Des centaines de villageois de Boukhemfer et Ouled-Ali, localit�s perch�es sur le massif montagneux du nord de la commune de Th�nia (centre de la wilaya de Boumerd�s) sont descendus, t�t dans la matin�e de samedi dernier, � la p�riph�rie de la ville pour fermer la route (CW n� 25 Th�nia-Zemmouri). Des centaines de camions ont �t� pi�g�s par les obstacles �rig�s par les manifestants. La RN 5 a �t� aussi encombr�e par des dizaines de camions qui n�ont pu acc�der � ce chemin de wilaya pour rejoindre les carri�res d�agr�gats et de tuf. Entour� d�une foule nombreuse, le porteparole des villageois nous a expos� les motivations de cette col�re citoyenne. �Nous sommes des oubli�s de l�Etat alg�rien, nos difficult�s collectives sont d�une telle ampleur que la vie est devenue presque impossible pour les nombreuses familles. Cette r�gion a travers� une p�riode s�curitaire tr�s difficile et a �t� d�sert�e par les familles. Les villageois sont revenus, car croyant aux promesses des autorit�s qui se sont engag�es � les aider�. Selon lui, le probl�me num�ro un est l��tat de la route (le CW d�environ 10 km) qui n�a pas �t� r�nov�e depuis 1996.Les transporteurs refusent de travailler sur ce tron�on, les villageois ach�tent la bouteille de gaz butane � raison de 450 DA l�unit�. Or, cette m�me route voit passer quotidiennement des centaines de camions charg�s de tuf et d�agr�gats. En effet, 6 carri�res dont certaines exploit�es ill�galement sont ouvertes. L�utilisation des explosifs pour l�extraction de la roche des agr�gats par une entreprise publique fait craindre � ces villageois le pire. Pr�cis�ment, les d�gradations �cologiques scandalisent au plus haut point ces paisibles montagnards �nos puits sont d�sormais pollu�s�, affirme un manifestant. Son compagnon, fellah, jure qu�il a perdu ses ruches et avait enregistr� la mort de plusieurs de ses brebis � cause de la pollution. Plus grave, dans cette r�gion connue pour la propret� de ses eaux et de la puret� de son air montagneux, des maladies respiratoires ont fait leur apparition � cause de la pollution. A ce probl�me de surexploitation ill�gale du soussol de cette montagne s�ajoutent les souillures provoqu�es par la d�charge des ordures m�nag�res que la commune a ouverte sur le bord de cette route. Les villageois d�plorent �galement le manque d�eau. �Alors que nous achetons quotidiennement des citernes d�eau, le chantier de la construction d�un ch�teau d�eau a �t� abandonn� depuis des ann�es�, poursuit le porte-parole qui nous pr�sente l�unique enseignant qui assure des cours � plusieurs classes en m�me temps. Pour rappel, ces deux villages ne sont qu�� moins de 10 km de la ville de Th�nia. L��clairage public, l�affectation et la r�partition �quitable de l�aide au d�veloppement rural, la gestion du dossier du s�isme et le transport de voyageurs sont les quelques revendications. Pour les adultes, le probl�me num�ro un est bien entendu, la route. Un jeune de moins de 20 ans repr�sentatif de la frange d�termin�e � en d�coudre avec les autorit�s nous a d�clar� que les affectations destin�es � son village auraient �t� d�tourn�es ailleurs. L�adolescent affirme aussi que les habitants sont marginalis�s et vivent dans une pr�carit� scandaleuse. A l�arriv�e du chef de la da�ra, du P/APC et du chef de la brigade de la Gendarmerie nationale de Th�nia, les manifestants ont refus� de dialoguer avec eux. Ils exigeaient la pr�sence du wali. �Il verra de ses propres yeux notre d�plorable situation� criaient les manifestants. Finalement, l�intervention de quelques sages a eu raison de la fougue des jeunes. La route a �t� lib�r�e et une d�l�gation de 5 personnes a �t� envoy�e par les manifestants avec les consignes de revenir avec des engagements fermes et des �crits ; faute de quoi, cette fois-ci c�est la RN 5 qui sera ferm�e. Nous avions �t� pr�sents � une manifestation pacifique de citoyens qui habitent une zone rurale laquelle a pass� une d�cennie p�nible au plan s�curitaire. Ces citoyens revendiquaient des droits �conomiques et sociaux qui sont aussi, personne n�en disconviendra certainement, des param�tres d�acc�s � la modernit�. Par ailleurs, ces villageois ne vont pas dans les salons et autres salles de conf�rences pour exposer des probl�mes r�els d�ordre �cologique qui mettent effectivement en danger l�environnement et par cons�quent l�avenir �conomique de cette commune. Ne pas �couter ces paisibles villageois augmenterait leur sentiment de marginalisation et de frustration. Des aventuriers politico-id�ologiques n�attendent, par cons�quent, que le moment propice pour surgir et s�incruster dans le vide que laissent les ruptures entre l�Etat et les populations. L�information s�curitaire �dit�e il y a quelques jours se rapportant justement � cette commune est � m�diter.