Du 17 au 23 mars, s�est tenue, dans diff�rents pavillons de la Safex, la Foire nationale de l�artisanat alg�rien. Exceptionnellement cette ann�e, et dans le cadre d��Alger capitale de la culture arabe�, des pays arabes furent convi�s : Tunisie, Libye, Egypte, Syrie, Liban, Jordanie, Iran et Pakistan pour l�Est, Mauritanie � l�Ouest. Pour la participation alg�rienne, les genres et le nombre ont satisfait le public au-del� des esp�rances car �l�exigence des temps modernes impose � l�entreprise artisanale de se d�velopper ou de dispara�tre ; de ce fait, le produit r�alis� se doit de correspondre au triangle qualit�, prix, d�lais. Or, le premier crit�re, la qualit�, doit �tre la finalit� de chaque projet. Et c�est le label qualit� qui semble faire d�faut, car les r�sultats obtenus ne sont pas � la hauteur des r�sultats escompt�s�. (Info Ayadi-bulletin n�27). Les nouveaut�s Instruments � cordes du c�t� des luthiers (en h�tre, en sapin et en acajou), tricot d�art, v�tements d�apparat et costumes traditionnels de toutes nos belles r�gions d�Alg�rie sont en nombre croissant, Dieu merci ! quelques timides apparitions de peinture sur verre, sur toile, de tableaux en cuivre martel� et de bibelots en bois d�olivier sculpt�s main. Les classiques Tapis de Cherchell, des Aur�s, du M�zab, de Kabylie et de Tlemcen, ils sont venus, ils sont tous l�. Et rivaliser avec le tapis en soie iranien rel�verait de la gageure ! Les burnous du Titteri ou de T�bessa en laine de chamelon (oubar), et les broderies faites main, qui se transmettent depuis des temps imm�moriaux de m�re en fille, sont �galement de la f�te : Blida, M�d�a, Alger. La poterie, le couscous, les p�tisseries sont venus se montrer et se sont par�s de leurs plus beaux atours. Dans le sillage de la poterie antique, la c�ramique moderne tient aujourd�hui le haut du pav�. Des dizaines d�artisans c�ramistes sont aujourd�hui regroup�s sous le label �Ayadi� et force est de constater que cette innovation dans le paysage artisanal alg�rien de ces vingt derni�res ann�es n�a pas failli ! Qualit�, prix, d�lais, quantit� et vari�t�, design, voil� un volet tr�s prometteur. L�appel lanc� aux autorit�s en janvier 2006 pour l�ouverture d�une maison de l�artisanat a �t� entendu et r�alis� � Bab-El-Oued. Aujourd�hui, il reste � essaimer � travers tout le territoire national des centaines de �Triolet� pour que chaque artisan puisse vendre sa production. Les dinandiers nouveaux On a cru, � tort, que ce patrimoine �tait en p�ril, bien que pr�serv� de l�oubli � Constantine et � Tlemcen, aucun dinandier n�a expos� lors de la cuv�e 2006. Cette ann�e, rivalisant avec l�Egypte et le Pakistan, certains audacieux ont os�. Ils ont os� modifier, transformer, cr�er, actualiser, sans pour autant n�gliger les mod�les classiques ; ceux-ci tr�nent aux c�t�s de grands plateaux circulaires, dont le design revu et corrig� force l�admiration. M. Sa�d Admane de La Casbah d�Alger est � f�liciter. Ancien et moderne se c�toient dans une �l�gante symbiose. Les oubli�s Il n�y a plus de tisserands dans nos belles contr�es ? Couettes et couvertures, plaids et courtepointes synth�tiques ont assassin� le �b�sat�, le �Hambal�, et le �Bourabah� et �Dar Z�rabi� de Cherchell a ferm� apr�s plus d�un si�cle de bons et loyaux services. La mosa�que qui figura � l��poque romaine, dans les demeures patriciennes de Cirta, Icosium et C�sar�e est expos�e dans les mus�es. La vannerie semble sortir de sa torpeur et le vitrail, enfin, pointe du nez. Le vitrail Mosa�que de verres color�s accol�s au plomb ou � l��tain et formant un tableau, images pieuses de saints dans les �glises, calligraphies, le vitrail se modernise aujourd�hui, sort de la th�ocratie dans laquelle il �tait confin�, rel�gu� depuis des mill�naires, et descend dans l�ar�ne, se mesurer aux arts artisanaux. M. Sbihi n�est pas le premier � se sp�cialiser dans le vitrail artistique, il y a vingt-cinq ans, Zahia, une Alg�rienne, a cr�� son atelier � Tunis et s�est fait conna�tre dans le monde entier gr�ce � ses mod�les Tiffany. M. Sbihi ambitionne de parvenir � r�aliser tous les articles englobant ce domaine : rosaces, rampes d�escalier, abat-jour, portes vitr�es et fen�tres. Il fait part, au Soir d�Alg�rie, de son amour pour cet art, loin d��tre nouveau : �J�ai v�cu 17 ans en Italie, travaillant dans le domaine du tourisme, et j�ai �t� de tout temps attir� par les vitraux qui ornent les �glises, cette curiosit� m�a pouss� � subir un stage de formation de six mois puis d�exercer toujours en Italie durant un an ; rentr� en Alg�rie, j�ai d�cid� d�exploiter cette branche presque inexistante ici.