Des milliers d�Alg�riens de tout �ge, profession ou statut social se sont inscrits � la loterie pour l��migration aux Etats-Unis. Enqu�te r�alis�e par Fatma Haouari Organis�e chaque ann�e � la m�me date, elle offre pas moins de 50 000 visas permanents. Cette ann�e et contrairement aux pr�c�dentes, il y a eu une ru�e et une affluence record sur les sites internet pour l�accession � la citoyennet� am�ricaine. Si beaucoup d�Alg�riens ne croient plus en leur pays, ils croient volontiers au r�ve am�ricain. Mais comme le r�ve est parfois synonyme d�illusions, il y a ceux qui en profitent pour en faire un fonds de commerce. Des cybercaf�s, flairant la bonne affaire, ont durant deux mois (octobre et novembre derniers) ramass� de l�argent � la pelle, en proposant l�inscription � la loterie moyennant un p�cule variant entre 300 et 500 DA alors que celle-ci est gratuite puisqu�il suffit d�un simple clic sur le bon site, c'est-�-dire le site officiel am�ricain pour �tre sur la liste des millions de postulants � la grande messe am�ricaine. En effet, lors de notre vir�e dans les rues d�Alger, de grandes affiches ont attir� notre attention. Expos�es sur les devantures et parfois coll�es � proximit� de nombreux cybercaf�s de la capitale, elles �taient orn�es de dessins, repr�sentant la statue de la Libert� et le drapeau am�ricain. Elles portaient une inscription dans laquelle, on pouvait lire ce qui suit : �Vous d�sirez �migrer aux Etats- Unis, inscrivez-vous d�s maintenant � la DV lotery 2008�. On y pr�sente �galement un formulaire � remplir et une case pour la photographie du participant. Renseignement pris, nous apprenons que ces cybercaf�s se substituent aux services consulaires des Etats-Unis sans �tre inqui�t�s, poussant l�outrecuidance jusqu�� affirmer qu�ils ont l�aval de l�ambassade am�ricaine � Alger pour cette activit� fort lucrative ! Chose qui semble d�nu�e de tout fondement voire illogique. Pour quelle raison l�ambassade des Etats-Unis se d�cr�dibiliserait- elle en s�associant � une escroquerie aussi mesquine ? Bien entendu, les citoyens n�y ont vu aucune anomalie. Leur seul souci est de prendre le large � la conqu�te du nouveau monde quitte � se faire arnaquer et d�lester de leur argent. Pour donner de l�authenticit� � leur entreprise v�nale, ces cybercaf�s d�livrent des re�us de paiement. C�est ce que nous dira ce jeune rencontr� fin novembre � la sortie d�un cybercaf� situ� � la rue Didouche Mourad et que nous avons accost� : �Je viens de m�inscrire � la loterie, nous dira-t-il. On m�a donn� un formulaire � remplir contre la modique somme de 300 DA. On m�a dit de revenir demain pour le re�u�. �Pourquoi tu payes alors que l�inscription est gratuite ?� demandons-nous �Ah bon ! Elle est gratuite ? Je ne savais pas. En tout cas, ce qui m�int�resse, c�est de faire partie de ceux qui vont se tailler de ce bled. Y en a que pour les gouvernants et leurs enfants. J�ai trente ans. Je n�ai pas de travail. Pas de logement. Si je reste ici, je suis s�r qu�� quarante ans, je serai toujours dans la m�me situation. Makane oualou ! Eux (les am�ricains), ils ont tout !�. C�est un sc�nario qui va se r�p�ter toute la journ�e � raison de 100 � 200 inscriptions par jour selon le g�rant d�un cybercaf� que nous avons interrog�. Ces op�rations vont durer jusqu�� 22 heures. Un simple calcul mental peut nous conforter sur l��norme profit engendr� par un tel bizness. Cela d�note �galement du d�sarroi des Alg�riens et notamment des jeunes qui n�ont en t�te qu�une seule id�e : s�exiler tr�s loin de leur pays. La distance ne semble nullement les effrayer bien que beaucoup pr�f�reraient traverser la M�diterran�e au lieu de l�oc�an Atlantique. L�Am�rique du Nord n�est certes pas la porte � c�t� mais c�est la seule ouverture pour le moment apr�s que l�Europe ait blind� ses portes sauf pour une minorit� tri�e sur le volet. Qu�estce qui