Les statistiques ethniques, qui distinguent la population selon son origine ethnique, sa race ou sa religion, n�ont jamais �t� r�alis�es en France, pour la simple raison que d�abord la Constitution fran�aise ne reconna�t que des citoyens sans aucune distinction et qu�ensuite, le Cnil, ou Commission nationale de l�informatique et des libert�s a rappel� dans un avis datant du 8 juillet 2005 que le droit fran�ais autorise la collecte de donn�es sur la nationalit� et le lieu de naissance d�un individu et de ses parents, mais qu�il interdit de recueillir des donn�es relatives � l�origine raciale ou ethnique, r�elle ou suppos�e �. Contrairement donc � beaucoup d�autres pays, et notamment aux pays anglo-saxons, dans l�Hexagone et jusqu�� la semaine derni�re tout le monde s�est conform� et probablement aussi confort�, dans l�application de ces dispositions. Le silence vient d��tre rompu par le Conseil repr�sentatif des associations noires ou Cran qui vient de publier les r�sultats d�une �tude qu�il a confi�e � TNS Sofres et qui porte sur la population noire de France.Cette �tude, dont l�objectif, selon le Cran, est �d�analyser la perception des personnes se disant noires sur les discriminations dont elles peuvent �tre victimes et de son �volution� prend donc, pour crit�re, la couleur de la peau. C�est ce qui a fait bondir plus d�un et surtout ceux qui s��taient d�j� �lev�s contre la cr�ation m�me du Cran, reprochant � ce conseil de favoriser le communautarisme. La discrimination ne touche pas seulement les Noirs, elle atteint de la m�me fa�on toutes les minorit�s et touche les populations les plus d�favoris�es socialement et culturellement, quelle que soit la couleur de leur peau ou leur origine gauloise ou autres. Patrick Loz�s, pr�sident du Cran et qui, en m�me temps que ce barom�tre des discriminations vient de publier �Nous les noirs de France, aux Editions Danger public� consid�re �qu�au pays des droits de l�homme, certains naissent moins libres et �gaux que d�autres et que ces citoyens de seconde zone ont souvent la peau noire. Quant � savoir quelles sont les cat�gories � retenir pour �laborer des statistiques de la discrimination, le Cran r�pond clairement que ce sont �les types en usage dans la vie ordinaire, c'est-�-dire les Blancs, les Noirs, les Arabo-Berb�res, les Asiatiques et autres� Il n�est pas fortuit que ces premi�res statistiques fran�aises sur les discriminations soient r�alis�es et publi�es en cette p�riode d�intenses d�bats de campagne �lectorale. Le Cran veut en effet compter dans ce d�bat. Il y aurait, selon les r�sultats du sondage presque 2 millions de Noirs de plus de 18 ans, autrement dit, en �ge de voter. 56% de ces personnes se disent victimes de discrimination et parmi elles, 61% ont le sentiment d�avoir v�cu au moins une situation de discrimination raciale au cours des douze derniers mois. Pr�s d�un quart des populations noires qui se disent discrimin�es, citent des attitudes d�daigneuses, m�prisantes ou irrespectueuses. 23%, �voquent des insultes ou agressions verbales lors de l�achat ou la location de logement ou encore lors de contr�le de police. Le refus d�embauche li� � la couleur de leur peau est �voqu� par 18% des personnes se disant discrimin�es. Si les personnes interrog�es d�clarent � 53% qu�elles ont une activit� professionnelle, elles mettent cependant, en relief, la surrepr�sentation (par rapport � la moyenne nationale) des ouvriers et une sousrepr�sentation de personnes se d�clarant cadres ou occupant une profession lib�rale. Les Noirs discrimin�s d�clarent faire confiance tr�s fortement (81%) aux associations qui luttent contre les discriminations, alors qu�ils ne sont que 48% � faire confiance aux m�dias et que 37% � la police et seulement 29% accordent leur confiance aux responsables politiques. M�me d�cri�, le barom�tre des discriminations va s�rement amener beaucoup de candidats, m�me ceux qui n�approuvent pas ce genre de statistiques, � y voir de plus pr�s. Quant aux consignes de vote qui pourraient �tre donn�es par le Cran, il est difficile d�imaginer qu�elles puissent avoir un effet quelconque, les deux millions de Noirs en France ayant chacun sa propre sensibilit� politique, qui elle, se situe au-dessus de toutes les autres consid�rations.