� �Pour la mati�re premi�re, dira-t-il, il n�y a aucune disponibilit� ici. Le verre color� opaque est import� ainsi que l��tain, le plomb et le cuivre. �L�eau soudeuse�, utilis�e avant le coulage de l��tain est �galement import�e. Seul le verre martel� se trouve ici. Le verre opaque color� est fabriqu� aux USA et vendu en Italie ; de ce fait, l�artisan est confront� aux probl�mes d�importation de cette mati�re premi�re, et il ne dispose que d�une carte d�artisan !� Pour les motifs, M. Sbihi ajoute : �Ils existent dans des catalogues sp�cialis�s, le vitrail a �t� cr�� par les Romains, c�est au Ve si�cle, � Ravenne, que fut d�couvert le premier fragment de vitrail. Plus tard, Tiffany a r�glement� les motifs d�abat-jour (raisin et libellule), en baptisant d�un nom de fleur chaque vari�t� (rose, tulipe�)�. M. et Mme Sbihi renseignent le public, expliquent cet art inconnu de M. tout le monde, distribuent conseils et promesses avec force gentillesse et sourires. Bon vent � ce couple dont le talent est des plus prometteurs ! Les invit�s du salon : le Liban Le stand libanais pr�sente une grande diversit� de produits : tapis, c�ramique, bimbeloterie, cuivres, lustreries, masques, vaisselles, objets vestimentaires traditionnels. Quelques objets rares, curieux, pr�cieux, attirent le regard. Ces tableaux en c�ramique sont � l�effigie des monnaies anciennes ph�niciennes : arm�e d�hommes portant bonnet pointu, un, ou plusieurs guerriers ramant sur un bateau, le roi, Assar Hadoun ainsi que d�autres tablettes, pierre de Rosette fa�on ph�nicienne portant une transcription �labor�e par Kadmouss, le premier scribe qui inventa l��criture ph�nicienne, peuple de marins et de commer�ants, les ph�niciens long�rent les c�tes du Bassin m�diterran�en et leur monnaie atteste de cela, frapp�e � Tyr, Sidon et B�ryte ; ces symboles sont repris par les artisans libanais et p�rennis�s par les tableaux en c�ramique expos�s aux murs. Le c�dre, symbole du Liban, figure en bonne place sur plusieurs objets, cruches, bibelots, et vaisselles. Des miroirs encadr�s de cuivre martel� et sertis de vitraux attestent d�un art ancien, moyen�geux, datant probablement du temps des croisades. Des copies d�amphores grecques, romaines et byzantines sont illustr�es des 99 noms du Seigneur. Des lustres en cuivre fonc�, atypiques, d�o� pendent des sequins de bronze font penser � la salle d�armes d�une forteresse (ch�teau-fort) du XVe si�cle en Europe. Le �Tantour� est une coiffe f�minine en forme de c�ne tr�s pointu d�une quarantaine de centim�tres environ, une longue mousseline accroch�e � l�extr�mit� pointue retombe, contourne le menton dans un �l�gant drap� pour s�accrocher de l�autre c�t� du visage. Les souvenirs des f�es dans les contes de Grimin ou de Perrault surgissent des livres d�enfants, � moins que ce ne soit l��pouse d�Ivanh�� ou de Gueni�vre l��pouse du roi Arthur ? Voil� donc un myst�re �clairci. Cette coiffe est bel et bien arabe, et a �t� rapport�e en Europe par ces gentes dames accompagnant leurs crois�s d��poux lors du si�ge de J�rusalem ! Et puis, r�v�lation encore, des masques lisses en porcelaine, simple empreinte d�un visage blanc, anonyme, visage doux et jeune, encercl� d�un long turban torsad� retombant sur le c�t�. Parfaitement identiques � ceux port�s par les dames costum�es lors du carnaval de Venise ! Que nenni ! r�pondra la d�monstratrice du stand libanais : ce sont les Europ�ens qui ont emprunt� ce masque aux Libanais ! Voil� une v�rit� historique r�tablie ... La Jordanie Youcef Abou Ferda est mosa�ste, assis devant un petit �tabli, tenailles � la main, il taille les tesselles pour les coller sur un motif dessin� � l�avance. Il est intarissable sur son art, �tous les peuples de la M�diterran�e ont pratiqu� l�art de la mosa�que. Grecs, Romains, Byzantins. D�origine irakienne, elle existe en Jordanie d�abord en noir et blanc, pour ensuite se diversifier avec des apports de pierres d�eau. Les musulmans l�ont ensuite modifi�e en y apportant de la calligraphie, des motifs de faune et de flore et du