pousse les Alg�riens � avoir cette obsession de partir ou doit-on dire de �fuir� ? Bien qu�aucun rapport gouvernemental ou �tude sociologique n�aient diss�qu� le ph�nom�ne, il reste que ce probl�me qui touche toutes les strates de la soci�t� et pas uniquement les pauvres comme on pourrait le croire, s�aggrave au fil des jours. Il trouve son explication dans le manque de d�bouch�s, l�injustice sociale, le climat de pessimisme ambiant, l�incertitude et la d�fiance vis-�-vis des dirigeants. La qu�te de l��migration reste n�anmoins on�reuse et peut souvent aboutir � des d�ceptions. Il suffit de surfer sur le net pour constater le nombre effarant de sites qui proposent des loteries de la �Green Card� (Carte verte). On prend le soin bien entendu de vous expliquer que l�inscription est gratuite mais que vous devez payer pour les services professionnels qu�ils vous rendent et pour l�expertise telles la v�rification des informations, la correction de donn�es incorrectes ou invalides, l�assistance multilingue et la soumission de bulletins. On vous promet m�me de vous d�livrer des billets gratuits et de vous aider � trouver un job une fois chez l�Oncle Sam. Un attrape-nigaud qui fait le bonheur de ses concepteurs car les sommes qu�on fera payer aux int�ress�s d�passent l�entendement. Quant aux bureaux de consulting qui traitent les dossiers d��migration au Canada, peuvent-ils parfois s�av�rer �tre un circuit d�escroqueries organis�es. On se souvient du scandale de trafic de visas rendu public au mois de juin dernier dont ont �t� victimes des centaines d�Alg�riens. On a r�v�l� que de tels circuits ne peuvent activer qu�avec la complicit� de certains repr�sentants diplomatiques. Pour ceux qui consultent les bureaux d�avocats, il faut s�assurer, que ce bureau appartient � un ordre professionnel de juristes canadiens d�une province ou d�un territoire, de la Soci�t� canadienne des consultants en immigration (SCCI) ou de la Chambre des notaires du Qu�bec. Le responsable au d�partement de la Citoyennet� et immigration (CIC) pr�cise qu��aucun autre repr�sentant ne peut imposer des frais pour une demande ou dans toute affaire, devant le ministre, l�agent ou devant la Commission de l�immigration et du statut de r�fugi�, que ce soit au Canada ou � l��tranger�. Le CIC affirme �galement que le fait d�engager un repr�sentant pour les questions d�immigration ne signifie aucunement que la demande recevra une attention sp�ciale. Par ailleurs, ce qu�il faut savoir c�est que la majorit� des conditions qui fonce t�te baiss�e pour s�inscrire au programme de visas d'immigration aux Etats-Unis ne sait pas que celui-ci n�est pas le seul fait du hasard. Il ob�it � un certain nombre de param�tres et tend � �tre plus cibl�. Cette ann�e, l��tau se resserre sur certaines professions. Ce serait peine perdue de croire que tout le monde peut d�crocher le s�same. Vingt-quatre activit�s professionnelles sont jug�es non qualifiantes (voir l�encadr�). Les ch�meurs et les dipl�m�s sans exp�rience sont �cart�s de la course. A signaler que les candidats initialement s�lectionn�s seront inform�s directement par le Kentucky Consular Center (KCC). Le fait d'�tre choisi ne garantit pas syst�matiquement l'obtention du visa. Pour ce faire, un postulant doit justifier d�un baccalaur�at et avoir deux ans d'exp�rience dans une profession qui ne figure pas dans la liste ci-dessous. Selon les responsables consulaires am�ricains, les professions qualifiantes exigent un haut degr� de management. La qualification pour le visa est d�termin�e au moment de l'entretien avec l'officier consulaire qui se r�f�re au site web du minist�re du Travail am�ricain pour d�terminer si les candidats sans bac sont qualifi�s selon leur exp�rience ou non. Le Canada, l'eldorado des intellectuels On d�nombre plus de 50 000 Alg�riens install�s au Canada, concentr�s principalement dans la