Lundi 26 novembre 2007. Six heures du matin, douche et petit-d�jeuner � la lueur de la bougie. La panne a eu lieu dans la nuit. Ce n�est pas la premi�re fois, et certainement pas la derni�re, que le vent et les averses plongent la commune de Staou�li dans l�obscurit�. Encore heureux que la coupure d��lectricit� n�ait pas �t� accompagn�e de celle de l�eau. Lorsque c�est le cas, � cela s�est d�j� produit � c�est le retour � l��ge de pierre assur�. Mais est-ce important ? Nous sommes vivants, la maison ne s�est pas effondr�e, n�est-ce pas stupide de se prendre la t�te ? Neuf heures quarante-cinq minutes, je quitte la maison. Direction le centre de Staou�li. La marche � pied me permet de constater l�ampleur des d�g�ts caus�s par la pluie diluvienne de la veille et l�avant-veille. Face � l��cole primaire : �Ecole du Stade�, trois (3) fils �lectriques de haute tension pendouillent � quelques m�tres du sol. Il suffirait qu�un enfant mette sa petite menotte... Il faut dire que cet �tat de fait ne date pas d�aujourd�hui, le vent a acc�l�r�, certes, la descente des fils �lectriques, mas ils flottent depuis longtemps. Qui est responsable ? Nous le saurons le jour o� un drame se produira. Je poursuis mon chemin. Que ce soit du c�t� de la route nationale (vers Z�ralda) ou � Staou�li-Centre, le spectacle est le m�me : les routes, difficilement carrossables par temps ensoleill�, se sont transform�es en de gigantesques mares d�eau ou en amas de boue et de pierres. Les avaloirs comme � Bab-El-Oued, Ra�s- Hamidou, Miramar ou ailleurs sont obstru�s. Depuis quand n�ont-ils pas �t� cur�s ? Les d�tritus charri�s par la pluie ont trouv� refuge sur les trottoirs, dans les ruelles, les eaux boueuses continuent leur course folle et plusieurs magasins et restaurants sont inond�s. Devant l�unique salle de cin�ma habituellement ferm�e puisque inutilis�e, il y a de l�agitation. Un spectacle surr�aliste dans cette apocalypse ambiante. Des adolescents collent des affiches sur les murs, d�autres distribuent des casquettes sur lesquelles on lit : FLN. Les candidats aux municipales pour la commune de Staou�li pr�parent leur dernier meeting sous l��il indiff�rent des passants, mais surtout des commer�ants des ruelles adjacentes qui balaient depuis �sept heures du matin�, me pr�cise l�un de ceux-l�, l�eau qui a p�n�tr� dans leurs �choppes. Ce n�est vraiment pas le jour de la parlote et des promesses �lectoralistes. Les visages sont ferm�s, et dans plusieurs quartiers de Staou�li, les familles ont pass� la nuit dehors craignant d��tre ensevelies sous les d�combres de leurs habitations v�tustes. Visiblement fatigu� par une nuit sans sommeil, un homme entre deux �ges continue � vider l�eau qui a envahi sa boutique. Agac� au plus haut point par le bruit qui lui parvient de la salle de cin�ma, je l�entends dire � son voisin dans un franco- arabe devenu d�cid�ment la langue la plus usit�e : �Ils perdent leur temps et leur salive. Ana manvotich et jamais ma votite� (�Je ne voterai pas et n�ai jamais vot�). A Staou�li, ce lundi 26 novembre, la seule pr�occupation des habitants est de se mobiliser contre l�eau et de savoir quand s�arr�tera la pluie. Au march� couvert, m�me spectacle. Les eaux us�es d�gagent une odeur naus�abonde et des citoyens d�bouchent eux-m�mes les avaloirs. Les autres parlent... parlent. Il ne leur serait pas venu � l�esprit de donner un coup de main. Il ne leur serait pas venu � l�esprit de se dire que le meilleur meeting e�t �t� de se m�ler � la population pour partager, l�espace d�une matin�e �lectoraliste, d�un apr�smidi, ses probl�mes. Costum�s, cravat�s, endimanch�s, ils parlaient... parlaient. Je n�ai �videmment pas entendu leur parlote mais que pouvaient-ils dire ? Que pourraient- ils