Ainsi donc, la survalorisation d�une des composantes de notre identit� nationale sur les autres a abouti � terme � son affaiblissement g�n�ral. Pour faire bref, face aux tentatives d�asseoir la primaut� de l�islamit�, de l�arabit� ou de la berb�rit�, c�est l�alg�rianit� qui est entr�e en crise. Si nous devions emprunter ses mots � la g�ologie nous pourrions dire que les composantes linguistique, religieuse ou ethnique de notre identit� constituent les strates les plus profondes, les plus solides, les moins expos�es aux ruptures. Ce n�est pas le cas de l�alg�rianit�, fille du XXe si�cle et du mouvement national et surtout fille d�un intense travail du mouvement national qui a r�ussi en moins d�un demi-si�cle � �lever l�appartenance nationale au-dessus des identit�s et des appartenances tribales, claniques, r�gionales. Dans son essence et pour d�passer les multiples divisions attis�es par des politiques coloniales perverses, le mouvement national a �t� spontan�ment jacobin, centralisateur, unificateur � l�exc�s. C�est au cours de cette p�riode que Messali Hadj s�opposera � Imache sur la caract�risation de la nation alg�rienne. Le premier la voulait arabe et musulmane, le deuxi�me voulait l�asseoir sur les traditions berb�res. La primaut� des caract�res arabe et berb�re allait �touffer tout d�bat sur nos particularismes nationaux. Le malentendu viendra aussi du caract�re sacr�, aux yeux des Alg�riens, de la religion bien s�r mais aussi de la langue arabe v�cue et per�ue comme langue de la R�v�lation. A partir de l�, se sont d�velopp�es de fa�on souterraine des associations d�id�es et d�images faisant de la revendication particulariste une cons�quence des tentatives de division. La berb�rit� a �t� refoul�e du d�bat, ensevelie sous les imp�ratifs d�unit� pour combattre la domination coloniale. Force est de reconna�tre que la question berb�re a �t� la premi�re victime de l�autoritarisme des diff�rentes directions du mouvement PPA/MTLD. De ce fait, elle est rest�e une question d�mocratique centrale. Mais elle est aussi rest�e la question-cl� de l�alg�rianit�, elle est le pendant particulariste de la langue et de la religion qui sont, elles, transnationales dans notre cas. Il est plus que temps, pour renforcer l�identit� nationale alg�rienne si r�cente, de r�gler cette question par un retour au d�bat et par le rejet des anath�mes.