r�gion de Montr�al. Ils sont pour la plupart un exemple de r�ussite sociale et professionnelle. Ce qui constitue un motif d��mulation pour des milliers de nationaux qui aspirent � �lire domicile dans ce grand pays connu pour son froid l�gendaire. Mais si les proc�dures pour l�immigration aux Etats-Unis sont souples, celles pour le Canada sont drastiques. Il faut une volont� de fer et une patience � toute �preuve car le traitement des dossiers est tr�s long et peut durer des ann�es, sans oublier que les postulants devront racler le fond de leur tiroir s�ils veulent devenir citoyens canadiens. Les frais qu�une telle d�marche requiert sont exorbitants. De quoi d�courager plus d�un ! N�anmoins, pour les plus coriaces, deux formules leur sont propos�es. Ils ont le choix entre une demande adress�e via internet au d�partement de la citoyennet� et immigration ou alors faire appel � un consultant qui prendra en charge leur dossier. Il est � signaler que toutes les demandes de r�sidence permanente et temporaire sont trait�es � Paris. Les requ�rants peuvent d�poser leurs demandes de r�sidence � l'ambassade du Canada � Alger. Cette derni�re encaisse les frais de visa estim�s � 490 dollars et transmet ensuite les demandes � l'ambassade du Canada � Paris. Cette situation a fait que ces deux derni�res ann�es, on a de plus en plus recours � des bureaux d�avocats dont le nombre est en hausse tant le filon est porteur. Nous nous sommes rendus dans l�un de ces bureaux, appel� �Centre canadien d�immigration� dirig� par M.Brahim Khelafi. On est lundi. Il est 12h 30 mn. Quelques personnes attendent devant la porte de ce bureau ferm� pour la pause d�jeuner. On profite de ce temps creux pour papoter sur le palier pour certains, tandis que d�autres, plus r�serv�s, sont adoss�s au mur. L�inqui�tude et l�impatience se lisent dans leurs yeux. Nous avons rendez-vous avec le directeur de cette soci�t� de consulting. Nous profitons de l�occasion pour discuter avec les personnes pr�sentes. Kahina est kabyle, d�un abord d�bonnaire, elle vient de Tizi-Ouzou. Actuellement �tudiante � l�institut des langues �trang�res de Bouzar�ah, elle a 22 ans et semble d�termin�e � prendre son avenir en main. Elle nous a fait part de son ambition de s�installer au Canada. �Je veux poursuivre mes �tudes dans ce pays. C�est un voisin qui m�a parl� de ce bureau. Je viens m�informer de ce qu�il faut pour �migrer�. D�finitivement ? A cette question, elle r�pond sans h�sitation �si j�y vais ce n�est pas pour revenir. Apr�s les �tudes, je chercherai un travail et je m�installerai l�-bas ! Je ferai venir mes parents, mes fr�res et s�urs, mes cousins. Tout le monde quoi ! (Rire)�. Idem pour Nadjib, qui a fait le chemin depuis S�tif pour prendre connaissance des formalit�s d�immigration au Canada. Il est dipl�m� en g�nie civil. �J�ai trente ans nous explique-t-il, je suis au ch�mage. J�ai fait quelques petits boulots par-ci par-l� mais rien de s�rieux. Je vais tenter ma chance ailleurs. Apr�s tout, ceux qui sont partis ont bien r�ussi � l��tranger. Il n� y a pas de raison que cela ne m�arrive pas�. C�est le m�me �tat d�esprit dont sont impr�gn�s ceux que nous avons interrog�s. M. Khelafi affirme que son cabinet est le plus ancien. Il nous a expliqu� qu� �ayant �t� moi-m�me �migr� au Canada, j�ai �t� confront� � d�innombrables emb�ches, j�ai d�cid� d�ouvrir ce bureau � Alger pour que les Alg�riens d�sireux d��migrer au Canada puissent les �viter�. Il r�v�le que si on veut r�ussir son �migration et surtout son int�gration, il faut �luder certains pi�ges comme le fait de pr�senter le m�me CV aux diff�rents employeurs. Il exhorte les requ�rants alg�riens de visas permanents qui ont des dipl�mes universitaires d�accepter de perdre leur statut. �S�ils sont ing�nieurs, dit-il, ils doivent se contenter d��tre techniciens. Les premi�res ann�es sont les plus difficiles