promotion et d�aide pour les jeunes et certaines cat�gories sociales. Vaste programme d�magogique destin�, para�t-il, � nous sortir de la mouise et � rendre sa dignit� � une soci�t� � genoux. Rien que cela ! Belkhadem et la smala auront assur�ment mal �cout� le pays et mal traduit ses besoins. Politicards imp�nitents et dou�s d�un ent�tement d�sormais l�gendaire, ils ont concoct� des lois sans grandes perspectives et o� la petite comptabilit� fait office de strat�gie de sortie de crise. Ces intendants de l�Etat ne connaissent de la rigueur de la gestion que la jonglerie des comptables. Pour le reste, c�est-�-dire le ch�mage, humainement perceptible, et la paup�risation quotidiennement mesurable, ils n�en font que des abstractions de statistiques, appel�es paradoxalement � leur donner un surcro�t d�autorit� en mati�re de �solutions �. Terrible myopie des gouvernants trop s�rs de leur v�rit� et qui croient avoir toujours raison, m�me seuls. Or, en mati�re de v�rit�, le bon sens exigeait de ces dirigeants qu�ils fassent un effort pour all�ger le fardeau des classes d�favoris�es. C'est-�-dire une loi de finances exceptionnellement orient�e vers le social, quitte � �piocher� dans le fameux matelas qu�on arbore comme un blason. Pour une fois et apr�s 10 ann�es de FMI et de grande fatigue collective, le pays a droit � une pause. H�las, ceux qui se payent sur la b�te au nom du r�alisme affirment, afin de grandir, ne pas aimer �le populisme� et cultiver la �rigueur�. Deux vocables � la mode qui leur servent de feuille de vigne. Ils pensent qu�une certaine �impopularit� du moment fa�onne pour l�avenir une image de grande probit� et pr�pare aux grands destins. Cela est arriv� d�j� dans l�histoire pour des b�tisseurs d�Etat, mais ceux-l� n�ont pas affam� les petites gens plus qu�il n�en faut. Ils faisaient de la rigueur dans l��conomie avec des chiffres d�abord, mais avec le c�ur aussi. Et c�est ce qui manque � nos technocrates. Leur rigueur pr�sum�e et leur insensibilit� politique notoire s�appellent autrement : incomp�tence. Aussi ont-ils pris le risque majeur d��tre impopulaires sans avoir l��toffe de leur ambition. Sans nul doute qu�ils r�colteront la col�re des sans-travail pour avoir sem� les graines du d�sespoir.