Elles ont entre 25 et 30 ans et n�ont pas peur de se rendre dans la da�ra de Bordj-Badji- Mokhtar � 850 km du chef-lieu pour accomplir le devoir qui les attend : communiquer leur savoir aux enfants scolaris�s. Apr�s avoir obtenu leurs affectations, elles d�cident de louer un v�hicule de marque NIssan 4/4 pour affronter le redoutable d�sert du Tanezrouft. Elles sont pleines de joie et de vie et leur souci est d�arriver � destination afin de s�installer rapidement et de s�atteler � la t�che. Une t�che rude. Rappelons au passage que si entre Adrar et Reggane (140 km), la route est goudronn�e, � partir de cette derni�re, le goudron c�de la place � une piste balis�e (une balise tous les 2 km). Mais quand le temps se g�te, les chauffeurs les plus aguerris et les plus prudents s�immobilisent et attendent inlassablement l�accalmie afin de retrouver leurs rep�res. Mais voil�, la chance n�est pas de leur c�t�. Le vent de sable se l�ve et la visibilit� se trouve ainsi compromise. Nos enseignantes ont peur et craignent le pire. Notre chauffeur au lieu de s�arr�ter pr�f�re rouler se fiant � son instinct et � son exp�rience qui finissent par le trahir et apr�s avoir roul� quelques heures, le v�hicule s�immobilise et les gorges se serrent. A Bordj-Badji-Mokhtar, on s�inqui�te, nos enseignantes devaient �tre l� depuis bien longtemps. Le temps s��coule et on finit par donner l�alerte. La brigade de gendarmerie de Reggane prend les choses en main. En coordination avec les services de sant�, ses �l�ments s��lancent sans plus tarder � la recherche de nos disparus. Le soleil est implacable, les provisions et la r�serve d�eau sont pr�vus uniquement pour la dur�e du trajet. Imaginez un peu le calvaire de ces vaillantes enseignantes. Seules, perdues en plein d�sert et quel d�sert : le redoutable et impitoyable d�sert du Tanezrouft qui a d�j� fait de nombreuses victimes. Une psychose s�empare d�elles, elles qui ne sont gu�re habitu�es � ce genre de m�saventure. Il n�y a ni pierre, ni arbre, rien, seuls un sable fin et un soleil au milieu d�un ciel bleu qui vous guette lorsque vos forces vous l�chent et votre esprit se brouille. La soif s�empare de nos �gar�s et la hantise de voir leur vie s�achever ici au beau milieu de nulle part rend leurs facult�s fragiles et le raisonnement d�agir s�estompe, car il faut le pr�ciser, elles se sont �loign�es de la piste balis�e de plus de 130 km. Leur unique chance de salut repose sur les secours organis�s au bout d�interminables et longs trois jours, la brigade de gendarmerie finit par les retrouver dans un �tat tr�s affaibli avec une forte fi�vre. La d�shydratation a commenc� par prendre de l�ampleur. Leur vie ne tenait qu�� un fil. Il en a fallu de peu. Comme quoi, les risques du m�tier peuvent parfois conduire � une mort certaine. Elles, qui, parties il y a quelques jours pour travailler, voient leur r�ve compromis et an�anti et toutes les ann�es v�cues d�filer devant elles. Elles ont certainement, pendant tout ce temps, pendant ces trois jours interminables pens� � leurs familles, � leurs proches, � leurs amis. Un monde qui s��croule. Sans attendre, la brigade les conduit � l�h�pital de Reggane o� elles sont admises au service des urgences. Certes, leurs jours ne sont plus en danger mais le choc a �t� terrible et elles seront � jamais marqu�es par cette regrettable m�saventure qui, sans la bravoure et l�obstination des secouristes aurait pu �tre dramatique. Mais fort heureusement comme le dit si bien Voltaire. �Tout est bien qui finit bien�.