�Ne tremble plus et tire ici, car tu vas tuer un homme...� ont �t� les derniers mots adress�s par Ernesto Che Guevara au sous-officier bolivien Mario Ter�n, avant que ce dernier n�appuie sur la g�chette. Ironie de l�histoire, cet homme qui a ex�cut� Guevara sur ordre de ses sup�rieurs et de la CIA, aujourd�hui �g� de 80 ans, vient de retrouver la vue apr�s avoir �t� op�r� de la cataracte� par des m�decins cubains ! Quarante ans apr�s, malgr� la chute du mur de Berlin, l�effondrement de l�URSS et des pays ex-socialistes de l�Europe de l�Est, Che Guevara hante encore le monde des vivants. Son prestige est rest� intact notamment chez les jeunes qui arborent des teeshirts avec son effigie. Il est l�image m�me du r�volutionnaire romantique, d�un homme porteur de valeurs r�volutionnaires anticapitalistes, qui s�est d�vou� jusqu�au sacrifice supr�me pour la lib�ration et l��mancipation des peuples opprim�s du tiers-monde, soumis au joug imp�rialiste. Mais qui est cet homme dont l�image inqui�te encore les milieux d�affaires n�o-lib�raux au point o� l�on a assist� � l�occasion du quaranti�me anniversaire de son assassinat � une mobilisation de plusieurs m�dias occidentaux pour tenter de d�truire le mythe ? Ernesto Che Guevra est n� en 1928 en Argentine. Issu d�une famille relativement ais�e, il est �tudiant en m�decine � Buenos Aires quand il d�cide d�entreprendre, au d�but des ann�es 1950, un voyage � travers l�Am�rique latine avec son ami Alberto Granada. Durant son p�riple, il d�couvre un continent sud-am�ricain pauvre, humili�, soumis au r�gne des dictatures des Somoza, Trujillo, Strossner, Batista, mis en place et soutenus par les Etats-Unis, sous pr�texte de menace communiste. En 1954, il se trouve au Guatemala o� il assiste au renversement du r�gime progressiste du pr�sident Arbenz orchestr� en sousmain par la CIA. C�est au contact de ces r�alit�s que se forge sa vision progressiste du monde. Toutefois, sa rencontre en 1955 avec Fidel Castro � Mexico constituera un tournant dans la vie de celui qui allait devenir l�ic�ne de la r�volution mondiale progressiste. Il se lie d�amiti� avec le futur dirigeant de la r�volution cubaine et s�embarque avec une poign�e de gu�rilleros, les �barbudos�, vers Cuba soumis au joug du dictateur Batista. La Havane, la capitale, �tait alors une ville de plaisir, de bo�tes de nuit et de maisons de jeux aux mains de la mafia nord-am�ricaine. Une fois � Cuba, il multiplie les coups de main contre les forces de la dictature et s�affirme rapidement comme chef militaire. C�est lui qui, � la t�te d�une colonne de �barbudos� lib�re Santa Clara avant de prendre La Havane et pr�parer l�arriv�e de Fidel Castro. Bien s�r, en r�volutionnaire qu�il �tait, Guevara ne fait pas dans la dentelle. Si une partie du pouvoir de Batista et les chefs mafieux parviennent � quitter pr�cipitamment Cuba, leurs relais locaux, leurs hommes de main et des tortionnaires notoires sont pass�s par les armes par les r�volutionnaires cubains. Leurs cabarets et autres maisons de jeux sont saisis. Certains transform�s plus tard en �lieux de culture�. La majeure partie du personnel de ces bo�tes de plaisir, les capitalistes et hommes d�affaires v�reux, s�enfuient vers les Etats-Unis, vers la ville toute proche de Miami : ce sont ces gar�ons, ces croupiers, ces videurs de bo�tes et autres prox�n�tes qui constitueront plus tard le gros des troupes anticastristes. En 1963, apr�s son discours d�Alger tr�s critique envers l�URSS, � qui il reprochait un certain imp�rialisme �conomique vis-�-vis des pays du tiers-monde, il d�cide d�abandonner toutes ses fonctions officielles pour exporter la r�volution afin d�aider � la lib�ration des peuples. Le Congo d�abord o� il s�y rend � partir d�Alger, ville o� il a s�journ� � quatre reprises. Puis la Bolivie o�, bless�, il est captur� en 1967 avant d��tre ex�cut� dans l��cole du village de La Higuera. Aujourd�hui, 40 ans apr�s, ses id�es incarnent encore l�esprit de r�volte contre le d�lire n�olib�ral capitaliste. En cela, bien que mort, il d�range encore.