Coran. Les exemples les plus c�l�bres �tant �El Kouba essakhra� � El Qods, et �el mesdjed el oummaoui� � Damas�. Youcef raconte ses mosa�ques comme s�il pr�sentait avec affection et attendrissement ses enfants : �Pour l�empire byzantin chr�tien, voici les motifs : sc�nes de la vie quotidienne et certains animaux symboliques : le lion, l�agneau, le poisson, ainsi que certains fruits comme le raisin ou la grenade. Voici des mod�les r�cents, qui repr�sentent le papillon, le l�zard, la mygale et le pigeon, et voil� les motifs islamiques : l�olivier, le Coran et la calligraphie�. Youcef raconte aussi l��cole de Mosa�que � Madala, en Jordanie qui forme des mosa�stes en 3 ans d��tudes. Youcef regrette �galement �qu�en une semaine de d�monstration devant ma table de travail, aucun responsable des minist�res de la Culture et du Tourisme, de l�Anart, de l��cole des Beaux-Arts ou de la Conservation du patrimoine ne soit venu s�int�resser � mon travail, s�enqu�rir de ce que je fais, ni me solliciter pour donner un stage de formation � des �tudiants en art; personne n�a pris mes coordonn�es pour un �ventuel contrat ou un parrainage quelconque. Rien. Personne.� La Syrie, l�Egypte, le Pakistan Ils se sont distingu�s par des meubles haut de gamme en marquetterie, avec incrustations de nacre, et en moucharabi�s. Cuivres rutilants et bibelots en verre dont les c�l�bres narguil�s propres � tout le Moyen-Orient. La Mauritanie et la Libye Ces deux pays ont particip� avec un artisanat authentique, sp�cifique aux peuples du Sahara, fait de simplicit� et en m�me temps de grande beaut�, tentes et tapis, �chouaris� de dromadaires tiss�s en laine peign�e rouge et blanche, quelques travaux en bois, en cuir, des bijoux en argent typiques de la r�gion, et de la vaisselle en cuivre, th�i�re oblige ! Sellerie et babouches compl�tent le d�cor aust�re de l�int�rieur du nomade. La Tunisie Deux ambassadrices seulement �taient l�, alors que l�artisanat tunisien a pris son envol ces vingt derni�res ann�es, au point de s�exporter, gr�ce aux millions de touristes qui visitent ce pays, aux quatre coins du monde. Madame Hayet Belaldjia (peinture sur verre) et Mme Souad Za�f (argent martel�). Infinie vari�t� de ces objets en argent : dans les classiques, pomme, poire, aspersoir, plateaux, miroirs encadr�s, bonbonni�res et cothurnes (kabkab). De nouvelles cr�ations ont fait leur entr�e parmi les classiques sans pour autant d�tonner, porte-serviettes, brosse, peigne, mini-corbeilles et main de Fatma, cendrier, etc. Sous verre, encadr�, l�olivier en argent, (symbole de la Tunisie) �tale ses branches lourdement charg�es de fruits noirs en ambre. Mme Za�f souligne qu��en Tunisie, les artisans sont privil�gi�s, ils ont droit � des pr�ts bancaires, ont acc�s facilement � la mati�re premi�re et aux locaux, bien que certains mod�les datent de la p�riode beylicale, l�artisan tunisien innove sans cesse, cr�e et se diversifie du fait que toutes les conditions n�cessaires � son �panouissement sont r�unies�. Mme Belaldjia expose de la vaisselle en verre souffl� qu�elle peint elle-m�me, son carnet de photos est plus qu��loquent et la ma�trise de son art figure sur des centaines d�objets, carafons, cruches, vases, aigui�res, bougeoirs et �pots pourris� (ensembles compos�s). Un v�ritable r�gal pour le regard profane du visiteur alg�rien. Cependant, ces deux dames repartent tr�s am�res, elles racontent leur m�saventure � la Safex : �Un fax de l�Anart, nous invite � participer au Salon avec prise en charge pour le transport et l�h�bergement. Au dernier moment, nos bagages boucl�s, un fax arrive, annulant le premier. Nous persistons toutefois � venir et exposer � Alger ; perdues dans une capitale inconnue, ne connaissant personne, livr�es aux taxieurs clandestins, (5000 DA la Foire-Alger !) pas de station de taxi devant le Palais des expositions, ne sachant o� trouver un h�tel convenable, nous apprenons que les autres exposants arabes font tous l�objet d�une prise en charge ! Pourquoi cette discrimination � notre �gard ?� Et Mme Souad d�ajouter pour enfoncer le clou : �Une importante quantit� de marchandise nous a �t� subtilis�e de nuit, nous avons perdu pr�s de 500 euros de marchandise, cela dit, aucun responsable de l�artisanat alg�rien ne nous a approch�es, nous rentrons �moghachachine�, dites-le !� C�est fait.