Selon un tr�s s�rieux et tr�s fiable sondage r�alis� par le Financial Times, la plupart des citoyens des grosses cylindr�es �conomiques europ�ennes (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Espagne) regrettent le bon vieux temps du franc, du mark, de la lire ou de la pesetas. Dans le m�me sondage, cruel pour les d�cideurs de l�Union, en France seuls 5% des personnes interrog�es donnent encore quelque cr�dit � l�euro. D�un mot : 95% des Hexagonaux ha�ssent la monnaie europ�enne unique. Ce sentiment fran�ais est � c�est ce qui inqui�te davantage la Commission europ�enne � largement partag�s par les Allemands, les Britanniques et les Italiens. M�me l�Espagne, traditionnellement fervente de tout ce qui est �Europe�, s�aligne dans cette enqu�te sur les positions les plus euro-sceptiques. Cette fondamentale remise en cause de l�un des piliers du trait� de Maastricht met mal � l�aise les grands politiques et les �conomistes qui ont soutenu, bec et ongles, la monnaie unique. Aujourd�hui, les temps sont durs et les r�alit�s des pays membres de l�euroland n�incitent gu�re � l�optimisme. Pour la plupart des anticipateurs de l�Union, d�sormais, des r�formes importantes doivent �tre op�r�es quitte � �tre iconaclaste, envers les dogmes. Et, notamment, envers le dieu euro. Certains n�h�sitent plus � �voquer les sc�narii � mettre en �uvre au cas o�... N�est-il pas, en effet, clament ouvertement certains d�entre eux, judicieux de se rabattre sur une zone interm�diaire �d�euro-franc� pour la France, �euro-mark� pour l�Allemagne et ainsi de suite au lieu d�une seule et unique zone, concentrique, certes antiinflationniste, mais dont les citoyens europ�ens, de plus en plus nombreux, n�en veulent plus ? D�autres privil�gient un sch�ma encore plus simple : l�euro peut rester monnaie unique, mais dans un espace r�duit et dans de plus larges espaces, la monnaie unique europ�enne serait la s�ur jumelle de la monnaie nationale du pays membre de l�euroland. Pour ce faire, encore faut-il que Bruxelles- Commission et Frankfurt-Banque europ�enne consentent � s�attaquer de front � un dogme mon�tariste fondateur de l�euro et acceptent le principe d�un euro faible. Dans sa configuration actuelle, la Commission europ�enne ne semble pas en mesure d�accomplir une telle t�che. Barroso et les siens se contenteront de botter en touche et de lire les sondages de fa�on � les vider de leur substance, de leur matrice. En ces temps de vaches maigres, o� l�Allemagne de Merkel qui pr�side l�Union europ�enne ne sait plus comment relancer la Constitution de l�Union et alors que la France, l�autre moteur de la construction europ�enne, est sur cette question, plomb�e par une rude campagne pr�sidentielle, les Europ�ens �convaincus� sont t�tanis�s. Ils ne peuvent plus avancer des id�es de peur d��tre accus�s de f�d�ralistes ultralib�raux, ni reculer de peur d��tre soup�onn�s d�euro-sceptiques. Ils font donc ce qu�ils peuvent : du sur-place. Ce qui est un exercice p�rilleux. Entre-temps, les indicateurs annoncent d�autres tendances actuelles : une majorit� d�Europ�ens est contre l�entr�e de la Bulgarie et de la Roumanie dans l�espace europ�en. A. M.