promettre ? Des routes praticables et carrossables ? Des logements ? Des empois ? Des trottoirs pour pi�tons et non pas pour les propri�taires de restaurant, de caf� et marchands de glace ? La r�novation et l�utilisation sept jours sur sept de la salle de cin�ma ? Une biblioth�que municipale ? (inexistante). Une cr�che ? Une cantine scolaire pour accueillir les enfants, les adolescents (tes) qui font de longs trajets � pied pour rejoindre leur �tablissement scolaire ? Des gamins qui souvent pratiquent l�auto-stop sans en mesurer le danger et les risques. Veilleront-ils, ces �lus, � l�hygi�ne et � la propret� de la commune ? Redonneront-ils � la Maison de jeunes les moyens de se red�ployer ? �Des probl�mes terre � terre�, me r�torqueraient-ils. Ce sont les vrais probl�mes. A la salle de cin�ma ce lundi 27 novembre ils parlaient... parlaient. A Harcha, Abdelaziz Belkhadem faisait campagne pour eux. Il n�a pas parl� du pont de A�n-B�nian, il n�a pas parl� de Bab-El-Oued, effray� � l�id�e de revivre novembre 2001. Il a parl� de troisi�me mandat... Pourquoi parler d�ailleurs des missions des �lus des APC ? Les pluies de ces derniers jours ont amplement montr� leur incurie totale. Comment admettre, comment comprendre qu�apr�s la trag�die de novembre 20001, des avaloirs soient encore obstru�s � Alger et ses environs ? Comment admettre que des responsables de ceci... ou de cela... viennent tenir le crachoir � la radio (cha�ne El Bahdja mardi matin) pour dire qu�ils ont fait leur travail, qu�ils ont cur�, nettoy� port� secours, etc. ? A Ra�s-Hamidou pr�s de la cimenterie Lafarge, ce sont les habitants de plusieurs quartiers qui ont d�bouch� les avaloirs en retirant de l�un d�entre eux un tronc d�arbre ! Appel�s � 17 h, les pompiers sont arriv�s � deux heures du matin ! Comment admettre l�autosatisfaction de ces responsables quand on sait que des routes demeurent encore coup�es � la circulation dans la capitale ? L�un d�entre eux (repr�sentant de �Asrout�) a os� dire � la radio qu�il �tait rest� �veill� toute la nuit. �Pauvre� homme ! Ce lundi 27 novembre, la parlote �tait in�fficace car certes, la pluie a caus� d��normes d�g�ts, mais elle a eu le m�rite de mettre � nu la totale incurie des �lus locaux et autres responsables. Ce lundi � Staou�li, � Z�ralda (routes dans un �tat lamentable) � Bab-El-Oued, � A�n-B�nian... ce n��tait pas de meeting dans une salle de cin�ma ou ailleurs dont avaient besoin les populations, celles-ci avaient surtout grandement besoin de moyens et de responsables dignes de ce nom. D�un chef du gouvernement qui aurait daign� oublier Enrico Macias pour aller au-devant des populations. Mais que dis-je l� ! Lorsqu�on est obs�d� par un chanteur et la r�vision constitutionnelle, il est difficile de s��lever au niveau de ses missions gouvernementales. En novembre 2001, M. Ali Benflis, en sa qualit� de chef du gouvernement, fut le premier � se d�placer � Bab-El- Oued, le jour m�me du drame, acceptant d�affronter des populations en col�re sans se d�partir de son calme. Abdelaziz Bouteflika s�y rendit longtemps apr�s, accompagn� de Jacques Chirac ! A Staou�li, ce 26 novembre 2007, l�heure n��tait vraiment pas � la parlote et � la campagne �lectorale. Les municipales ne changeront rien car les pluies qui se sont abattues sur Alger, sur les c�tes ouest et est, ont mis � nu l�incurie, l�incomp�tence des �lus locaux. Nous le savions d�j�, c�est encore mieux lorsque c�est la pluie qui nous le rappelle. L. A. N. B. Au moment o� j�ach�ve ce r�cit, j�apprends par la presse que les intemp�ries ont fait de nouvelles victimes : 4 morts (La Casbah). Une raison suffisante pour demeurer � la maison ce jeudi puisqu�en 2007 la pluie tue en Alg�rie. Qui parle de vote ?