En consacrant sa premi�re visite d�Etat au Maroc, Nicolas Sarkozy a fait un choix qui risque de faire grincer bien des dents en Alg�rie. Ce choix aura le m�rite de mettre fin � certaines illusions entretenues chez nous par l�arriv�e au pouvoir de Sarkozy. Ceux qui croyaient avoir per�u une �ventuelle rupture avec la politique de relations personnelles entretenues par Jacques Chirac avec le roi Mohammed VI, ont tout faux. Malgr� le couac du chasseur bombardier fran�ais �le Rafale� � le Maroc ayant opt� pour l�achat de F-16 am�ricains � la visite du chef de l�Etat fran�ais a consacr� des retrouvailles franco-marocaines fond�es sur de nouvelles bases, apparemment d�nu�es de liens personnels ou affectifs. Froiss�s qu�� peine arriv� au pouvoir, Nicolas Sarkozy ait choisi Alger comme premi�re �tape de sa visite �clair au Maghreb, Rabat avait demand� � Paris d�annuler sa visite au Maroc � plus tard, contraignant le chef de l�Etat fran�ais de leur consacrer une visite d�Etat. Depuis lundi, c�est chose faite. Certes, le pr�sident fran�ais est au Maroc pour des objectifs plus terre � terre : la signature de nombreux accords �conomiques. Ainsi en est-il de la signature d�un accord pour la construction de la premi�re ligne ferroviaire en Afrique de grande vitesse (TGV) qui reliera Tanger ( au nord) � Marrakech (au sud) pour un montant estim� � 3 milliards de dollars. Au menu �galement de sa visite, la d�claration commune d�intention sur la coop�ration dans le nucl�aire civil, et la construction d�une centrale nucl�aire dans la r�gion de Sifa � 500 km au sud de Rabat. Ces accords viennent s�ajouter � celui conclu en septembre dernier entre le Maroc et le groupe Renault-Nissan pour la construction d�une usine de montage devant produire 200 000 v�hicules par an � l�horizon 2010 dans la r�gion de Tanger. Mais au plan politique, on assiste � un rapprochement entre les deux pays sur de nombreux dossiers. Outre le projet d�Union m�diterran�enne qu�il avait expos� � Alger et Tunis lors de sa br�ve visite �clair, Nicolas Sarkozy a jug� positivement le plan marocain d�autonomie du Sahara. �Le Maroc a propos� un plan d'autonomie, un plan qui est s�rieux, un plan qui est cr�dible en tant que base de n�gociations (�) Le plan d'autonomie marocain existe, il est sur la table et il constitue un �l�ment nouveau de proposition apr�s des ann�es d'impasse�. Autrement dit, Paris, qui n�a jamais fait myst�re de son soutien � Rabat sur cette question �pineuse qui empoisonne la relation alg�ro-marocaine, se range officiellement sur Rabat. En fait, Sarkozy n�a fait que r�it�rer ce qu�il avait dit sur le sujet � Tunis quand il avait affirm� que �la France n�a pas chang� de position� sur le Sahara occidental et qu�il l�avait fait savoir au pr�sident Bouteflika. Autre moment fort de cette visite d�Etat, c�est au Maroc, plus pr�cis�ment � Tanger que le pr�sident fran�ais a d�clin� son projet d�Union m�diterran�enne, projet soutenu par l�Italie, l�Espagne et la Gr�ce. Ce faisant, les Alg�riens n�ont pas � se froisser qu�il ait choisi le Maroc pour en parler plus longuement. Et les autorit�s politiques auraient bien tort de d�cliner cette offre politique au motif que le chef de l�Etat fran�ais en ait r�serv� la primeur au Maroc. Ce projet, devant se substituer � l�Euromed (partenariat eurom�diterrann�en lanc� en 1995 � Barcelone), une Euromed en panne pour ne pas dire en mort lente, sera dot� d'un conseil de la M�diterran�e, d'un syst�me de s�curit� collective et d'une banque m�diterran�enne d'investissements sur le mod�le de la BEI (Banque europ�enne d�investissement). Pour ce faire, une institution, la Fondation pour le monde m�diterran�en, a �t� cr��e et travaille d�j� sur le projet qui devrait �tre fin pr�t avant juin 2008, date du Sommet des chefs d'Etat de la M�diterran�e. Mais d�ici l�, le chef de l�Etat fran�ais, qui doit se rendre en visite d�Etat en Alg�rie, puis sans doute en Tunisie, devra convaincre ses homologues des pays du sud de la M�diterran�e de la faisabilit� de ce projet.