avoue-t-il. Il ne faut pas croire que c�est une sin�cure. Ils devront compter sur leurs bras et sur leur savoir-faire s�ils veulent avoir leur place au soleil�. �Le Canada, ajoute-t-il exige pour les trois premiers mois une autonomie financi�re�. Il faut au moins avoir sur soi avant de fouler le sol canadien l��quivalent de 700 000 DA qu�il faut multiplier par deux ou trois si c�est un couple avec ou sans enfants. Le Canada utilise le syst�me de pointage. Plus on a de points, plus on a de chances d��tre retenu. Quant aux d�lais de traitement des demandes de visas permanents, elles peuvent s��taler jusqu�� trois ans. Enfin M. Khelafi conseille aux Alg�riens tent�s par l�aventure �d�apprendre l�anglais qui reste le plus grand handicap des Alg�riens qui croient que le Canada se limite au Qu�bec alors que les autres r�gions offrent plus de possibilit�s�. F. H. JENNIFER MC ALPINE, VICE-CONSUL A L'AMBASSADE DES �TATS-UNIS : "Nous n'avons mandat� ni les cybercaf�s, ni les sites non officiels" Le vice-consul pr�s l�ambassade des Etats- Unis, Mlle Jennifer Mc Alpine est formelle, l�entit� qu�elle repr�sente n�a pas donn� �l�autorisation aux g�rants des cybercaf�s d�inscrire les Alg�riens pour la DV loterie 2008. Nous n�avons mandat�, ni les cybercaf�s, ni les sites non officiels �. Elle affirme que depuis que �le programme des 50 000 visas a �t� lanc�, seul le d�partement de l��migration est habilit� � recueillir les inscriptions qui sont gratuites sur le site officiel des Etats-Unis. Nous avons effectivement eu vent de cette activit� des cybercaf�s mais nous ne la cautionnons pas. Notre but est de permettre � ceux qui veulent �migrer aux Etats- Unis de profiter de la loterie. C�est dans la pure tradition du r�ve am�ricain vu que notre pays a �t� construit par des �migrants. Nous cherchons � travers la DV loterie � cr�er une diversit� culturelle et sociale pour enrichir notre nation�. Elle ajoute que le visa est payant. Il co�te 755 dollars. Elle nous apprend que plusieurs pays ont �t� �cart�s de la course pour avoir b�n�ficier d�un nombre excessif de visas permanents. Ce qui augmente les chances de ceux qui sont retenus. Quant au billet d�avion, il est � la charge du postulant. Les heureux gagnants seront connus au mois de juillet de la prochaine ann�e. Elle assure que les demandes des Alg�riens sont en hausse et que ces derniers croient au r�ve am�ricain d�apr�s sa propre exp�rience. Elle r�v�le que les crit�res de s�lection consistent � disposer d�un baccalaur�at et deux ann�es d�exp�rience. Les lettres de recommandation sont souvent n�cessaires. Un dossier m�dical et un casier judiciaire sont �galement exig�s non sans ajouter que ceux qui pr�sentent des documents falsifi�s sont imm�diatement disqualifi�s �. Le prochain rendez-vous de DV loterie est donn� pour octobre 2008. F. H. L'�migration par les chiffres 6 millions de personnes � travers le monde ont particip� � la DV loterie en 2006. En Afrique, les citoyens de 50 pays ont pu s'inscrire � la loterie de Visas 2007. Le Nigeria, pays le plus peupl� d'Afrique, recense le plus de gagnants (9 800). Viennent ensuite l'Egypte avec 7 200, l'Ethiopie avec pr�s de 6 900. L�Alg�rie vient apr�s le Maroc avec 1 926. Il faut savoir qu�aucun pays ne peut recevoir annuellement plus de 7% des visas disponibles, soit 3 500 visas. Le Canada accueille en moyenne 220 778 immigrants et r�fugi�s par ann�e. Liste des professions exclues du programme d'immigration aux Etats-Unis Electricien - Plombier - Menuisier - Secr�taire - Courtier - Coiffeur - Esth�ticienne - M�canicien - Op�rateur de machine - Soudeur/Chaudronnier - Fermier/Travailleur agriculteur - Technicien - Infirmier - Ma�on - Commer�ant/Aide commer�ant/Vendeur/Caissier - Cuisinier/Boulanger/Serveur - Ouvrier - Chauffeur - Agent de s�curit� - Informaticien Assistant de classe - Styliste - Photographe - Sans profession.